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« le modèle allemand » N°516

Écrit par sur 10 février 2012

En déplacement professionnel à Clermont-Ferrand par ces temps froids, j’ai pu assister à cet événement présenté comme exceptionnel lundi soir, sur la télé de la chambre d’hôtel. Il s’agissait de l’interview du monstre à deux têtes Merkozy vantant « le modèle allemand » pour plus de compétitivité et moins de « coût du travail ». Tout un récit fantasmé.

Au cœur du « merkozysme », la question: comment faire converger les modèles germanique et français ? « Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans, nous appartenons à des partis amis. » Merkel a apporté un soutien politique de poids à Sarkozy pour la campagne. « Quand quelqu’un pour qui vous avez de l’amitié et que vous admirez dit ‘je soutiens l’action qui est la vôtre’, ça me fait plaisir », a dit Nicolas Sarkozy. Comme dirait notre ministre de l’intérieur, c’est à ce genre d’amitiés qu’on mesure la valeur d’une civilisation. 

Quel est donc ce beau pays modèle d’Outre-Rhin dont finalement ils ne parlent jamais? Eh bien, c’est un pays à 9 millions de pauvres. C’est le chiffre avancé par certains observateurs, d’autres comme l’hebdomadaire Marianne comptabilisent 12 millions de pauvres. Ce sont de nombreux travailleurs pauvres utilisés dans des petits boulots misérables sans cotisation sociale. 7 millions de « mini jobs » à moins de 400 euros par mois (un emploi sur dix), avec zéro cotisation pour le patron et une couverture sociale minimale pour le salarié. Ce qui va engendrer une situation jugée insurmontable car ces pauvres une fois âgés n’auront pas de couverture sociale du tout.

Dix-huit millions d’Allemands sur quatre-vingt ne touchent pas plus de 600 euros par mois. Dans ce pays, il n’y a pas de Smic, pas de revenu minimum garanti, ça n’existe pas. Si le salaire minimum en France, c’est une misère à 7, 23 euros net de l’heure, en Allemagne, il n’existe pas de minimum légal. Un million de personnes gagnent moins de 5 euros brut de l’heure, 2, 4 millions entre 5 et 7, 50, 7 millions moins de 8 euros.

D’où la généralisation des petits boulots, ce qui veut dire la précarisation généralisée. Faire quelques heures ici, quelques autres là. Bien sûr les victimes de ce système sont surtout les femmes.

La durée de vie moyenne des gens âgés pauvres est tombée de 77,5 ans à 75 ans. Le système de santé est à deux vitesses: hôpitaux privés avec toutes les prestations de qualité pour ceux qui peuvent payer, les hôpitaux publics pour ceux avec peu de moyens. Ces derniers ne pourront jamais être opérés ni suivis par un chirurgien chef, un professeur renommé.

Sur le plan social, l’Etat n’intervient jamais pour garantir les accords salariaux. Il y a des négociations annuelles par branches et par régions, donc avec de fortes disparités. Patronat et représentants syndicaux dociles et intégrés au management, négocient dans le « consensus ». Beau temps pour les « licencieurs »! Voilà par conséquent ce à quoi l’on assiste aujourd’hui en Allemagne: des jobs à un euro de l’heure!

Le taux de chômage? Evidemment les travailleurs pauvres ne sont pas comptabilisés en tant que demandeurs d’emploi. Ce qui signifie que le taux de chômage allemand que l’on présente ici en France comme un modèle n’est en rien comparable au nôtre: 10 % en France, moins de 6 % en Allemagne.

Si l’Allemagne s’en sort mieux industriellement c’est moins grâce à leur mentalité qu’à la délocalisation d’une partie de leur production notamment dans les pays de l’est à faible cout salarial (Ukraine, Bulgarie, Roumanie,etc.) Quant au taux de natalité Outre-Rhin il est l’un des plus faibles de la zone euro.

Le « modèle allemand » ? Un leurre lancé par 
le monstre à deux têtes Merkozy.

D.D


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