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« Les sexes sont un objet de philosophie ». N°625

Écrit par sur 2 avril 2014

A l’heure qu’il est du remaniement et du protocole, je ne commenterai rien de tout ce foin. J’envoie cette page, tiens! pour éclairer le ministère de l’égalité des sexes. Cherchez pas. Donc voici ci-après une nouvelle leçon de philosophie politique signée cette fois Geneviève Fraisse. Qui fut elle-même membre d’un gouvernement (déléguée interministérielle aux droits des femmes) et députée au parlement européen. D’ailleurs à l’écouter on en apprend beaucoup sur la prise en compte ou pas de l’égalité politique entre les sexes au sein du monde politique.

« Les sexes sont un objet de philosophie.

« Je me suis beaucoup engagée comme auteur pour légitimer philosophiquement l’objet différence de sexes, d’abord en philosophie politique et aussi grâce à la philosophie politique. La démocratie et le débat sur l’égalité sont le lieu matriciel d’une construction conceptuelle possible à l’opposé alors des arguments habituels. Pour les uns, cette égalité politique entre les sexes est déjà acquise, mais c’est au mépris des chiffres de la réalité. Pour les autres, récusant l’utilité d’une rigoureuse problématique, il suffirait d’agir pour corriger l’inégalité. Mais croire que quelques actions politiques, bien ciblées, « règleraient » le problème est une autre erreur. Mon travail va au rebours de ces deux réflexes trop fréquents. Construire l’objet, c’est trouver les problèmes. J’interroge notamment le fait que la démocratie soit née, particulièrement en France avec la Révolution, en excluant les femmes. J’ai consacré à cette affaire plusieurs de mes livres. Autre exemple : jusqu’à Rousseau, on acceptait l’idée que la famille, comme la cité, était un lieu de gouvernement. Puis Rousseau opère la coupure entre les deux, et le concept de gouvernement domestique disparaît de la philosophie politique. Repenser la famille comme un lieu de décision et de pouvoir est nécessaire, et cela implique une nouvelle élaboration du concept de gouvernement, tâche à venir de la philosophie politique. C’est ainsi à partir de la philosophie politique contemporaine qu’il est possible de penser, dans l’ensemble de la philosophie, l’objet problématique de la différence des sexes. »

Geneviève Fraisse –Le Magazine littéraire-Octobre 1999- n°380

Hum! J’ouvre la parenthèse. Sans vouloir gâcher l’idée.

Tenez ! Puisque j’avais eu comme impression que ce sur quoi nous avions à prendre position portait sur la vie municipale (voir Chronique précédente), que l’on me permette ce poil de désenchantement… local.

Portant sur la présentation de la liste vers laquelle ma voix aurait dû naturellement aller. Bon, entendons-nous : cette liste ne valait rien. Pas de programme, rien. Pas de réunions-débats préalables dans les quartiers. Rien. Gommant toute couleur politique, toute conviction, tout parti pris. Expression d’une quelconque opposition ou d’un début de conflit, néant. Quant à se reconnaître inspirée par l’idée fondamentale que la paix sociale ne peut exister que dans la justice, et que cette justice passe essentiellement par la condition d’égalité entre les citoyens, n’en parlons pas. Bref, le conformisme généralisé.

Mais ce qui m’a choqué le plus dans cette liste, est un détail pas anodin. Celui d’avoir osé pousser le déni jusqu’à ne pas faire figurer les mandats d’élue locale de l’une de ses candidates. Qui est conseillère générale de plein exercice depuis 1998 et suppléante du député de la circonscription ! Ni par le rappel qu’elle exerça un temps la fonction de maire dans ce chef-lieu de canton. Pas moins. Elle fut ainsi présentée en douzième position sur cette liste insignifiante en qualité de simple retraitée ! Comme échouée là, par obsolescence « morale ».

Car, et d’un, c’est pour le moins faire preuve de grande désinvolture à l’égard de ses électeurs et des engagements pris vis-à-vis de ceux-ci. Qui pourraient y voir une rente de situation. Et de deux, quel homme politique local de même acabit aurait accepté d’être balayé d’un revers de la main ainsi en étant réduit à si peu ? Notons, évidemment, que la tête de liste était un homme. Craignait-il de perdre le contrôle de la situation ? Ils « ne céderont en rien sur le pouvoir politique qui est fondamentalement, faut-il le rappeler, un pouvoir symbolique. » (Geneviève Fraisse).

Tenez ! A l’oubli et à la disparition, j’oppose la mémoire et le projet.

Considérant que j’ai eu à prendre ma part dans une expérience municipale qui fut à l’époque particulièrement tendue et à enjeux (sociaux, environnementaux, culturels et économiques). Et marquée d’abord par le fait que pour la première fois de l’histoire de cette commune une femme avait été élue maire. A notre grande satisfaction. Conscients d’avoir fait avancer la cause des femmes en politique. L’une des rares du département d’Ille-et-Vilaine au milieu des années 90. Oui, c’était elle.

J’avais donc eu l’honneur de l’accompagner -ce fut d’ailleurs ma motivation première quand on me sollicita pour participer à la vie municipale- dans un rééquilibrage du pouvoir entre les sexes, visant la fin de « l’aristocratie masculine » dans la politique locale.

C’est pourquoi cette présentation tronquée sur la feuille électorale m’a laissé incrédule. Face à une forme assez prononcée de capitulation ou de reniement public. De ce qui avait été gagné collectivement. Mais qui n’a finalement jamais été définitivement acquis. L’archaïque a décidément le vent en poupe. Quand le futur se désagrège. J’avoue donc avoir été l’un des abstentionnistes du premier tour. Non par désintérêt. Bien au contraire. Par non-indifférence à la perte de sens.

Ainsi ces résultats ne m’ont pas étonné : score stalinien pour la droite sortante à bout de souffle : 72.46% ! Insolite! « L’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant. « (René Char).

D.D


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