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Propagandes. N°626

Écrit par sur 9 avril 2014

Dès l’annonce de notre nouveau 1er ministre de s’en aller dézinguer régions et conseils départementaux, d’autres s’empressent de voir dans le discours de politique générale prononcé par Manuel Valls, la validation d’une création d’Assemblée de Bretagne, fusionnant l’actuel conseil régional et les conseils départementaux bretons. Le retour au terroir serait-il dû à une envie si pressante ?

Dans un livre paru en janvier Les Propagandes nécessaires (Le Cherche-midi), Jean de Legge, ancien directeur général de la communication de Rennes et de Rennes Métropole, aujourd’hui à la retraite, fustige les dérives du marketing territorial. Et particulièrement à la création en juin 2013 du nouveau qualificatif plaqué par le conseil général d’Ille-et-Vilaine sur les résidents de ce département: les « Bretilliens ».

De Legge déplore une « instrumentalisation de la demande identitaire ». Il pointe du doigt un comité « recruté ad hominem sur des critères idéologiques » par le publicitaire mandaté. Douze experts (dont un joueur de foot, un cuisinier et une navigatrice) furent chargés de retenir les noms à soumettre aux élus. « Personne ne s’est moqué du titre d’expert et d’expert en quoi, personne n’a trouvé utile de remarquer la contradiction entre le principe même d’un comité d’experts et le concept de représentativité de la population, personne n’a remis en cause le fait que douze personnes ne peuvent être représentatives d’une population d’un territoire » écrit Jean de Legge.

Qui n’y va pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer la nouvelle posture de « chef de famille » adoptée par Jean Louis Tourenne, président du CG: « Cette mue ravive des souvenirs, celui du chef de famille en son fief, du suzerain sur ses terres ou encore du chef totémique, protecteur de la tribu et porteur de la manne des ancêtres. » Que faire d’autre? « A quand un hymne départemental ? »

De Legge, piquant, s’en prend également à la marque Bretagne. Adoptée en 2011 par la région. D’une forme « assez frustre ». « L’évolution récente des filières bretonnes devrait rappeler que l’expulsion des contradictions sociales dans les congratulations identitaires ne tient pas lieu de stratégie économique. Il serait bon que les élus attendent moins de bénéfices politiques des légendes régionales ». Voici une bonne occasion pour moi de renvoyer à cette Chronique ancienne qui évoque la « Marque Bretagne ». Rappelons que celle-ci met en avant des bandes noires et blanches et rappelle ainsi explicitement le sinistre drapeau de la collaboration bretonne. Un rien mité.

Merci à Jean de Legge. Pour son jugement éclairé. Tant qu’il est encore temps. On se doutait bien de quelque chose. Qui révèle ainsi mine de rien ce glissement dans la fabrication de l’imaginaire collectif vers cette sombre idéologie du « terroir », du « patrimoine », de la « tradition » de l’« identité »… Celle consternante des gens qui sont de tel endroit. Et par association d’idées, on songe immédiatement à des synonymes tels « appartenance », « enracinement », « authenticité », « rapport à la nature », « valeurs », « tradition », « retour aux sources »… Soit tout le vocabulaire du renfermement sur soi, de la haine de l’autre, du particularisme, de la manipulation des affects et des consciences. Vous voyez le mouvement.

D.D

 


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