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Cabanes. N°641

Écrit par sur 23 juillet 2014

« Il va de soi que la prolifération des structures éditoriales autonomes, la multiplication des modes d’intervention publique, la culture de réseaux (en place du fonctionnement groupé), l’appropriation de tous les outils de la communication contemporaine, leur usage direct ou décalé, détourné, etc., tout cela participe d’une réponse politique à la pression du contexte. Nous construisons nos propres cabanes. Et les chemins qui les relient. »

Je reprends ci-dessus l’extrait d’un livre « Toi aussi, tu as des armes » poésie & politique » (Editions La Fabrique) retenu par Françoise dans son site Lieux-dits. Car cet extrait m’enchante.

Mais souvent, bien que très utiles sur le moment, ce sont des initiatives éphémères quand la pression cesse. Quand d’autres, plus rares, pression ou pas, tiennent le coup. J’en témoigne. En durant, la cabane éditoriale du départ évolue. Parfois la cabane se colore, parfois se patine. Avec le temps… l’important c’est qu’elle soit toujours un point de départ, une cabane. Pas une grosse bâtisse entourée d’une haute clôture et de caméras de surveillance.

Cette simple évocation de construction de cabanes toutes simples, évolutives, fragiles et solides à la fois, à même de favoriser la floraison d’une subjectivité critique et inventive (représentations, amitiés, questions de la société), m’amène au concept « radicant ». Radicant comme le conçoivent certains créateurs de lieux de vie nouveaux (Ré-enchanter le monde . Architecture, ville, transitions). En utilisant et améliorant l’existant (matériaux et savoir-faire).

Pour ces pionniers et précurseurs qui se confrontent aux enjeux du XXIème siècle (la fin du cycle « pétrole et gaz »), être architecte consiste à produire des objets en étant concerné par l’état réel du monde habité : sur-consommation des ressources, misère de l’habitat populaire, violence d’une urbanisation mondiale livrée aux seules forces du marché.

J’adopterai volontiers leur langage au sens où ils parlent de morphologie « radicante » (idée force de leur manifeste pour « ré-enchanter le monde »). Qui « se développe dans les espaces de vie comme le lierre fixe rationnellement ses racines là où il trouve emprise et nourriture. Ou, pour être plus précis, qui accroche de nombreuses racines, dont certaines assureront la vitalité de l’organisme si d’autres viennent à manquer d’accroche ou de nourriture. »

Où radicant désigne une plante qui, tel ce lierre, croît en accrochant des racines aériennes. Suffit de regarder le lierre pousser. « Les plantes radicantes sont morphologiquement inachevées. Elles sont extrêmement robustes, auto-régénératives et habituées à partager et décider collectivement, d’une manière complémentaire plutôt qu’autoritaire. Ne fixant leurs racines que là où elles ont besoin d’accroche et de nourriture, elles s’adaptent à toute structure, forme ou surface. Incorporant la porosité et donc l’indétermination du terrain, elles fonctionnent à l’image de « systèmes ouverts » démocratiques. »

Alors être radicant c’est quoi ? ça signifie « mettre ses racines en mouvement, les placer dans des contextes et formats hétérogènes, traduire des idées, transcoder des images, transplanter des comportements, échanger plutôt qu’imposer. »

Sur ce modèle ré-investi par ces architectes des villes, imaginons alors faire tenir cette cabane éditoriale ainsi. En tant qu’autre façon lente et frêle d’envisager d’habiter le monde, porteuse pas seulement d’une résistance au cours des choses, mais, d’une rupture anticipante (« en accrochant des racines aériennes »).

Imaginons-en une multitude. Une multitude, un vaste mouvement éditorial de cabanes en tout genre, de lieux de vie éditoriale qui raconte un univers et un engagement, un éthos (notre manière d’être au monde). Qui serait donc une alternative poétique et éthique (une « poéthique » c’est-à-dire de la connexion qui disjoint et rapproche poésie et politique) capable de réinventer l’être au monde. Pas moins. Hum ! Ambitieux. Donc une alternative éditoriale qui soit au niveau du développement du capitalisme actuel. Quoiqu’elle peut peu, la poésie, très peu (Christian Prigent).

D.D


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