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Allaitement? N°414.

Écrit par sur 17 février 2010

Allez ! Je vais vous faire partager une conversation familiale intergénérationnelle récente. Celle-ci porta sur la question pas démodée, pas d’arrière-garde du tout de l’allaitement. Du moins à partir de celle consécutive à l’éclat provoqué ces derniers jours par le livre d’Elizabeth Badinter Le Conflit, la femme et la mère .

La philosophe et psychanalyste Élisabeth Badinter, qui pense qu’on doit beaucoup à l’environnement culturel qui nous entoure, on ne naît pas femme ou homme, on le devient, estime dans ce livre que le courant de pensée féministe est aujourd’hui menacé de régressions qui remettent en question ses acquis historiques.

Elle pointe du doigt la dérive « sécuritaire » portée entre autres par l’influence écologiste quand elle prend la forme culpabilisante du « retour à la nature » et à « l’identité féminine » qui se basent sur le comportement animal. Et prévient, déjà la régression va bon train: « De l’OMS au ministère de la Santé, en passant par les pédiatres et les sages-femmes, on assigne le devoir d’allaiter. Toutes le doivent, le peuvent : c’est un commandement de la nature. (…) Désolée, mais il y a celles qui aiment à se retrouver à l’état de mammifère et celles qui détestent. (…) Nous ne sommes pas des animaux (…) soumis à un modèle exclusif. »

A la maison ni les unes ni les autres n’avaient lu ce livre, par conséquent nous ne pouvions pas nous aventurer plus avant sur les propos de la philosophe. Voir cet interview du Monde. Par contre, pas la peine d’attendre de l’avoir lu pour d’emblée faire un effort de mémoire. Faire le bilan de trente ans comme énoncer le lot d’observations quotidiennes de la vie face aux tâches ménagères suffisent amplement à nourrir la conversation, quelque soit l’âge quelque soit la maison, sur ce point la parole reste vive .

Ainsi à l’expérience, tenter de lister seulement ce qui a changé « officiellement » depuis les années 1970 n’est pas une mince affaire. L’augmentation massive des femmes sur les lieux de travail d’où l’accroissement de leur pouvoir, l’acquisition du droit à la contraception, la possibilité d’être mère quand elles le veulent, la condamnation sociale des harcèlements sexuels ou moraux, la tentative d’imposer la parité dans la vie politique, l’indépendance vis à vis du conjoint, etc…Pour autant, après ces avancées au constat subsistent beaucoup de blocages.

Et prétendre que rien n’a changé et que la situation de la femme est aujourd’hui pire qu’elle ne l’était hier est une position qui n’est pas d’arrière garde. La différence homme/femme continue d’être pensée en termes d’inégalité dans les tâches domestiques et familiales. La survivance de pratiques barbares, viol, violences conjugales, harcèlement sexuel, bien que condamnables, sont en augmentation, et 37 % des Françaises se plaignent désormais de  » pressions psychologiques « , les pubs sexistes dégradantes se sont banalisées, etc…

Quant à l’épanouissement de la femme sur son lieu de travail, ne soyons pas dupes : les capitalistes qui sont avant tout pragmatiques n’ont-ils pas saisi subtilement comment profiter pleinement de cette arrivée d’un bassin de main d’oeuvre bon marché ? D’autant qu’ils ont joué gagnant sur les trois tableaux : d’une part, sur le terrain de la précarisation (80% du travail précaire) et des horaires pourris; d’autre part, sur celui de la consommation car de retour chez elle c’est courses, cuisine, vaisselle, lessive et repassage qui attend la femme omni-tâche; et enfin, la percée de ces cadres-managers hyper-women omni-présentes qui comme Rachida se sont mises effrontément à leur service!

En s’attaquant au discours « naturaliste » qui s’installe, Élisabeth Badinter (première actionnaire de Publicis et présidente du conseil de surveillance de ce quatrième groupe mondial de communication!) pose la question qui braque: quel modèle féminin veut-on imposer ? A l’heure où s’installe ce discours qui flatte l’utilisation des couches lavables car moins polluantes que les couches-culottes jetables, sans remarquer que ce sont encore les mères très majoritairement qui décrotteront les couches lavables avant de les glisser dans la machine, la philosophe a manifestement touché un point sensible.

D’autant qu’avec la crise économique il est à craindre que les femmes soient amenées à rentrer au bercail. Alors en remontant au créneau en faveur de la reconnaissance du caractère émancipateur du travail féminin, sans oublier de socialiser le système de crèches, car sans illusion quant au beau discours sur la parité, E. Badinter pointe en premier lieu la question des moyens matériels. Et cite en exemple : « Les couches jetables ont libéré les mères. » Et toutes proportions gardées les pères aussi, je m’en souviens encore ayant eu à partager contraintes et plaisirs de la parentalité!

Lire encore cette réponse d’une chercheuse américaine, ainsi que ce débat. Intéressant.

D.D

Chronique.

« de cette arrivée d’un bassin de main d’oeuvre»…ce mot de « bassin » quand on parle d’enfantement m’enchante !

Bon, bon, oui, t’as pas fait exprès. Justement…

Identifier le conflit entre la théorie et la pratique, traduire le discours politique, démasquer ce que le « capitalisme total libéral » tente à dissimuler en particulier le rapport entre son idéologie et sa pratique…oui bien sûr, c’est ce que fait I. Badinter. « Résister », ça s’appelle.

Travail, famille, patrie…ça nous dit quelque chose !

Alors, oui les femmes… « La pression sur elles n’a jamais été aussi forte et culpabilisante », mais dépasse l’allaitement et les couches jetables…il y a l’enfant qui ne doit plus manger que des petites purées faites maison, il y a les écoles maternelles qui ne prennent plus les enfants qu’à partir de trois ans, qu’A CONDITION que l’enfant soit PROPRE…T’as pas réussi à ce que ton gosse aille avec joie sur son pot ? non seulement t’es minable mais tu te le gardes chez toi ET tu vas voir un psy! :

– En 2006-2007, 23,4% des enfants de deux ans étaient scolarisés en France (182 021 élèves), selon les chiffres du ministère, contre 35,3% en 2000-2001…

– Sur le plan éducatif : un rapport du Haut conseil de l’éducation, publié vers 2007, met en cause l’école maternelle dans l’échec scolaire à l’école primaire

– Sur le plan économique, le 3 juillet 2008, le ministre de l’Education, Xavier Darcos a déclaré devant la Commission des finances du Sénat concernant la préscolarisation des enfants de moins de trois ans : « Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l’État, que nous fassions passer des concours à bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? Je me pose la question, ces personnes ayant la même compétence par exemple que si elles étaient institutrices en CM2 »

– Ce qui a entraîné un débat, relayé par la publication d’au moins un ouvrage, sur l’éventuelle suppression de l’école maternelle : Julien Dazay, Il faut fermer les écoles maternelles. Le plaidoyer d’un inspecteur de l’Éducation nationale, mars 2008 []

Les « méthodes » pour que les mamans apprennent elles-mêmes à lire à leur loupiot….avec un p’tit ordi portable, bien sûr, et de préférence, bleu pour les garçons, ou rose pour les filles…Après le lait, la bouillie, la merde…la lecture, l’écriture…on fait tout soi-même, on devient le casto intégral…

Femmes go home, jusqu’aux six ans des rejetons !

Tiens Casto, Castoriadis justement écrivait en1994 ; « A la question : pensez-vous que, suivant les vœux de Mme Badinter, on permettra un jour aux hommes d’être enceints, d’assumer une grossesse… »…il s’insurgeait contre ces vœux-là…Faut pas x’agérer non plus !

Quant à moi, je me sens femme ET homme ET singe. C’est grave docteur ?

Françoise.

18/02/2010 10:41


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