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Bus. N°422.

Écrit par sur 15 avril 2010

Visible à la télé, la récente campagne de publicité de Veolia sur fond de villes vues du ciel qui s’affiche comme acteur de la ville – durable, cela va de soi m’indispose. Voir ici et là.

« ..c’est banal d’avoir de l’eau au robinet, ..c’est banal de prendre le bus, etc…» mais pour ça c’est heureux que Veolia soit là pour vous. Allez vaquer à vos occupations futiles braves « homo-urbanus », à Veolia on se charge de tout. Et avec ces vues du ciel c’est quasiment à une loi divine que cette pub se réfère. Qui agit, qui produit, qui crée ? Veolia ! Que sont ces flux ? Des hommes dans leur société et rien d’autre.

Alors après les élections régionales de ce dimanche d’assouvissement anti-sarkozy, je vous invite donc à un retour dans la sphère publique. Décryptons les mutations en cours au sein des espaces urbains, divers et variés. Posons-en les termes. Pour une entreprise, se définir comme un acteur des villes, c’est d’abord une stratégie commerciale qui prend acte du fait que, sous l’effet de l’urbanisation et de l’affaiblissement du niveau national, les autorités publiques locales sont devenues, un peu partout dans le monde, des entités politiques et économiques puissantes et autonomes.

Ou du moins, puissantes et autonomes le prétendent-elles compte tenu que ça renvoie à des actes politiques, au sens fort du terme. Puis à des capacités financières. Or, sous l’effet conjugué d’une diminution de leurs moyens financiers et techniques, et de politiques publiques favorables aux partenariats public-privé, ces autorités municipales, départementales ou régionales ont de plus en plus recours à des partenaires privés qu’elles choisiront d’autant plus volontiers qu’ils leur proposeront des solutions clefs-en-main.

Pourquoi clefs-en-main ? Voyons un peu. Bon, question crise économique nous en sommes au début. D’où très rapidement des coupes sombres seront nécessaires. Déjà se sentent-elles. C’est un début. D’où le recours à des solutions de facilité, qui ne seront qu’une forme de captivité. Allez ! Employons le terme qui convient : d’assujetissement complet! Considérant le fait que si on se laisse mener ainsi les doigts dans le nez on appartiendra à un groupe quelconque qui gère déjà les humains comme les déchets ou les eaux potables et usées. Nous sommes des flux! et rien d’autre.

Que la conversion des entreprises à la ville durable ne soit qu’un enjeu de business, ça coule de source. L’évidence.; Mais qu’une seconde strate de signification fasse apparaître ce qui engage hautement notre citoyenneté, c’est indéniable: quid de notre autonomie dans tout ça ? Car après les réseaux et équipements divers, pourquoi pas les écoles ? Et bientôt nos places en centre Alzheimer, Parkinson, etc…Comment s’arrêtera le processus de désaisissement de ce qui nous regarde ?

Car, en se construisant comme acteur de la ville durable (propagande), les entreprises -parce qu’il n’y a pas que Veolia, tous les grands groupes ciblent ce secteur- ces entreprises donc désignent les villes (au sens institutionnel) comme l’une de leurs principales parties-prenantes, et, réciproquement, elles se revendiquent elles-mêmes comme parties-prenantes des villes. Elles comptent ni plus ni moins jeter ainsi les bases qui permettront d’inventer les nouveaux modèles économiques de la ville durable, qui seraient selon elles une condition de sa faisabilité au moins aussi nécessaire que les appels à la vertu du « développement durable ». D’ailleurs, pour les appels à la vertu voyez vos politiques!

Se coltiner aux flux, à leur faisabilité, eh bien c’est un enjeu citoyen. Car ça porte la question cruciale de la norme sociale, la loi qu’on nous impose insidieusement. Car qui de nos jours la détermine vraiment sinon ces « opérateurs » générateurs de fortune pour riches personnages? La vie aurait-elle encore un sens si l’on suit la campagne de publicité de Veolia ?

Alors quand une esquisse possible d’autonomie des collectivités par rapport à ce nouveau capitalisme-là, se signale saluons-la. C’est pourquoi nous reconnaissons ici la décision du Conseil Général d’Ille et Vilaine qui vient de décider la création d’une régie autonome des transports (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial) en se dotant de ses propres bus pour ne pas être poings et mains liés à Veolia, actuel prestataire de service. Au motif que quand une entreprise est en situation de monopole il revient à la collectivité de réguler les prix du marché. Voilà, cet acte politique mérite d’être reconnu. Et soutenu.

D.D


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