En ce moment

Titre

Artiste

 Titre diffusé : 

 Titre diffusé : 

Background

Contributions légères à l’air du temps. N°656

Écrit par sur 5 novembre 2014

La première. Un constat simple et direct. Pertinent.

Qui vaut pour toute autre région. Il s’agit d’un témoignage d’un fonctionnaire soumis à l’obligation de réserve. Très instructif. Le voici.

La seconde. Un livre « sur Epicure ».

Dans ce dernier ouvrage (éditions Les Belles Lettres) Marcel Conche, son spécialiste incontournable, s’en prend « aux « insensés « dont l’œuvre est la société du toujours plus ». Mais il s’en prend d’une certaine manière. La sienne. Qui consiste à déployer toute la pensée d’Epicure. Et cela comme proposition de solution alternative à ce monde du toujours plus.

Pour les lecteurs qui ne connaîtraient pas bien le qualificatif « épicurien », cette précision : rien à voir avec la gastronomie qui ne peut tenir lieu de philosophie, mais adhésion aux principes d’Epicure : le bonheur est volonté. Celle de se régaler de joies tempérées, de sérénité, de sobriété.

Quant à l' »insensé », « au sens d’Epicure, ne s’est dépourvu ni de raison, ni de bon sens, mais il n’use pas de sa raison pour mettre un frein à ses désirs ». Puisqu’il ne songe qu’à « avoir plus de plaisirs, de richesses, de pouvoir ou d’honneurs ».

Voilà bien la subtilité éducative du grand philosophe athée, disciple de Montaigne et d’Epicure : montrer en détail qu’un autre mode de vie est possible. Tel celui que pratiquaient les sages des communautés épicuriennes. Qui se régissaient selon le principe du « droit naturel ». Et non pas du « droit positif » qui est celui des « insensés » (traduire: le droit de ceux qui en veulent toujours plus).

S’il y avait à classer de nos jours Conche politiquement -il vit dans son village natal de Corrèze, à Altillac dans le Limousin-, la place de cet épicurien des temps modernes serait sans doute du côté des décroissants. Du moins, indéniablement du côté de la simplicité de vie. L’essentiel, pour lui, tenant aux choses les plus humbles. Comme l’a enseigné la pensée d’Epicure qui a fait école dans tout le monde antique.

Mais Conche, 92 ans cette année, y développe et propose la sienne qui découle de l’étude de la nature. Puisque nous en sommes des éléments. Il s’agit d’un naturalisme tragique. Alternant souvenirs d’enfance, chronique de la vie paysanne du début du xxe siècle et explication des maximes épicuriennes: la voie du bonheur passe par la réalisation des désirs naturels et nécessaires (se nourrir, s’abriter, philosopher), et le dédain des désirs vains (l’argent, la gloire, la gourmandise, la passion amoureuse…).

Parmi ses souvenirs d’enfance, cette anecdote lourde de sens. Ayant quitté les «buissons corréziens », durant sa scolarité «je me suis trouvé à côté de Jean d’Ormesson… J’avais les mains brunies par le brou de noix parce que j’avais ramassé de ces fruits en Corrèze quelques jours plus tôt. Jean d’Ormesson, lui, était bruni parce qu’il revenait des sports d’hiver. Là j’ai vraiment pris conscience de la différence des classes. Mais je ne ressentais aucune forme de jalousie».

En nous disant ici quel chemin emprunter pour trouver la tranquillité de l’âme (« la paix intérieure », objectif épicurien face à l’angoisse), Marcel Conche tente d’établir un pont avec précision –ce que lui seul peut faire- entre ce qui fut pratiqué selon cette pensée de sagesse qui selon lui peut être ré-activée, et celles et ceux qui refusent la société des « insensés » du toujours plus.

Propre à semer la panique sur tel ou tel plateau de télé bouffe-cerveaux au verbiage creux de commentateurs auto-satisfaits donc déjà à moitié morts dans leur tête, l’épilogue de l’ouvrage.

Extrait : « Cela a un sens, de dire que l’on peut « être épicurien  aujourd’hui », car l’on peut vivre aujourd’hui selon les principes d’Epicure : absence de crainte des dieux, absence de crainte de la mort, absence d’intérêt pour les valeurs de la société du toujours plus, goût pour une manière de vivre naturelle (cf la « sobriété heureuse » de Pierre Rabhi), amour de la philosophie, goût de l’amitié. Dès lors, en effet, que le monde humain n’est pas un vrai monde (cosmos=ordre) donateur de sens où l’individu trouve sa place sans problème, mais un pseudo-monde (où la déraison inhérente au capitalisme sécrète continuellement de l’inhumain) qui rejette l’individu comme de trop (cf le chômage), l’individu, rejetant la société qui le rejette, se trouve ramené à lui-même et se fait lui-même son monde –un monde où il y a du sens à vivre et où il se trouve heureux. »

Et de conclure… « Ainsi la pensée d’Epicure nous ouvre des horizons sur une « autre société ».

La troisième. Le texte d’Edgar Morin publié ce jour.

Que voici.

Trois contributions légères à l’air du temps, donc. J’y souscris. Mais qui décide du sens du vent ? Faut-il retenir sa respiration ? Qu’est ce qui donne des ailes ?

D.D


Les opinions du lecteur

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.