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« Jamais plus ». N°794

Écrit par sur 5 juillet 2017

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La loi Veil a quarante ans deux ans. Depuis lors l’avortement est légal malgré des oppositions farouches qui perdurent à l’extrême droite. Cette loi mettait fin aux avortements clandestins dangereux pour les femmes qui ont entraîné des morts et des mutilations.

Rappel : des tringles de rideaux et aiguilles à tricoter à la loi sur l’IVG. En France, jusqu’à la promulgation de la loi Veil sur l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en janvier 1975, avorter était un crime lourdement pénalisé. Les médecins et sages-femmes qui le pratiquaient risquaient d’être radiés par le Conseil de l’ordre et donc interdits d’exercice. Les femmes qui n’avaient pas l’argent nécessaire pour aller à l’étranger, avortaient clandestinement. Les interventions pratiquées dans de mauvaises conditions tournaient parfois au drame, provoquant infections, septicémies, hémorragies ou embolies pouvant être mortelles. Les avortées n’avaient aucun recours puisqu’en se faisant connaître, elles risquaient la prison. C’était un acte solitaire vécu dans la détresse et la culpabilité. Les femmes étaient sous la coupe d’une société rétrograde qui, d’un côté condamnait l’avortement comme un crime et de l’autre traitait ses “filles-mères” et leurs “bâtards” comme des parias.

Des milliers de femmes furent ainsi sacrifiées sur l’autel de l’hypocrisie religieuse et machiste. C’en était trop. Et la revendication féministe de mai 68 était passée par là. La société avait changé. Du coup, pour la philosophe Geneviève Fraisse, Simone Veil a su dire qu’avorter n’est pas tuer. « Ont-ils osé, ceux qui se nomment « les survivants », militants extrêmes contre l’avortement, ont-ils osé adresser à Simone Veil leur argument, celui qui compare l’avortement à un génocide, voire à l’Holocauste ? C’est bien possible, et ce ne serait pas la moindre des violences adressées à cette femme. Qu’ils se disent « survivants » me semble impensable, car ils supposent ainsi que leur vie a résisté à la mort programmée par cette époque, époque qui a enfin offert aux femmes un habeas corpus, une propriété de soi et de sa fécondité.

« Car avorter n’est pas donner la mort. Et vivre, c’est avoir un nom propre qui nous désigne comme singularité, par delà toute mort à venir. Simone Veil a profondément délié la vie de la mort, et la mort de la vie. Au regard de son histoire, survivante et femme de loi, c’est comme un seul geste, unique et magistral. Avorter, ce n’est pas tuer, c’est accepter d’être libre. Et en faire un droit, c’est inscrire dans l’histoire humaine l’extraordinaire tension entre le désir des corps qui s’unissent et le choix de chaque conscience. » (Libération -1er juillet).

400x260-ctCertes Simone Veil a bien su dire les choses pour porter cette loi pour la légalisation de l’avortement mais elle n’était pas seule. Sans luttes et sans combats, aucune victoire – lire ici « En France, du « crime contre l’Etat » à la loi Veil ».

Rappel encore : “Un enfant si je veux, quand je veux !” fut l’un des slogans de la lutte des femmes. Car c’en était trop des douleurs causées par les aiguilles à tricoter qui perforent l’utérus et fait couler le sang. Ou encore des baleines de parapluies, des pointes bic, des épis de blé, des brosses a dents… Quand d’autres ingurgitaient toutes sortes de produits toxiques, comme l’apiol, le chlorate de potassium, le détergent, l’eau oxygénée etc… dans le seul but de se rendre malade et donc de nuire à la santé du fœtus. D’où des séquelles physiques telles que la stérilité, les douleurs etc… mais pas seulement, les femmes souffraient aussi de séquelles morales. C’en était trop de la maternité imposée à la suite d’un viol, de la souffrance des enfants non désirés, mal aimés, abandonnés. C’en était trop de la violence contre les mineures enfermées par leur famille dans des foyers-prisons “maternels” où elles accouchaient dans le secret et la honte, privées de leurs droits élémentaires.

Quand bien même cette très grande dame a eu un destin hors-norme, rescapée de la Shoah, militante infatigable du droits des femmes, la mettre trop en avant risque malgré tout d’avoir pour conséquence d’effacer ou, au mieux, de brouiller l’histoire. Les grandes avancées ne se conquièrent pas dans les synthèses molles – dans ce cas, l’élection de Giscard- mais dans les affrontements. Qui peut croire un seul instant que, quarante ans deux ans après, les puissances religieuses aient remisées leurs « armes » contre l’IVG ? Le plus grand danger qui menace aujourd’hui l’IVG vient de la dégradation progressive de sa prise en charge.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de Geneviève Fraisse.


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