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« Langage social ». N°415.

Écrit par sur 24 février 2010

L’expression « langage social » a été employée. Elle l’y est moins. Tout langage serait-il social ou pas? Ce langage social diffère-t-il du soliloque comme du discours et de la langue littéraire? Je viens de creuser la question. Oui, car il est agi et vécu autant que parlé. Des gestes l’appuient et commentent les paroles. Des gestes étant ritualisés, réglés chez les partenaires qui rentrent en relation. Ainsi, les robes d’avocat, les toges des juges, les postures froides et distantes de décideurs, l’habit sacerdotal du prêtre, la posture du notaire mains posées sur l’acte notarié, etc…Cela mime l’institution. Et ça institue. A preuve, l’habit fait le moine! Ce sont des systèmes de signification, tous institutionnalisés, perpétuant par des actes mimés le cérémonial comme le code des bonnes manières.

Tout ça remonte aux temps les plus reculés, à des archaïsmes bien actuels. Les ethnologues l’attestent, les rituels qui engagent des forces occultes bon, ça se trouve partout. Gestes et mots rituels qui sont chargés d’agir sur la nature, action fictive à travers les gestes et les phrases, ce qu’on nomme le sacré. Formules magiques et sorcellerie. Liturgies religieuses. Succession de paroles et de gestes enchaînés, répétables et rigoureux. Forme rigoureuse suffisamment ouverte, disons floue et ambigüe dans le sens, afin sans doute que chacun y trouve ce qu’il vient y chercher. C’est la forme la meilleure, la plus pure, qui est recherchée. Et l’ensemble est censé inspirer une harmonie.

Face au chaos avec son lot de risques et périls, les mots et les gestes dans les rapports humains donne forme à l’informe. Les images qui nous viennent d’Haïti nous le montrent: dans le chaos ces chants, ces rituels! C’est une médiation à la fois fictive et réelle entre l’homme et ce qui l’épouvante. Et quelques soient les idéologies le formalisme se répète et traverse les siècles.

Mais le « langage social » cela se manifeste aussi dans le langage de tous les jours. Pas spectaculaire, apparemment bien ordinaire mais pas moins important. Bigrement essentiel même! le plus important est ce à quoi nous ne faisons pas attention,ce qui est perçu à la marge, latéralement, en passant, sans y prendre garde. Ainsi j’ai lu ça, l’expression « langage social » s’emploie encore pour d’autres rites comme les formes de politesse. La poignée de mains, les « Bonjour! » « Bonne santé! », etc…La hardiesse de chacun pour rentrer en contact avec l’autre, les éclats de voix et blagues lancées à la volée, disponibilité et bonne disposition à l’autre, l’empathie, capacité à partager, etc…Tout ça fut incrusté dans le temps par les usages. Pour structurer la vie des individus plutôt que pour la déstructurer et la détruire…

Je m’interroge, à vrai dire si ce langage-là n’est pas lui aussi en train de péricliter. Usager quotidien des transports en commun j’ai des craintes: les gens s’en vont chacun de leur côté, s’évitent, tous apparemment pressés, emboîtés dans des cases de temps et autres bulles d’insensibilité et d’indifférence. La sortie des transports en commun s’apparente à celle de l’image de « la machine à gouverner » où l’on voyait ces files d’ouvriers entrant ou sortant des usines par grosses fournées. Le grand capitalisme s’étant métamorphosé dans la ville et ses usages (réseaux, eau, électricité, routes, etc…) et dans l’envahissement de la vie par le travail (emails, ordinateurs personnels, travail pendant les temps de déplacement, téléphone modulaire, etc…), s’occupe-t-il de rationaliser, à sa manière, le « système » de langage social? Plus que possible! voire à coup sûr! Autrement dit: sommes-nous dans une vie artificielle? Sans tomber dans le rapport d’étape, autant passer tout de suite à la question qui suit: comment et pourquoi pareilles traditions et coutumes foutent-elles le camp aussi vite?

Mais ce bon vieux langage ne réapparaîtrait-il pas face à l’imprévu quand le tragique reprend son rang ? Mon témoignage. Par exemple. Pris récemment dans l’immobilisation de mon ter de 7h15 durant deux heures environ, par l’un de ces derniers matins de neige, j’en témoigne: des échanges de sourires, des échanges de regards. Ce qui ramène entre passagers un peu de considération, d’égard dans les comportements durant l’attente. D’interactions douces. Constat: apparemment il n’y aurait rien de perdu. Car hors tempo, hors du Temps, finalement resurgissent les échanges. C’est déjà çà ! est-ce bien raisonnable de penser que ce ne fut pas du temps perdu?

Autre question. De nouvelles relations ne s’expriment-elles pas par l’échange de symboles langagiers façon « Copier, coller » ? Mimétisme dans la façon de se vêtir. Ou bien par la peau tatouée. Car « la peau « s’exprime », reflète nos humeurs et s’érige en messager ».

D.D


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