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L’histoire d’une autre immigration. N°822

Écrit par sur 17 janvier 2018

Capture d’écran 2018-01-16 à 23.28.06 » On partait à la mi-février, me raconte-t-il, quand il n’y avait plus rien à glaner dans les quatorze moulins du village et que le recastegna – un petit oiseau de la taille d’une noix – hurlait sa faim. Il faisait « tchoui, tchoui, tchoui », mais les hommes traduisaient par « fa’ la valise, fa’ la valise, fa’ la valise« . Ils savaient qu’il était temps de faire les valises et de partir de l’autre côté des Alpes, pour tâcher de trouver du pain. Ils s’en allaient à pied, avec deux tranches de polenta et un oeuf dans leur sac, jusqu’au Val d’Aoste, où ils se répartissaient entre les deux cols du Saint-Bernard. Les uns filaient vers la Suisse et le nord de la France, les autres vers Marseille et le Midi. Certains étaient si squelettiques que les aubergistes les nourrissaient par charité, s’ils acceptaient de faire la vaisselle. « Quand on descendait en Suisse, on nous appelait les « macaronis » ou les « spaghettis » (page 184).

C’est ce que rapporte Paolo Rumiz – dans son livre « La légende des montagnes qui naviguent », précédemment chroniqué ici-, de sa rencontre avec Eugenio, qui sait tout de l’histoire du village de « Curino, six cents habitants et vingt-six églises, (…) perdu dans les collines entre Biella et la Valsesia ».

Evidemment ça renvoie à une actualité d’un autre âge qui est celle de l’immigration italienne en France, pour cause de pauvreté. C’est pourquoi de nos jours, sans que cela soit toujours visible ou bien identifié – comme il est noté ici-, « l’arbre généalogique de plusieurs millions de Français comporte une branche italienne ».

C’est toute l’histoire des milliers de ces hommes et femmes venant d’outre-monts, arrivant du Val d’Aoste, de Sicile, de Sardaigne, de Vénitie, du Frioul, du Latium, du Piémont, des Abruzzes, des Pouilles, etc., au milieu du XIXe siècle jusqu’aux années 1960, avec leurs misères et détresses charriées par les flux migratoires comme de l’apport socio-économique dont ils furent les vecteurs sur les chantiers de maçonnerie par exemple – voir photos-, puis de leur intégration aux microcosmes locaux en y posant leurs valises.

A ce chapitre que Paolo Rumiz intitule « Les pantalons, les pantalons! », en l’honneur du grand-père d’Eugenio, retrouvé quasi-mort par les chiens un matin en haut du Grand Saint-Bernard alors qu’il le traversait à pied lors d’une tempête, « un vrai miracle », et qui, par peur de voir disparaître les napoléons cousus dans sa culotte, hurlait dans son délire « les pantalons, les pantalons! »; eh bien, l’on pourrait en imaginer une suite à partir de cet air d’Italie en Bretagne que livrait à notre micro Céline Emery, alors étudiante, sur la base de ses recherches pour sa thèse de doctorat en ethnologie.

A écouter ici.

D.D

ruCe qui a été dit et écrit ici même autour des migrants.

 


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