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Marc Augé, les « bonheurs malgré tout ». N°838

Écrit par sur 9 mai 2018

Capture d’écran 2018-05-07 à 23.24.26J’étais plongé dans « Bonheurs du jour. Anthropologie de l’instant », le dernier livre de l’anthropologue Marc Augé quand soudain je fus averti dans la nuit que j’allais être grand-père dans les moments qu’allaient suivre. Du coup, je fis valser le bouquin pour saisir à poignée la tablette sur laquelle j’allais ému au possible devoir au plus vite, de manière fort fébrile et tremblotante m’a-t-on dit depuis, m’enquérir du numéro de téléphone de la maternité brestoise. Dans un pareil instant, question bonheur, pour le coup, j’étais gâté.

Mais j’avoue, ce n’est que maintenant, soit un mois après, qu’il me vient à l’esprit cette coïncidence étonnante entre la lecture de nos Bonheurs et cet instant de pur bonheur à l’annonce précipitée d’une arrivée au monde, qui aboutira le plus paisiblement qui soit quelques heures plus tard à la douce naissance matinale de ma petite fille.

Capture d’écran 2018-05-07 à 22.46.56Eh bien, c’est par exemple ce type d’instant intense qu’interroge Marc Auger. « Ce livre ne traitera pas du bonheur, mais des bonheurs. » prévient-il. Ici nulle théorie sur la béatitude comme il s’en déverse tant. Non, ce que veut nous dire ce grand anthropologue c’est de prendre conscience de ces quelques instants singuliers, modestes mais intenses, »auxquels on se raccroche ». Et qui continuent à diffuser de la joie.

De ces intensités rencontrées dans lʹinstant qui nous disent quelque chose de notre relation aux autres, de notre rapport à lʹespace et au temps, de la constitution symbolique de lʹêtre humain, Marc Augé en parle comme des « bonheurs malgré tout ».

Ce sont, dit cet auteur, l’un des plus fins observateurs de notre monde contemporain, « des bonheurs soudains qui surgissent alors que le contexte ne semblait pas s’y prêter, mais qui existent malgré tout et qui tiennent bon, contre vents et marées, au point d’imprégner durablement la mémoire. Ces bonheurs sont des révélateurs : c’est lorsqu’ils disparaissent que leur nécessité s’impose à nous. »

Et je comprends maintenant pourquoi ce moment si heureux me restera en mémoire avec toujours dans les yeux cette tablette tactile sous mes doigts inhabiles zigzagants sur son écran comme un éclair. L’anthropologue des temps présents m’en donne l’explication: « Ce sont de bonheurs privés indépendant de tout contexte général. Quelques esprits pointilleux pourraient les appeler d' »égoïstes ». En vérité, il vaudrait mieux les qualifier d’insubmersibles car ils peuvent survivre aux tempêtes qui ébranlent l’âme, et aux inondations qui l’étouffent et la noient. »

Ce sont ces moments de fulgurances où l’on se sent exister. Où l’on prend conscience d’exister pleinement. Où l’on ressent « une certitude d’exister qui est forcément physique ». « Ce sont ces moments de conscience totale que j’appelle bonheurs. »

Alors, dans ce livre, il cite ses instants « épatants », les siens, empruntés à son histoire familiale ou professionnelle. En l’ouvrant d’ailleurs sur un très bel exemple avec son grand-père. Qui lui préparait des pommes de terre rissolées, ou lui apprenait les petites chansons et ritournelles, etc. Et remarque lui-même au passage que « les petits enfants permettent de ne pas trop vieillir« .

D.D

ruCe qui été écrit et dit ici-même autour de Marc Augé. Ainsi qu’autour de cet autre bonheur.


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