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Patrick Chamoiseau, la déclaration des poètes : « Frères migrants ». N°773

Écrit par sur 8 février 2017

Pully. 26.4.16. Patrick Chamoiseau, écrivain. photo © eddy mottazRadio Univers propose de revisiter ses entretiens-radio qui n’ont pas pris une ride.

Ce jour, notre entretien de 2012 avec l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau. Poète-monde par excellence, connu pour son travail sur la langue créole, Prix Gongourt 92 à la littérature ouverte sur le monde, en lien profond avec Frantz Fanon, et héritier d’Aimé Césaire et Édouard Glissant – » Pour lui, dit Chamoiseau, le mot « poétique » signifiait une connaissance plus sensible, plus ouverte, plus vaste, qui suscite des dynamiques, dégage des possibles, ménage la complexité et l’obscurité des choses, mais qui, dans le même mouvement, permet de réfléchir, d’agir, de comprendre. »

A écouter ici.

Des propos qui sont d’autant plus d’actualité qu’ils renouvèlent le souffle d’une parole qui doit se dire et qui se dit en effet, en dépit du bruit ambiant, celle de la « poétique de la Relation » d’Edouard Glissant, une théorie qui fait donc du poète un acteur déterminant de la « Relation ». Le poète, selon Chamoiseau, en est la figure annonciatrice.

D’où son appel à la solidarité avec les migrants du monde : « Frères migrants ».

Lancé jeudi dernier lors d’une soirée de l’Institut Tout-Monde qui se tenait à la Maison de la poésie à Paris, Patrick Chamoiseau l’a conçu sous la forme d’une « Déclaration des poètes » comme invitation à la résistance devant l’intolérance, le racisme, la xénophobie et l’indifférence à l’autre.

Pour en lire l’intégralité c’est ici, en 16 points: « Déclaration des poètes« .

Poétique de la Relation, imaginaires et résistances. « L’imaginaire relationnel va nous ouvrir à des solidarités inédites, à d’autres façons d’être ensemble, de vivre le sol, de fréquenter les langues, les dieux… Lorsque les premiers chanteurs de blues, de jazz ou ceux qui frappaient sur des tambours se sont opposés à l’esclavage, ils n’avaient pas de système. Ils ont simplement créé. Ils ont produit une vibration que rien n’a pu stopper et qui est valable pour tous aujourd’hui. » déclarait-il confiant ici.

On ne saurait en trouver meilleure illustration qu’à l’écoute de notre propre couleur musicale, par un coude à coude appuyé à cette vibration bien éloigné de toute uniformisation marchande du monde.

Si cette Déclaration salutaire et de bien belle allure, résiste magnifiquement au langage ambiant appauvri et stéréotypé, fait de paquets de mots prêts à l’emploi, son 16ème et dernier point nous offre la plus belle image scintillante pour illustrer cette pensée puissante qui nous vient des Caraïbes.

« 16 – Frères migrants, qui le monde vivez, qui le vivez bien avant nous, les poètes déclarent en votre nom, que le vouloir commun contre les forces brutes se nourrira des infimes impulsions. Que l’effort est en chacun dans l’ordinaire du quotidien. Que le combat de chacun est le combat de tous. Que le bonheur de tous clignote dans l’effort et la grâce de chacun, jusqu’à nous dessiner un monde où ce qui verse et se déverse par-dessus les frontières se transforme là même, de part et d’autre des murs et de toutes les barrières, en cent fois cent fois cent millions de lucioles ! — une seule pour maintenir l’espoir à la portée de tous, les autres pour garantir l’ampleur de cette beauté contre les forces contraires. »

D.D
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Ce qui a été dit et écrit ici-même autour des migrants, de la poésie, et des poètes.
Ainsi que la lecture des textes des Passagers « Lexique d’exil ».

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