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« Titi » Robin, »Je t’ai bue sans sucre, mon amertume ». N°892

Écrit par sur 12 juin 2019

J’entends une profonde rivière / couler de toi à moi./ Des galets y glissent / au fond de son lit / au gré du courant. // Il y a des tourbillons, / il y a des reflets, / il y a des vagues sur la berge. // Quelqu’un a laissé sur la grève, / une page de journal froissée. // Il est écrit que là-bas, il pleut, / alors qu’ici, le soleil flamboie. // Tu t’appuies sur mon épaule / pour avancer dans l’eau glacée / et je sens tes doigts sur ma peau. // Laisse ainsi ta main / car c’est moi que tu portes. »

Titi Robin – extrait de « Je t’ai bue sans sucre, mon amertume. »

Etonnant voyageur que ce fils d’agriculteurs angevins. Thierry « Titi » Robin est guitariste voyageur, auteur-compositeur, improvisateur et poète. Il taquine la mandoline, l’oûd, la vièle robâb, et les instruments de la famille du buzuq. En prenant appui sur les traditions d’ici et d’ailleurs, il rappelle le lien qui unit sublime et immensité, flamboiements d’humanité et solidarité. Qu’il débusque dans les musiques populaires tsiganes de l’Andalousie au Rajasthan, ou qu’elle soit manouche dans le nord de la France et gitane dans le sud. Mais aussi de l’Orient arabe au nord l’Europe orientale.

Pour lui, le flamenco – qu’il ne joue pas- est « une des grandes musiques du XXième siècle. C’est pour moi une musique européenne même si c’est difficile à concevoir dans la vision officielle actuelle. Je n’adhère pas au storytelling actuel. » Et poursuit-il en nous invitant à déphaser notre vision stricto-continentale de l’Europe : « La poésie du flamenco est très proche des ghazals (chants d’amour à résonance mystique) qu’on chante en langue hindi, en perse. En Turquie, en Iran, on trouve des métaphores poétiques très proches. C’est très facile de se sentir à la maison si on est touché par cette poésie là. Ces liens sont pour moi des cordes très solides. On pourrait réécrire l’histoire de nos cultures sous cet angle là. Mais c’est la géopolitique qui écrit l’histoire. On oppose nord/sud et est/ouest, mais l’histoire aurait pu être différente. En tant qu’artiste je suis dans un univers souterrain, pas reconnu mais qui existe très fort. »

C’est comme ça que doit aussi l’entendre l’écrivain Erri De Luca. N’écrit-il pas ? « C’est ainsi qu’Homère donna la définition la plus précise de cette mer: « hygra keleutha », une route liquide. Qui, en Méditerranée, peut accepter qu’elle soit au contraire une barrière ? (…) La musique, elle aussi, ignore les frontières. » (Europe, mes mises à feu).

Reconnu comme l’un des premiers virtuoses du luth aux onze cordes, instrument roi de la musique arabe, ce musicien poète a appris la musique avec les Arabes et les gitans. « Les autodidactes n’ont pas un seul professeur , ils en ont cent. ». Depuis il ne cesse d’ouvrir des voies tant instrumentales que poétiques à la musique occidentale contemporaine. Féru jusqu’ici de métissages acoustiques, Robin s’est fait connaître avec la musique bretonne, en accompagnant le chant modal très riche d’Erik Marchand.

Présent au festival malouin des Etonnants voyageurs pour la présentation de son recueil de poésie « Je t’ai bue sans sucre, mon amertume », comment rêver meilleur moment – car il se trouve que nos univers sont cousins- pour inaugurer ce nouveau site de Radio Univers que par notre entretien avec Titi Robin.

D.D


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