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« indignados » N°479.

Écrit par sur 25 mai 2011

Qu’une série de gens, totalement inconnus et inorganisés, ait eu une idée géniale d’organiser un campement sur place, jusqu’au lendemain, à la Puerta del Sol à Madrid, ça ne manque pas d’air.

Cette initiative aussi sympathique que surprenante a été suivie par vingt ou trente personnes à peine qui sont ainsi restées sur place. C’était le 15 mai. Et depuis les rassemblements ont grossi : 15 000, puis 20 000 personnes. Du coup, la campagne électorale est passée au second plan. Des rassemblements étaient organisés dans plus de cent villes.

Si le mouvement des indignés s’inspire des révolutions arabes du point de vue de l’occupation de l’espace public et des moyens de communication, côté internet et médias sociaux, en Espagne ça patine si l’on s’attend à voir tomber le pouvoir en place.

Faut dire qu’il n’y a aucune comparaison du point de vue de la dureté de la lutte. Pour que ça bouge, il est nécessaire que la population soit dans le dur. C’est à dire dans une situation explosive créée par un mélange de crise économique sans fin, pauvreté extrême, chômage, population jeune fortement urbanisée et dictature qui croît pouvoir ignorer le monde qui change.

Dans un pays dit démocratique comme l’Espagne, bon c’est sans comparaison. Ce qui signifie que les technologies de l’information et de la communication ne font pas tout. C’est pourtant ce qui était dit par des « commentateurs avertis » à propos des révolutions arabes .

Car si ces technologies sont en partie responsable de cette prise de conscience accélérée des changements du monde, les événements incitent à en inventer l’usage. Après tout il a fallu un siècle après l’invention de l’imprimerie pour que la société change vraiment. Bon, d’accord, les Espagnols ne semblent pas disposés à attendre si longtemps. Ils montrent l’utilité des médias sociaux en temps de crise dans un pays démocratique.

Rappelons quand même que le mouvement social des « indignados », de la « génération précaire » très branchée sur les réseaux sociaux, a lieu dans des dizaines de villes, avec pour agora centrale depuis le 15 mai la Puerta del Sol de Madrid rebaptisée « place de la Solidarité ».

Voilà, ça m’amène à cette question : qui est en mesure de décrire ce qui existe déjà en matière de communication numérique et d’en mesurer les impacts, tant « techniques » que « culturels » sur les personnes? Sachant que celles-ci ne sont plus d’un quartier, d’une rue ou d’un immeuble, mais appartiennent à des aires numériques aux délimitations fluctuantes et hors-sol, tout en étant attachés aux lieux qui abritent leurs activités ?…

Ah ! oui, dans le dictionnaire des idées reçues, l’on apprend que depuis quelques années, les TIC ont effectivement investi les pratiques, tant en ce qui concerne les mobilités que les manières de communiquer (l’explosion des SMS), et le piéton branché a ainsi accès, en temps réel, aux informations indispensables à sa propre navigation urbaine en combinant sans le savoir des données institutionnelles et commerciales à des actions spontanées d’internautes « indépendants ».

Mais ce que le dictionnaire des idées reçues n’aurait pas aimé oser dire c’est que l’ère du numérique a de Tunis, Le Caire à Madrid, comme vertu d’élargir l’agora ancienne toujours vaillante et déterminée en replaçant celle-ci, la Puerta del Sol madrilène en occurrence, au cœur même de la vie politique. Et dans les anciennes déterminations typologiques de la ville il y est question encore de notre manière d’habiter le monde : pas de démocratie sans principe d’égalité.

D.D


Les opinions du lecteur
  1. Françoise   Sur   26 mai 2011 à 9 h 47 min

    Contentement
    Pour ce vieux monsieur de 93 ans , Stéphane Hessel qui lançait ce cri « indignez-vous ! »
    S’indigner, du latin indignus, rester digne. Car il est bien question du vouloir rester digne dans cette volonté affichée sur la place espagnole.
    Mais …il y a toujours un mais (un mai ?) quelque part…revenons au vieux monsieur de 93 ans. Il concluait son livre par ceci :
    Aussi, appelons-nous toujours à « une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. »
    À ceux et celles qui feront le XXI ième siècle, nous disons avec notre affection :
    « CRÉER, C’EST RÉSISTER.
    RÉSISTER, C’EST CRÉER. »
    « Communication de masse », oui, on voit bien ce qu’il veut dire le vieux monsieur…
    Mais : Communication de masse. Définition :
    « La communication de masse est l’ensemble des techniques qui permettent de mettre à la disposition d’un vaste public toutes sortes des messages. Les techniques actuelles permettant à des personnes interconnectées en réseau d’envoyer, de recevoir ou d’échanger, à partir de téléphones ou de micro-ordinateurs, des « paquets » de données visuelles, sonores ou écrites. »
    Donc si on résume : une véritable insurrection contre les moyens de communications de masse AVEC les communications de masse…
    Contentement aussi :
    De savoir que Place de la Bastille, à Paris, chaque jour ils sont 300 à se réunir dès 19h, « les indignés de la Bastille » les appelle-t-on, devant les marches de l’opéra afin de « casser ce système sociétal » qui ne leur convient pas. « Ils » ne se revendiquent d’aucun parti, d’aucun syndicat et tiennent à affirmer une organisation spontanée sans leader, ni porte-parole.
    Bien sûr le sperme de DSK (excuses, on dit liquide séminal quand on est bien élevé) ou celui de Tron occulte ces actions !
    Contentement encore :
    Lors d’une visite récente à Montpellier j’ai visité le nouveau quartier Odysséus. Genre La Mézière à côté de Rennes, mais qui touche les vieux quartiers. Entre le karting, le bowling, le Mac Do, les magasins de fringues… l’ancien maire (socialiste) a construit une agora. Grande et belle. Circulaire, rose et bleue, végétalisée et sous l’œil attentif ou glauque d’immenses statues de Lénine, De gaulle (qui ressemble à Pinocchio), Mao etc…et je lis ce matin ceci :
    « A Montpellier, une centaine « d’indignés » se retrouvent….place de Comédie » En plein centre ville…pas fous les indignés !!!

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