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Babel, tout un programme. N°622

Écrit par sur 12 mars 2014

Municipales 2014 : la campagne a commencé. La lecture des programmes m’inspirant un ennui profond, du coup j’y glisse mon grain de sel.

Dans une tribune le sociologue Henri-Pierre Jeudy attaque fort justement « cette atmosphère d’ironisation conventionnelle (qui) finit par donner le coup de grâce au désinvestissement du politique. A force d’entendre ou de lire une quantité croissante de moqueries obscènes, l’humour ne devient plus qu’une véritable machine de destruction du sens.» Puis poursuit « La rationalité critique disparaît au profit d’un consensus obligé qui met en équivalence toutes les intentions manifestées – ce qu’on n’ose plus appeler sans faire ricaner, le programme. » Suis parfaitement d’accord. Eu égard à mon expérience personnelle d’élu communal d’autrefois qui avait eu le souci partagé à plusieurs de contribuer à rédiger des programmes le plus sérieusement possible sans omettre pour cela la place pour l’utopie.

Du coup ce que je suggère. Un peu de rêve. Pour un meilleur avenir. Pour interpeller lesdits candidats. Et se manifester quelque peu localement.

« L’idéal civilisateur et universaliste est incontestablement babélique : Babel fut, en effet, la première cité que les hommes tentèrent de construire tous ensemble, en renonçant à leur tribalisme et aux divergences culturelles –toujours inessentielles- qui les opposaient ; ils excitèrent ainsi la jalousie de Jéhovah qui, comme tous les tyrans, préférait voir les hommes désunis : il est significatif que « Babel » soit aujourd’hui synonyme de confusion, alors qu’avant la malédiction divine ce nom évoquait la bonne entente entre les hommes et leur détermination à participer à une entreprise politique commune en dépassant leur fragmentation homicide en hordes obscurantistes. » dit Fernando Savater –Dictionnaire philosophique personnel.

Pourquoi Babel ? En raison de la fameuse Tour de Babel. Qui est d’abord l’emblème de la ville. Qu’elle domine. Et de la civilisation qui l’érige.

Rappel du récit. Qui n’est pas qu’une simple légende. En effet, Babylone et la tour de Babel ont bien existé. Mais revenons au mythe, fondateur et toujours actuel, Babel. Entre terre et ciel, entre Genèse et imaginaire.

Le récit biblique de la tour de Babel :
 » Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! Faisons des briques et cuisons les au feu !  » La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent :  » Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la Terre ! « . Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit : Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres. » Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la Terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la Terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la Terre.  » Genèse, XI, 1-9.

Il est dit que si l’on s’en réfère à tous les récits relatifs à la tour de Babel -« babel » signifiant « porte du ciel »-, toutes les races et les langues auraient surgi en ce lieu unique. Les Églises ont alors interprété le récit biblique de la Tour de Babel dans le sens d’une transgression. Qui expliquait la perte de l’unité primitive. D’où l’image d’un lieu où règnent le brouhaha et la confusion. C’est à la fin du vingtième siècle en Occident, que fut renversée cette interprétation négative pour valoriser à l’inverse la pluralité politique et culturelle.

Tenez ! Fort possible que 68 soit passé un peu par là dans cette interprétation. Qu’il ait eu quelque effet dans ce renversement. D’ailleurs en fin connaisseur Jean-Paul Dollé dans son livre L’ordinaire n’existait plus identifiait Mai 68 à cette Babel de langues, d’intérêts, de discours. La manifestation presque anarchique de ce nombre infini de personnes en puissance, qui soudain, à ciel ouvert, pouvaient entrer partout, y compris sur la scène du théâtre, dans les amphis, etc… Et Dollé évoquait l’irrésistible pression de l’excitation qui s’était manifestée dans cette Babel de langues.

Babel de langues. S’en inspirer. Pour un projet municipal. A engager en tout début de mandat. Oh ! Pas la peine d’ériger à votre tour une tour hélicoïdale qui monte au ciel. Suffit d’en retenir l’esprit : la bonne entente.

Plus le monde est connecté et virtuel, plus la « machine de destruction du sens » agit, plus la question du village concret, en vrai, se pose. Et comme Babylone et la tour de Babel ont bien existé (voir documentaire)… Allez! bon courage!
http://www.youtube.com/watch?v=4ZE-LriXjGQ

La suite ici.

D.D


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