𝐒𝐨 𝐁𝐫𝐢𝐭𝐢𝐬𝐡! au Festival Photo de La Gacilly. N°1211
Écrit par admin sur 30 juillet 2025
Mettre cette année les photographes anglais à l’honneur de l’édition 2025 du Festival de photos de La Gacilly, illustre leur importance dans notre culture visuelle. C’est une des grandes qualités de l’exposition de les avoir assemblés. Une prise de distance de leur côté frivole est néanmoins bienvenue.
Lieux de pèlerinage pour les touristes, les plages, se sont transformées en un inépuisable gisement à clichés par les photographes. De ces décors, de ces paysages, de ces « atmosphères » dans des dégradés de bleu, de vert, de beige vif, et de peaux blanches cuites au soleil, l’un d’eux, le plus célèbre, Martin Parr en a fait sa marque de fabrique.
Ses photographies qui ont été prises dans les années 1980 à New Brighton, station balnéaire de Liverpool, si elles offrent un spectacle pour les yeux, leur exposition de bout à bout assemblées acquiert dans le même temps une puissance dramatique : le travail de Parr suscite un trouble gênant.
Ainsi, à défaut que ce trouble soit explicitement affiché sur les panneaux de présentation de l’expo, La Chronique d’ici-même, toute en audace modérée, s’offre le plaisir d’y apporter cet avis éclairant débarquant d’Outre-Manche : « A bien des égards, cette œuvre marque une rupture radicale avec les conventions de l’époque. D’une part, leurs couleurs criardes et sursaturées étaient typiquement associées à la photographie commerciale. D’autre part, il capturait des scènes de loisirs de la classe ouvrière, sans intentions politiques claires. « Il y a une certaine dimension politique dans mon travail », explique-t-il, « mais je ne dis pas ce que c’est… mon principal projet concerne les loisirs du monde occidental, toutes classes sociales confondues. » Là où certains voient une satire de la culture de consommation ou un regard innocent sur l’excentricité, d’autres y voient une moquerie condescendante » écrit dans ArtReview, Anna Coatman, écrivain et éditeur, basée dans le West Yorkshire.
– A ce trouble qui suscite ces controverses, Martin Parr y a répondu ainsi : « Quand je prends une photographie, j’essaie de dire quelque chose. Par-delà les couleurs criardes, choquantes, si vous regardez bien, si vous prenez le temps, il y a un message. Je dirais même un message politique. »
Autant dire que, par cette édition 2025 de ce Festival, ce message se dévoile sans conteste d’une rive à l’autre de la rivière L’Aff – qui, elle-même, est sortie de son lit en janvier dernier, inondant le bas de la ville où se tient ce même festival – voir ici.
C’est ainsi qu’à la partie 𝐒𝐨 𝐁𝐫𝐢𝐭𝐢𝐬𝐡! qui porte sur le côté frivole et drôle des atmosphères de bords de mer ou des hippodromes britanniques d’où ces petits jockeys se tenant à l’arrière de plantureuses jeunes dames, comme sur le mode de vie ostentatoire où la richesse, la vanité, l’avidité, et la vulgarité se côtoient sans complexe, lui répondent en écho de l’autre rive de nouveaux témoignages toujours plus poignants qu’apportent des reporters-photographes sur les effets directs en d’autres coins de la planète, de ce mode de vie occidental, consumériste et dévastateur. Parmi lesquels, longeant L’Aff, le travail de « ce photographe indien Supratim Bhattacharjee -voir ici-, il a travaillé de longues années dans l’archipel des Sunderbans et nous montre le quotidien de populations confrontées aux catastrophes climatiques et à la montée des eaux : des phénomènes qui risquent de nous toucher bientôt si nous continuons à nous voiler la face. » (dépliant de présentation).
D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour du Festival Photo de La Gacilly. Ainsi que de la photo.