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« Entre la mémoire et l’oubli » de Claire Tabouret. N°1208

Écrit par sur 9 juillet 2025

Ce dimanche dernier, les conditions d’accès à la visite du Musée des Beaux-Arts de Rennes étaient gratuites, et les murs semblaient se dresser comme des remparts face à ce temps d’inhumanité. Réinitialisant une idée ancienne presque oubliée: celle selon laquelle, comme lieu d’histoire et de mémoire, tel que le concevaient les révolutionnaires français, le musée réalise cette union « entre l’universel artistique et l’universel humain », pour reprendre l’expression de Jacques Rancière.

Permettant d’embrasser là les fonds encyclopédiques du musée qui vont de l’Antiquité égyptienne à l’art contemporain et la figuration des âmes humaines en ce monde présent.

Cette figuration est le thème de la grande expo nommée « Entre la mémoire et l’oubli  » qui s’y tient du 14 juin au 21 sept-, consacrée à Claire Tabouret, une jeune peintre déjà star consacrée, dont la peinture est présentée « à la fois intemporelle et éminemment actuelle. » « Classique par sa fidélité à la peinture sur toile, par le choix de ses sujets, et par les nombreuses références à l’histoire de l’art qui la nourrissent. Contemporaine par les enjeux qu’elle traite, par l’impact des événements qu’elle laisse apparaitre, par son sens de la lumière et de la couleur. Les questions auxquelles elle se confronte sont fondamentales: l’identité, l’altérité, le rapport au temps. » (Livret de l’exposition). Où l’on ne peut s’empêcher d’y voir une sorte de tristesse, de mélancolie.

Elles tournent autour de l’identité insaisissable qui, en tant que femme, qu’artiste, que personne sensible, se refuse à l’assignation aux figures imposées par notre époque, refus qui peut aller jusqu’à frôler l’effacement de soi. Sans quitter ses références à l’histoire de l’art, Claire Tabouret parle de quelque chose à voir avec ce qui nous arrive.

En témoignent ses sculptures où elle se montre couchée pendant le COVID, ou par ces gros vases de porcelaine ovoïdes qui, pour elle qui attendait alors un bébé, évoquent des ventres ronds, et sur lesquels elle a peint les Pleureuses en référence à la fois à l’histoire de l’art depuis l’Antiquité et au sort des femmes palestiniennes enceintes sous les bombes israéliennes.

S’il est annoncé à l’appui de l’expo que ses 60 portraits concentrent leur force dans le regard, tourné vers le spectateur, suscitant une rencontre troublante, il est vrai que les figures nous regardent, et en tant que visiteurs nous les regardons, mais il n’y a rien dans ces regards. Ces figures n’expriment rien par le regard.

Pour La Chronique d’ici-même qui recherche à capter un petit peu de ce que le regard de l’artiste voit du monde dans lequel on est, elle n’y reconnait dans le symbole du vase devenu une urne funéraire, que les regards de ces deux corps martyrs de femmes gazaouies face à la tragédie. Laquelle se déroule sous nos yeux sans regard, de plus en plus insensibles ceux-ci à l’anéantissement de la possibilité même que cette vie ait compté.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour du Musée, ainsi qu’autour de Gaza et de Jacques Rancière.


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