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A l’ère des I.A et du renoncement de nous-mêmes. N°1224

Écrit par sur 30 octobre 2025

Dans sa course à l’intelligence artificielle Amazon a annoncé 14 000 suppressions de postes parmi ses employés de bureau, occupant des fonctions administratives et de direction, et prévoit 14 000 autres suppressions prochainement. Les plateformes ont toujours contribué à la suppression d’emplois grâce à la technologie. Mais cette course à l’investissement dans l’ I.A, l’intelligence artificielle, révèle sa nature fondamentalement antidémocratique : lorsqu’une entreprise acquiert un pouvoir économique comme celui d’Amazon, elle devient de toute évidence un facteur direct d’inégalité. Cela aux seuls noms du profit d’un petit nombre et de leur vision mortifère du monde.

En quoi accepterions-nous de ceux qui oeuvrent aux développements technologiques qu’ils soient tenus pour les mêmes à même d’éclairer la société en la matière ?

L’avis implacable du philosophe Eric Sadin sur cet événement majeur « vu la gravité qui se trame » est urgemment à prendre en compte. Il est l’auteur de « Le désert de nous-mêmes. Le tournant intellectuel et créatif de l’intelligence artificielle « .

Ce spécialiste des usages du numérique voit dans les IA génératives un tournant anthropologique majeur de la condition humaine : « Les êtres ont dorénavant à leur disposition des instruments qui rendent presque caduques certains de leurs attributs essentiels, à commencer par la capacité à formuler nos pensées, à former du langage et à créer par nous-mêmes. Comment ne pas saisir la portée anthropologique majeure de cet évènements ? (…) Je crains que, aux cours des mois à venir, les dégâts produits par l’I.A soient de plus en plus visibles dans de nombreux champs de nos vies. Le monde dans lequel nous évoluons n’est déjà plus le même et nous risquons d’y devenir étrangers.  »

Puisque toute capacité humaine en sera ébranlée, prenons un exemple qui concerne chacun et chacune : le langage.

Ecoutons-le à ce propos :  » Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces technologies sont fondées sur le principe de la corrélation probabiliste. Après tel vocable, celui qui sera sélectionné par l’I.A sera celui étant le plus fréquemment utilisé à la suite du premier d’après les historiques d’usage. Ce qui veut dire que la machine aura tendance à formuler ce qui a déjà eu lieu. C’est pourquoi il s’agit davantage de reproduction que de génération d’une pleine nouveauté. Or, la façon dont nous, humains, usons du verbe n’est pas fondée sur la corrélation, mais sur l’association: chaque personne opère des rapprochements de pensée différents. En outre, nul ne sait ce qu’il va dire ou écrire dans les instants immédiatement situés au-devant de lui. Et ce, du fait que nous n’entretenons pas un rapport au langage probabiliste, mais indéterministe. C’est là que se trouvent les vecteurs de singularité et de liberté dans notre maniement de la langue. Et voilà que pour les promoteurs de l’I.A, il faudrait nous dessaisir de cette vitalité qui nous constitue pourtant en tant que humains, il faudrait adopter ce pseudo-langage mathématisé et schématisé, que je nomme le « thanatologos ». Pour moi, les I.A génèrent un langage de la mort qui est voué à encercler tous nos usages quotidiens et à peupler sans cesse davantage notre environnement informationnel, donc notre pensée et notre imaginaire. Voit-on ces hordes d’êtres aphasiques qui viennent et la lugubre uniformisation du monde qui s’annonce ? » (extrait de l’entretien  » L’IA est le cheval de Troie du renoncement de nous-mêmes » – Libération, 18/19 oct).

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour dEric Sadin, de l’ I.A.

 


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