« Contrairement à Rennes…» celles et ceux qui, auditrices et auditeurs de notre rendez-vous quotidien de 11h/11h30 avec les poètes, apprécient cet air frais venant du grand large polyphonique, riche en grande partie de notre collaboration alors fructueuse avec la Maison de la Poésie de Rennes, s’associeront à l’hommage que La Chronique d’ « Ici même « rend ce jour à un « anarchiste anglais de la pire espèce » (dixit l’une de ses ex-belles-mères) et « Homme d’une rare élégance intellectuelle » (CNL).
Le poète et traducteur, membre de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), IanMonkvient de décéder à l’âge de 65 ans.
L’entretien de Matthieu pour Radio Univers avec Ian Monk, à l’occasion de sa résidence d’automne 2018 à la Maison de la Poésie, est à écouter ci-dessous:
A ré-écouter encore lors du festival des Polyphonies, sa lecture là.Et cette autre à deux voix, avec William Cliff, ici.Rembobinons son passage à Rennes : « Pas grand-chose de nouveau (…) sauf pour la nouvelle présence d’un grand rosbif » : « PQR(POÈMES QUOTIDIENS RENNAIS), dont la lecture est présentée ci-dessous par la Maison de la Poésie de Paris :« PQR est une suite de poèmes écrits quotidiennement, du lundi 8 octobre au samedi 30 novembre 2018, à l’occasion d’une résidence à la Maison de la Poésie de Rennes, en strophes « brétilliennes » (d’Ille-et-Vilaine), soit trois vers de dix mots, suivis d’un vers de cinq. Chaque poème comporte une allusion aux informations du jour que l’on imagine prélevées dans un quotidien régional, ou à la radio, mais également sur le fil d’actualité des réseaux sociaux. Chaque semaine, numérotée de 1 à 8, emprunte à huit sources bibliographiques sur la Bretagne. Enfin, à l’intérieur de chaque semaine – à l’exception de la semaine 4 et de la semaine 7 – , chaque poème débute de la même façon : « Contrairement à Rennes… », « Ici même… », « Tiens, là-bas… », « En regardant mes chaussures… », « Devant cette bouteille de chouchen… », « Enfin bref… ». Mais les contraintes et la prouesse oulipiennes ne doivent pas faire oublier le propos qui, lui, est impliqué, politique, subversif. On y voit défiler les événements et les personnalités de la période, du plus anecdotique au plus terrible : la K‑Pop coréenne, les gilets jaunes, l’assassinat de Jamal Khashoggi à Istanbul, ou des individus fort peu recommandables comme Donald Trump, Robert Faurisson ou Tariq Ramadan… Avec un humour féroce, l’auteur se joue également des clichés liés à la Bretagne- tout y passe : le menhir, le chouchen… (« un peu trop enchouchenné, on peut prendre / la prose pour la poésie ») et même la galette-saucisse ! Le tout dans une musicalité particulière, à la fois élégante, crue et drolatique, qui fait entendre la langue anglaise (sa langue natale) dans la langue française, sa langue d’adoption poétique. »A écouter et voir ici.
« Enfin bref… » par cet hommage fort mérité, se présente une occasion pour dire combien Radio Univers prend plaisir depuis lors à faire entendre ces déclamations de textes en public et talents oratoires, parfois un brin punk comme le sien, distillant la musicalité de la langue et différents types de langages. Dégrippant en soi la corde du monde sensible avant tous les procès qu’on intentera bientôt à la liberté poétique. Par le moyen du langage, mais d’un autre. Celui d’une langue morte arraisonnée à l’I.A. Quand le mot dira qu’il ne dit plus rien.
« Tiens, là-bas… » vous venez de lire « « brétilliennes » (d’Ille-et-Vilaine) « . Sortie par on ne sait quel tour de passe-passe d’un cabinet de com à la gomme, cette appellation drôle autant qu’austère, énigmatique et biscornue, que dit-elle ? Faut-il l’entendre au sens de sa musicalité particulière ? Puisqu’elle fait penser à l’increvable samba aux accords avides de liberté ! Guérisseuse d’un peu de tout. Pour être exacte du deuil de Monk, s’engage-t-elle à nous prémunir de ce nouvel ordre mondial techno-fasciste ?
« En regardant mes chaussures… » j’en attends le prologue.