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Poésie. N°432.

Écrit par sur 23 juin 2010

Hier soir à la grande tablée de la Maison de la Poésie, l’on y parlait avec bonheur chacun, chacune à tour de rôle des aventures de nos animaux respectifs, de leurs exploits comme de leur malice. Instant heureux partagé ensemble entre « connaisseurs de chats ».

Me sont revenues les paroles de Godard: « Est-ce qu’on peut parler des animaux? De la présence humaine des animaux? ..Ils parlent et ils entendent de manière différente. Ce n’est pas un langage. Je ne sais pas. » C’est à un moment donné d’une interview qu’il accorde à Médiapart, que Jean-Luc Godard alors qu’il faisait là la promotion de son dernier film « Film socialisme », nous parle ainsi de la présence des animaux qui peuvent selon lui, pourquoi pas, amener la paix entre les humains. Ainsi va-t-il jusqu’à penser que si dans le conflit israélo-palestinien on y importait cent mille animaux domestiques ça permettrait aux uns et autres de se parler au moins d’animaux. Il cite alors son exemple: quand lui et à sa compagne se balladent en Suisse avec leur chien il leur arrive de rentrer en conversation avec d’autres couples qui eux-mêmes promènent leur chien. Alors que rien ne peut par ailleurs les faire se rencontrer considérant leurs très grandes différences de point de vue politique, ils se parlent paisiblement de leurs chiens. Autrement dit l’animal amène la paix entre les hommes. C’est la 3ème personne. Il y a toi, il y a moi et il y a l’autre. L’autre permet de trouver l’équilibre….Car libéré de soi chacun pense à l’autre. Godard lache aussi ceci: « Entre mammifères, y a un moment on est égal! »

Choix de vie maintenant. Quelles images de la vie sur terre nous servent de modèles, de normes, pour se décrire ou s’identifier? Faisons le point des comparaisons de caractère chez l’homme: pourquoi ne pas profiter d’autres qualités existantes, celles que l’on consent pour les animaux sans pour cela passer pour de rustres arriérés? Par exemple celles du chat guetteur. Ainsi je me souviens d’un documentaire de télé consacré à Jean-Toussaint Desanti, le goût des autres.

Dans le premier volet de ces entretiens, Jean-Toussaint Desanti, philosophe, nous parlait de sa Corse natale, où naquit en lui la «conscience aiguë d’une altérité qu’il faut affirmer». Assis dans son fauteuil, il évoquait sa rencontre avec Dominique, jeune normalienne comme lui, un jour sur les toits de la vieille école: «(« ) Un chat feule. Alors je me baisse pour caresser le chat. Dominique se baisse pour caresser le chat. (« ) Dominique dit alors une chose étrange: « Oh, si tous les hommes étaient des chats. Pourquoi a-t-elle dit ça, je ne sais pas.» Ce qu’il sait, c’est que, depuis lors, aux côtés de celle qui est devenue sa femme, il se «pense comme une sorte de chat, c’est-à-dire quelqu’un qui fait les choses dans le silence, à petits pas » Mais surtout qu’il ne faut pas venir déranger dans son travail, même s’il a l’air de somnoler». Ce geste parfois de la main pour attraper au vol une pensée, les yeux mi-clos, pour mieux voir, ne sont pas d’un homme qui fait le chat. Il EST chat.

D.D


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