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Bourrache et nigelle. N°490

Écrit par sur 10 août 2011

Beauté des survivances. Dans de petites boîtes en plastic transparentes Gaëlle conserve avant leur plantation les graines de plantes modestes tirées des jardins des grand-mères. Ces graines de bourrache et nigelle ont voyagé et même ont-elles fait quelques centaines de kilomètres pour celles qui proviennent de Combourg.

Des graines? oui, mais quelle importance? Eh bien, je me souviens justement de leur importance. Georgio et Stella que nous avions rencontré à Arad en Roumanie après la « révolution », nous parlaient de leur difficulté pour en trouver quand tous les habitants de cette grande ville de la plaine à blé de Transylvanie, capitale céréalière, s’étaient mis par nécessité vitale à cultiver un bout de terrain. Pour certains le pourtour de leur maison avec plans de maïs pour nourrir le cochon, pour d’autres qui résidaient en appartement un coin d’espace vert du quartier. Parfois un rond point engrillagé abritait des poules ou lapins.

Stella et Georgio et leurs enfants, qui jamais n’avaient pensé manquer de nourriture dans ce qui constituait quand même le grenier à blé de l’Europe de l’Est, avaient réussi à trouver à louer de quoi faire un jardin, c’était un coin de champ à la campagne distant d’une quinzaine de kilomètres. Un lopin pour se nourrir. Chaque soir, le travail fini, ils s’y rendaient. Eh bien, trouver de bonnes graines était pour eux d’une difficulté incroyable! Il y a probablement tout lieu d’être averti sur la rareté des bonnes graines quand il faut traverser des périodes économiquement et politiquement difficiles.

Le paradoxe c’est qu’à quinze kilomètres de là, dans le petit village de Galça les gens s’en sortaient pas trop péniblement grâce à leur jardin familial. Jusqu’à être équipé d’un bidon d’eau perché en hauteur pour y prendre des douches. Par période de pénurie, vivre à la campagne avec un bon jardin allège bien des choses.

Au moment même où j’écris ces lignes, plus aucun dirigeant ne pavoise sous les projecteurs à jouer les pompiers face aux pertes colossales qui découleraient du basculement de l’Espagne, ou plus vraisemblablement de l’Italie, dans un destin à la grecque -mais de cette « crise » je n’en dirai pas plus considérant qu’il en est parlé partout de la même façon quelque soit le journal ou le site d’information ( sauf exceptions*). Permettez-moi néanmoins ce détour par les graines fécondes pour l’évoquer.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on parle ici sur ce site ou sur nos ondes de la marche en spirale de la Machine financière mondiale vers son abîme. En toute honnêteté cette intuition remonte à notre passage par la Roumanie de l’après-Ceaușescu. Ce serait trop long pour en développer ici les raisons de ce pressentiment. En fait, nous n’avons jamais pensé que la raison de l’effondrement des pays de l’Est se réduisait au seul déboulonnage de la tyrannie.

Mais revenons aux graines légères que Gaëlle conserve à Daoulas, pointe Finistère, près de l’abbaye du même nom qui elle-même présente un patrimoine de plantes médicinales remarquables à visiter. En défonçant à la pioche leur pelouse Gaëlle et Romain se sont confectionnés un joli petit jardin carré bien mignon pour y les planter, pour la beauté des survivances. Heureuse initiative, on ne sait jamais.

D.D

*Lire « le commencement de la fin » de Frédéric Lordon


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