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Ce jeudi 28, N°569

Écrit par sur 27 février 2013

Ce jeudi 28, Radio Univers a 30 années d’émission dans les baskets. Fondée en juillet 81, c’est au 28 février 1983 que remonte sa première mise en onde. Ou mise au monde. C’est à 17 heures qu’elle a commencé à se faire entendre.

Nous sommes ainsi heureux que Radio Univers soit devenue durablement ce qu’elle est. En s’étant bien gardée d’avoir quelqu’un à qui servir la soupe. En s’étant bien gardée de suivre la pente de la société libérale. En s’étant bien gardée de suivre les “ éléments de langage ” de la France officielle.

Radio Univers n’épouse aucun modèle. Ni se réduit à rien. La voilà récompensée par elle-même. Pour sa sobriété régulière. Et sa fière indépendance. Qui est toujours en chantier. Polyphonique dans sa tête, donc pas tellement intéressée à se regarder le nombril. Le plus intéressant est devant elle. Ce qui est tout à fait dans ses cordes.

Or cette bizarrerie ne manque ni d’intérêt ni d’importance, comme dirait l’autre.

Trente ans parmi les lunes. A part quoi il flotte allègrement. « Lunes pleines, croissantes, décroissantes, dans toutes leurs phases, groupées en faisceaux serrés ou solitaires, certaines si lointaines qu’elles n’étaient qu’un point de pâleur trémulante, d’autres plus proches palpitant avec agressivité au zénith. » comme dirait Cézar Aira -J’étais une petite fille de sept ans.

Petite fille aussi l’est-elle Radio Univers. Seulement un brin plus âgée. Qui à sa façon se pense calligraphe. Seulement sa calligraphie est sonore. A cette différence près, assez comme l’en exprime Fabienne Verdier -Passagère du silence:  » Le calligraphe est un nomade, un passager du silence, un funambule. Il aime l’errance intuitive sur les territoires infinis. Il se pose de-ci, de-là, explorateur de l’univers en mouvement dans l’espace-temps. Il est animé par le désir de donner un goût d’éternité à l’éphémère. »

En ce jour heureux je citerai également le grand poète Bernard Noël qui cite lui-même Patrick Laupin. Ferveur « …Je n’ai pas peur de la vacuité sensible de ce monde vide où naît le rythme… »

Trente ans de ferveur radiophonique locale. Même quand ça se goupille mal. Cheminement qui m’amène à citer ces autres formes d’opposition à l’industrialisation obligatoire. Par exemple celle de ces éleveurs qui se mobilisent pour que leurs bêtes ne soient pas considérées comme des machines.

En effet, les éleveurs de petits ruminants dans l’UE, seront soumis dès juillet 2013 à l’informatisation obligatoire de leurs chèvres et moutons, c’est-à-dire contraints à les identifier avec une boucle électronique en plus de leur boucle en plastique à l’oreille. Cette mesure, voulue par les lobbies agroalimentaires des gros producteurs de viande, de concert avec leurs administrations sanitaires respectives, représente un gros marché pour l’industrie de micro-électronique.

Un film rend compte du combat d’éleveurs obligés de pucer: « Le puçage se généralise autour de nous, les informations se recoupent, la carte d’identité biométrique s’impose. À chaque fois avec de bon prétextes, de bonnes raisons, de bons arguments. Avec la directive européenne concernant le puçage obligatoire des cheptels ovins et caprins, nous assistons à la première obligation d’envergure de puçage du vivant. Une expérimentation grandeur nature dont les industriels se flattent. »

Bientôt tous « traçables »! Par une marée de puces électroniques. Des animaux domestiques… pour commencer. Les chiens, les chats et même des animaux sauvages n’y couperont pas. Les enfants et personnes âgées traçables depuis un mobile, c’est pour demain. Pour un marché colossal à la clé.

Trente ans de « quelque chose » qui pénètre le style de vie. La voilà servie. Longue aventure singulière. En voici en quelque sorte l’éloge :

« Le singulier n’est pas nécessairement l’exceptionnel. Singulier peut être ce à quoi nous avons affaire chaque jour et que nous subsumons en général sous quelque généralité, laquelle à son tour perdant son caractère d’universalité est ramenée au singulier, à l’habituel.
La part d’importance qui revient au singulier, son excellence, se détache sur un fonds plus universel et général. Le singulier tout à la fois se dessine sur ce fond et le marque, parfois décisivement. » (Kostas Axelos -en quête de l’impensé ).

Trente ans, on biche. Qui l’eût dit ?

D.D

PS: L’image qui illustre cette chronique a été prise dans nos studios en 1983.


Les opinions du lecteur
  1. Françoise   Sur   27 février 2013 à 20 h 47 min

    Trente ans d’une façon d’habiter le silence, trente ans d’ondes et de plis qui se propagent dans l’espace « ondoyants et divers ».
    Loin des sphères et des figures, un écho,une infinie et vivante infusion…
    BON ANNIVERSAIRE!

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