Dans ce contexte, je dis ça en passant… N°1206
Écrit par admin sur 26 juin 2025
Il y a un peu plus de quarante ans maintenant, les humanitaires, Médecins sans frontière (MSF) – lire ici-, Casques bleus, médiateurs, étaient honorés, car ils représentaient le consensus pour la Loi Humaine, la Charte de l’Onu, le Droit humanitaire international, les Droits de l’Homme – c’est dans ce contexte que Radio Univers est née, je dis ça en passant. Aujourd’hui cet ordre est bafoué, tourné en ridicule par un paysage médiatique saturé de haine, qui cherche à écraser toute revendication légitime d’égalité. Pourtant, ils existent encore, ces hauts responsables de l’Onu qui n’ont cessé de lancer des alertes, puis de dénoncer preuves à l’appui le génocide en cours et les crimes de guerre – lire ici-, et ces humanitaires qui, quoi qu’il leur en coûte, s’accrochent sur les terrains de guerre où quatre-vingt-dix pour cent des hopitaux sont hors service. à écouter ce témoignage à l’Assemblée nationale en 2024, ici.
Ce qu’ils ne cessent de rappeler c’est que la démocratie n’est pas seulement une affaire de procédure ou de vote. Elle est aussi l’expression d’une « culture » qui défend la dignité de tous, dans la vie comme dans la mort.
Or à Gaza, nous nous rapprochons pas seulement d’une extermination – lire ici-, mais à un effondrement culturel. « La guerre n’a jamais été aussi visible, et elle n’a jamais été autant été faite aux populations. On n’est pas du tout dans cette imagerie de la guerre propre qui laisserait croire qu’on ne touche pas les civils. Les images des civils tués à Gaza circulent comme jamais à travers les médias et les réseaux. Cela ne veut pas dire pour autant que la capacité à mettre à part est abolie. On peut tout à fait voir des images d’enfants tués en Palestine, être indigné moralement par cette violence, mais ne pas faire le lien entre cette violence et la manière dont elle est alimentée ici même. » nous dit la philosophe de 32 ans, Déborah V.Brosteaux dans un entretien à Libération ce jour. Elle est l’auteure de « Les désirs guerriers de la modernité« .
L’histoire rapportera quelles ont été les étapes de cet engrenage de la mort, mais les violations répétées du cessez-le-feu signé en janvier 2025, le blocage de l’aide humanitaire, qui vise à affamer délibérément une population déjà décimée, la poursuite de la colonisation en Cisjordanie au moment même où les bombes pleuvent à Gaza, et le bombardement de l’Iran relayé par Trump en piétinant le droit international, n’a fait que rendre plus explicites encore ce qui semblait à l’œuvre dès les premiers temps de l’action militaire israélienne. Notons encore : « Israël a bombardé 6 pays/territoires en l’espace de 5 ans, ce qui a nécessité un déploiement phénoménal de bombes et de missiles. Qui livre des armes à ce pays qui viole systématiquement le droit international? » C’est par ici.
Un livre majeur sorti en 2002 – c’est dans ce contexte que La Chronique d’ici-même est née, je dis ça en passant- Modernité et Holocauste, de Zygmunt Bauman, évoquait la Shoah en montrant combien l’efficacité des crimes de masse était indissociable de la modernité industrielle et, notamment, de l’héritage de l’économie politique. « Il analyse la rencontre unique entre des facteurs » normaux » du processus civilisateur et une forme particulière de criminalité » (extrait de sa présentation).
Le sociologue allemand montre que l’“holocauste”, le génocide des Juifs d’Europe par les nazis, est un « essai d’ingénierie sociale » dont la possibilité s’accorde pleinement avec la modernité. Loin de s’opposer aux valeurs et aux pratiques de la modernité, ce sont précisément les normes et les institutions de la modernité, politiques, scientifiques, technologiques et bureaucratiques, qui ont rendu possible l’holocauste.
Ainsi pour lui, à l’appui de ses travaux de recherche, l’holocauste manifeste une grande rationalité: une efficacité technique et bureaucratique, l’absence de déchaînement pulsionnel, la conscience du travail bien fait, le caractère logique du passage de la purification par l’éloignement à l’extermination, l’idée de la conformation volontaire de la société à un plan idéal (un monde racialement pur), etc.
Dans le contexte qui est le nôtre, je dis ça en passant…
D.D
Ce qui a été et dit ici-même autour de Gaza. Ainsi qu’autour de Zygmunt Bauman.