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Entre le dard et le visiteur. N°584

Écrit par sur 19 juin 2013

Une sortie. Un samedi dans la campagne de Pleine-Fougères. Pour une visite chez un apiculteur. De ses ruches, de ses pots à miels variés , de ses pâtisseries. Et de son plaisir sensible. Ça ne paraît rien et pourtant ça remet les choses d’aplomb. Parce que sans les abeilles n’est-ce pas, ne resterait plus grand chose dans les rayons de supermarchés comme l’indiquent ces photos-ci.

Entre le dard et le visiteur, observateur placide sous la protection d’une combinaison, l’apiculteur nous avise qu’il convient de prendre au sérieux l’hypothèse d’une disparition des abeilles. A quoi sont-ils utiles ces insectes ? Une bagatelle. La pollinisation de 35% des volumes produits par l’agriculture, et 80% des espèces cultivées et des fleurs ! Leur extinction provoquerait un bouleversement sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

Attention, l’hypothèse n’est pas délirante. Elle déborde ainsi le seul cercle des apiculteurs ( seulement 6 professionnels en Ille-et-Vilaine !). Suffit de savoir que c’est déjà mal barré aux Etats-Unis. L’on y parle d’un « syndrome d’effondrement des colonies ». Paraît là-bas que l’on retrouve des ruches désertées. À l’extérieur, pas de cadavres. À l’intérieur, une reine en bonne santé, des larves viables et une poignée de jeunes adultes affaiblis. Mais nulle trace des autres ouvrières. Phénomène, dont l’ampleur devient épidémique, restant inexpliqué. Les services vétérinaires semblent désemparés face à cette maladie émergente. D’ailleurs les chercheurs l’étudiant sont bien rares. Et forts peu indépendants.

Entre terre et ciel, maintenant tout le monde sait qu’il faut réduire l’usage des pesticides. Contrairement à ce que nous amèneraient à nous faire croire les firmes agropharmaceutiques. Responsables des régions de monoculture. Nous poussant droit vers un monde sans fleurs, sans fruits ni légumes. Dans des régions de Chine des agriculteurs sont obligés d’employer des centaines de personnes pour polliniser eux-mêmes les fleurs des poiriers…

Mais ça continue d’asperger sans scrupule. Ne savent pas eux-mêmes ces agriculteurs la nature de leur mélange. N’ont pas pris encore conscience que la survie des abeilles – qui sont totalement démunies vis-à-vis de ces produits toxiques, leurs facultés d’adaptation sont zéro – ne repose que sur leur appréciation souveraine. Considérant l’absence quasi-totale de contrôle ! Ces états de fait dû à leur tenace abrutissement ont des conséquences. Tant pour nous des états que des devenirs. Morbides. En fait, ça continue à faire comme si de rien n’était. Pourquoi se gêner.

De plus, ça se corse. Si l’on ajoute cette pluie qui traîne. Une menace directe pour ces butineuses qui n’ont du coup plus accès à leurs champs de fleurs. Parce qu’ils ne fleurissent plus. Du moins, beaucoup moins. Phénomène climatique nouveau. Dû probablement à ce réchauffement climatique. Qui bloque la circulation des masses d’air. Du coup celles-ci se déplacent moins vite. Font du surplace. Alors les périodes de tempêtes sont plus longues qu’avant, et la pluie n’en parlons pas…

Sur les côtes bretonnes les pêcheurs constatent l’apparition en grande quantité de poissons disons méditerranéens. Du côté de Vannes, ils en pêchaient de temps en temps. Désormais c’est courant. Et leurs collègues de la côte nord en pêche à leur tour. Sur Rennes, il est constaté une augmentation moyenne de température sur l’année de + 1,8°. Voir prévision alarmiste pour les pays du Sud.

Bon, eu égard d’une part, à notre vulnérabilité partagée, étant liés aux autres vivants puisque habitant le même monde, par interactions durables entre organismes vivants ; et d’autre part, à défaut de ruches et d’un avenir d’apiculteur amateur, plutôt concerné par ces autres manières de faire habitat et admiratif de ces habiles apiculteurs, minutieux miniaturistes, je pense depuis mon retour de cette visite qu’héberger chez soi des abeilles sauvages dans un nichoir c’est peu mais déjà ça. Et qu’accroître sa production de fleurs mellifères (romarin, chèvrefeuille, clématites ou arbres fruitiers) qui fabriquent du nectar, substance essentielle pour elles, c’est encore beaucoup mieux. D’accord, sommes loin d’en être sorti, je sais. Mais il y a au moins de la fraternité entre espèces là-dessous.

D.D


Les opinions du lecteur
  1. Françoise   Sur   19 juin 2013 à 19 h 20 min

    « …tout le monde sait qu’il faut réduire l’usage des pesticide »…

    Je vais te raconter une histoire:

    On avait repéré une voiture stationnée dans un petit chemin en bas de chez nous. Amoureux en camping sauvage?
    Au bout d’une dizaine de jours, une voisine a croisé les occupants de la voiture: une jeune femme, Marguerite, et ses quatre chiens.
    Marguerite lui a alors confié que si elle ne partait pas dès le lendemain, le garde champêtre-qui-pue-qui-pette-qui-prend-son-cul-pour-une-trompette viendrait la verbaliser : 700€ d’amende…( Il n’a pas pensé à lui dire que les restos du coeur sont encore ouverts le mardi et le vendredi…)

    Coup de téléphone au garde champêtre-qui-…qui promet : « oui, d’accord, le temps de l’aider à déposer sa demande de déclaration de…etc…puisque vous vous portez garante de… » Une semaine de répit!

    Le lendemain midi alors qu’on lui porte une ration de poulet-frites offerte par la charcutière du coin : Marguerite a disparu. Une chose me semble étrange: un petit panier de tomates que je lui ai apporté la veille, est là, intact dans les fougères ainsi qu’un gros sac de croquettes à chien.

    Mardi dernier, j’apprends la raison de sa fuite : L’agriculteur dont les champs bordent le petit chemin où elle était garée, le même agriculteur qui avait porté plainte pour la faire déguerpir, ne la voyant pas vider les lieux au jour J promis par le garde-champêtre, est venu avec son tracteur et son pulvérisateur à pesticides et a abondemment pulvérisé les abords de la voiture…

    « J’ai vite rentré les chiens dans la voiture, me raconte-t-elle les larmes aux yeux, c’est une odeur incroyable, vous savez!…J’ai eu le temps de récupérer mes vêtements qui séchaient, ils étaient plein de produit, je suis allée les rincer au robinet du cimetière…Il avait aussi arrosé les tomates et les croquettes des chiens… »
    (Du coup, j’ai aussi mis cette « histoire » dans Portnawak: « arme chimique)

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