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Erri De Luca, « Événements. » N°1020

Écrit par sur 24 novembre 2021

L’histoire des grands événements étudiés à l’école comportait les noms habituels de reines, rois, généraux, ministres. Sans savoir pourquoi, j’ai fouillé dans ma mémoire, me sentant indifférent et même insignifiant.

Dans les marges, nous avons étudié des personnalités isolées qui suscitaient mon admiration : Maria Curie, Alessandro Volta, Luigi Pasteur qui, en 1885, a expérimenté le vaccin contre la rage. Ils ont exploré la science pour le bénéfice de l’espèce humaine.

J’étais un enfant lorsque la polio tuait ou paralysait des générations de mes pairs. Ils l’ont aussi appelé paralysie infantile.

Homme au sourire avenant, Abram Saperstein, né en Pologne, émigré aux Etats-Unis sous le nom d’Albert Sabin, sort d’un laboratoire de l’Ohio avec la formule du vaccin contre la polio. Ce sauveur d’enfants a fait plus que cela : il ne lui a pas imposé de brevet, permettant au monde entier de le développer gratuitement.

Les sociétés pharmaceutiques d’aujourd’hui font des profits colossaux avec les vaccins contre l’épidémie actuelle. L’exemple d’Albert Sabin ne les touche pas et ne les inspire pas vers les pays pauvres qui ne peuvent pas se permettre de faire des dépenses à grande échelle. Aucune opinion publique ne censure ces fabricants ou ne les embarrasse en les obligeant à réviser la ligne de profit maximum.

J’ai grandi à une époque reconnaissante envers les vaccins et les scientifiques qui les ont développés. Pour moi, découvrir le bras contre une épidémie mortelle est une obligation due à la communauté à laquelle j’appartiens, pas une option.

J’avoue ne pas comprendre une partie de la modernité qui s’en méfie au point de les rejeter et de les contester. Même s’il s’agit d’une petite minorité, cela reste incompréhensible, une bizarrerie comme se tourner vers une sorcière plutôt que vers la médecine.

En 1957, Mario Monicelli réalise le film « Le docteur et le sorcier », avec Vittorio De Sica et Marcello Mastroianni. Je recommande de le regarder, pour se détendre. »

Erri De Luca, écrivain – sur le blog du site de sa fondation, le 23.11.2021.

ici

Bon, je vous l’accorde, il eût mieux valu montrer ici ce film avec doublage plutôt qu’en langue locale. Pas trouvé. Pas grave, tout n’est pas perdu, ça dépayse. Quoique si proche puisque la « bizarrerie » reste la même quelque soit l’ethnologie locale.

Qu’elle soit de tel coin du monde ou d’un autre, dans le même temps mondial des tourbillons des flux, des vivants, des vols et des conversations, comment comprendre la stabilité d’une constance de rejet de la médecine devant ce risque maximal d’une épidémie mortelle ? Et à la fois, comment comprendre notre vertigineuse indifférence d’esclaves volontaires face à ces profits colossaux avec les vaccins ?

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de la vaccination. Ainsi qu’autour d’ Erri De Luca.


Les opinions du lecteur
  1. FRANÇOISE   Sur   25 novembre 2021 à 11 h 30 min

    « notre vertigineuse indifférence d’esclaves volontaires face à ces profits colossaux avec les vaccins ? »dis-tu…
    Fastoche ! Parce que tu crois que lorsque tu prends ton téléphone, quand tu te connectes ici-même, quand tu montes dans ta voiture pour aller remplir ton caddy, quand tu ouvres le robinet, quand tu allumes la lumière…tu ne contribues pas aux « profits colossaux » de tous ces grands groupes en te livrant en même temps pieds et poings liés aux « oligarchies bureaucratiques, managériales et financières » ?
    Dans le texte de La Boétie sur la « Servitude volontaire », et celui de Marcel Conche tu remplaces « tyran » par « grands groupes » du secteur que tu veux, agro-alimentaires, pharmaceutiques, télécommunications, énergie …il faut dire maintenant « transition énergétique »…etc…
    La Boétie : La tyrannie s’assimile à une pyramide fondée sur le contrôle social: « cinq ou six ont eu l’oreille du tyran […]. Ces cinq ont six cents qui profitent sous eux, et qui font de leurs six cents ce que les six sont au tyran […] ces six cents en maintiennent sous eux six mille… ».
    Marcel Conche résume cette pyramide des intérêts en une formule : « le tyran tyrannise grâce à une cascade de tyranneaux, tyrannisés sans doute, mais tyrannisant à leur tour ».
    Tiens, c’est ballot, La Boétie est mort à l’âge de 33 ans, de la tuberculose…pas de soumission volontaire au vaccin à l’époque …
    Mais je voudrais ajouter ceci, de Castoriadis dans La montée de l’insignifiance

    « Or il est évident que l’ultime vérité de la société occidentale contemporaine est la fuite éperdue devant la mort, la tentative de recouvrir notre mortalité, qui se monnaie de mille façons …»

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