Marc Pataut, » En plus de l’oeil, tentatives photographiques ». N°1227
Écrit par admin sur 19 novembre 2025
« Faire de la photographie, mais selon le modèle de la sculpture, avec le corps ; faire de la photographie, mais aussi ne pas en faire, prendre le temps et courir le risque d’en faire avec d’autres, ou de la laisser faire par d’autres ; envisager la photographie comme une activité plutôt que comme une œuvre personnelle. Marc Pataut est né en 1952 : il fait partie de la génération des années 1970, mais il est silencieux et fidèle à ses origines populaires. Il a très vite compris qu’il détenait un pouvoir : celui de créer des situations et d’en faire surgir de l’art. Il pense son activité comme une série d’expériences qui visent à montrer que de l’art surgit à la condition qu’une rencontre ait lieu. « ainsi en parle Sandra Alvarez de Toledo pour Peuple et culture Corrèze.
Tout est dit. Et ça change tout. Ce n’est pas un photographe comme tant d’autres autrement plus médiatiques, pas même des photojournalistes référencés par le festival photo de La Gacilly.
Car ce dont on parle s’inscrit dans l' »Art et éducation populaire « . Dont la quintessence est inconnue des galeries et revues photo. Ecoutons encore : « Quarante ans d’activité ont donné lieu à des milliers d’images soigneusement archivées par projet, et ont défini une pratique artistique absolument singulière, qui revendique les aspirations les plus puissantes et les plus émouvantes des mouvements d’éducation populaire. Éducation populaire au sens le plus fort et non dévoyé par la pseudo-démocratisation de la culture : celle qui croit dans l’art comme écart, pour le pouvoir qui est le sien de déplacer les individus des lieux où la société (et a fortiori la société néo-libérale) les assigne, quand elle les assigne quelque part (ailleurs que derrière des murs). Cette exigence l’a tenu à l’écart des lieux de consommation culturelle ou des lieux trop marqués par le strict engagement social. »
La visite de l’expo est assez déroutante, convenons-en, d’autant que pour Marc Pataut, « les images sont des mots ». De noir et de blanc, c’est le cas de tout. Elle se décline de la micro-image au carrément grand format d’affichage de boulevards périphériques. Inséparable de la question commune à tous-tes : comment habiter le monde. De surcroît ici dans le cas « des précaires et des invisibilisés ».
Si mon regard s’est posé sur la chose visuelle, il m’est venu à l’esprit ce qu’a écrit l’écrivain anglais John Berger. Avec le besoin, entre deux cimaises, qu’il nous prête son regard sensible. Et, soudain, l’on touche du doigt la relation : voir ici. Tellement que, hors de toute analyse d’image, La Chronique d’ici-même soutenant l’oeil de l’observateur, tente alors d’en renforcer le panoramique en y joignant ce beau texte : Survivre aux murs, par John Berger (Le Monde diplomatique, décembre 2004) – lire ici.
.Cela se tient au Centre d’art GwinZegal de Guingamp – une ancienne prison à double mur d’enceinte, dit au passage- et l’exposition est titrée : » En plus de l’oeil, tentatives photographiques de Marc Pataut ».
