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Médiathèques. N°587

Écrit par sur 10 juillet 2013

Dans tous ces bourgs d’Ille-et-Vilaine que je visite depuis quelque temps -si les anciens m’apparaissent toujours autant bien faits, et parfaitement dessinés du point de vue urbanistique et architectural, par le temps, la vie, les usages. (voir Chronique n°583)-, comme un flâneur parti en exploration j’observe l’émergence ou du moins l’affirmation physique d’un réseau de lecture publique par l’implantation partout de médiathèques/bibliothèques municipales qui sont souvent situées en leur centre même. La plupart du temps elles ont nécessité la restructuration d’un bâtiment ancien en en changeant bien sûr sa destination.

Comme l’indique les textes qui suivent, ça répond à une planification d’Etat du rapport au savoir relayée localement : « En France, la lecture publique des vingt dernières années a été marquée par la multiplication de créations de médiathèques. Cette évolution massive ne s’est pas accompagnée d’une multitude d’enquêtes afin de cerner quels en ont été les effets sur le public comme si la création de ce type d’équipement s’imposait indépendamment de son effet sur le public. »

« Une bibliothèque, par sa taille et sa fonction sociale, peut devenir, si l’on y prête attention, un élément structurant du développement urbain d’une ville. Les bibliothèques sont en effet susceptibles d’être parties prenantes de la réactivation identitaire locale, de représenter le renouvellement d’une promesse de nouveau développement microlocal, voire de redéfinir l’urbanité de la ville. Ainsi, une bibliothèque peut porter en elle un renforcement ou une « re-création » identitaire, dès lors qu’elle occupe un espace ayant rempli une autre fonction auparavant. La construction et la modernisation de cet espace peuvent devenir porteuses d’une identité renouvelée, si tant est qu’elle respecte pour une part l’architecture de l’ancien lieu. »

La prose de source institutionnelle écrit encore ceci : « Par l’ensemble des signes qu’elle émet et les enjeux sous-jacents d’image et d’urbanisme qu’elle porte, la création d’une bibliothèque constitue une décision éminemment politique. C’est une certaine idée de l’homme dans la cité que l’on véhicule, une certaine idée de la tolérance, du débat d’idées. La présence dans une ville d’une bibliothèque n’est pas chose anodine, elle fait partie des éléments qui structurent à moyen terme une population et une cité. Cet apport est lié à ce que donnent à voir, à découvrir, les bibliothèques, c’est aussi la réaffirmation d’un contrat social selon l’accueil, l’organisation et les possibles qu’offre la bibliothèque à sa population. Les signes peuvent être élitistes ou au contraire universels. Pour toutes ces raisons, il est clair que la programmation, la réalisation architecturale et le règlement constituent des objets politiques à part entière, car ils vont construire à moyen et long terme un rapport au savoir, un rapport à la lecture, qui détermineront pour une part non négligeable le devenir d’une population et d’un territoire tout entier.
Prendre en compte les problématiques identitaires et urbaines dans la création d’une bibliothèque n’est pas seulement valorisant pour le politique, cela l’est aussi pour la lecture publique. En effet, les bibliothèques de Sotteville-lès-Rouen et de Mérignac, qui ont pris en compte l’ensemble de ces facteurs, obtiennent depuis plusieurs années plus de 30 % d’inscrits. Autrement dit, la lecture publique ne doit pas seulement s’affirmer dans une logique culturelle mais aussi dans une logique de ville ».

Bon, et la logique de ville en elle-même est-elle perceptible ? Voilà bien l’ennui. Il aurait pu être ajouté : ainsi la lecture publique pourra-t-elle peut être répondre suffisamment à la nécessité, vitale pour l’homme, de réenchanter un monde devenu littéralement inhabitable. Parce que dans ces villes « qui se développent » (c’est-à-dire proches d’un grand axe routier) il se fabrique d’étranges quartiers prometteurs en terme d’ennuis et de solitude, de peur et de vide culturel. Une pseudo-urbanité qui ne trompe personne mais afflige tout le monde. A l’ère de la marchandise, l’urbanisme capitaliste et de son travail de destruction de la société et de la nature, qu’est-ce que ça produit ? Dispersion, étalement -lotissements proliférants, multiplication d’alvéoles, de privatisation de quartiers (fermés sur eux-mêmes), de systèmes de protection. Où l’on y constate « l’impasse du repli identitaire ghétoïque » comme le disait Dollé. Au point de prendre peur.

Dans une logique de ville… la lecture publique ? Jean-Paul Dollé disait « Il n’y a pas d’objet ville à connaître, à bâtir et à légiférer. Il y a des positions (philosophiques, politiques, psychiques) à prendre -qui concernent la réalité, mais surtout l’imaginaire et le symbolique de la ville. » (Métropolitique).

A cet égard, je pensais à notre CD des Polyphonies de Mars (une co-édition Maison de la poésie de Rennes/Radio Univers). Accessible à l’emprunt et la consultation dans chacun de ces lieux déterminants. En prise donc un peu sur le quotidien. Et ses développements.

D.D


Les opinions du lecteur
  1. françoise   Sur   11 juillet 2013 à 18 h 59 min

    Je viens de lire cette phrase de Régis Debray « …Cela peut également faire comprendre aux élèves qu’il faut rendre à la culture ce qui est à la culture et au culte ce qui est au culte », peu importe le contexte, il y était question du fait religieux, de la laïcité etc…mais l’inculte que je suis-je n’avait jamais mis en miroir : ces deux mots « CULTE » et « CULTURE »…
    Alors « tes » médiathèques ne sont-elles pas les nouvelles cathédrales ?

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