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Où la campagne est riante. N°583

Écrit par sur 12 juin 2013

Pas la peine de considérer, par principe, cette chronique-ci comme passablement « passéiste » à partir du moment où je me permets de dire haut et fort que ces villages, ces bourgs anciens de fond de campagne d’Ille-et-Vilaine que je visite depuis quelque temps m’apparaissent beaux, bien faits, parfaitement dessinés du point de vue urbanistique et architectural. Par le temps, la vie, les usages. Constitués de pierre et de grands arbres.

Aujourd’hui totalement désertés ou presque. Depuis que l’activité rurale paysanne s’est réduite à peau de chagrin. Bien que le Département d’Ille-et-Vilaine tente de les ravigoter par l’implantation de belles médiathèques parfaitement insérées dans le bâti existant.

Pas la peine de considérer, par principe, comme nécessairement « passéiste » mon attachement à ces lieux où l’on sent qu’on peut facilement bien y vivre. Doucement. En autant de lieux de contacts, de croisements, de rencontres – rues, places, etc. Où la campagne est riante. Du coup, paraît incompréhensible ce processus historique de fuite en avant vers autre chose que l’on ne peut pas nommer la ville, mais plutôt -pour reprendre l’expression de Jean-Paul Dollé– le « rien ».

« Nulle part mieux que dans l’˝immobilier˝ ne se montre cette transmutation métaphysique qui transforme la chose en ˝produit˝. En effet, pour que l’immobilier devienne une activité hautement rentable, il faut qu’au préalable se modifie radicalement la conception que les mortels se font de l’essence de l’espace et changent en conséquence leur manière d’habiter sur terre et de construire leur habitat. » disait-il.

Avec cette « perte des liens de communauté et de voisinage qui représente, à coup sûr, l’un des aspects les plus dévastateurs et les plus déshumanisants du programme libéral. » se dissout ainsi « tout sentiment de continuité historique, toute notion d’espace public et toute référence à une véritable temporalité commune » . (Postface de Jean-Claude Michéa -Christopher Lasch & Cornélius Castoriadis- la Culture de l’égoïsme).

Voyons enfin ce que l’on voit. Ce constat n’a rien à voir avec un simple regret nostalgique du monde qui fut. Disparition des commerces. D’où départ des habitants. Ou bien est-ce l’inverse. Finalement l’on ignore dans quel ordre. Mais paraît que le week end il y a des marcheurs…en de biens beaux décors.

Ainsi assiste-on à cet étrange paradoxe de voir ce département s’enorgueillir de son dynamisme (« Nous sommes devenus millionnaires en termes d’habitants »-J.L Tourenne, président du CG 35) tout en dissolvant dans le même temps le fondement premier du lien social tel qu’il se manifestait de façon privilégiée dans la vie quotidienne des bourgs de campagne.

Mais m’a-t-on chuchoté à l’oreille: en cette saison, les arbres rigolent de tout ça. Savent eux, avec quelques autres encore, que dans deux mois les jours diminuent.

D.D


Les opinions du lecteur
  1. françoise   Sur   13 juin 2013 à 18 h 58 min

    « dans deux mois les jours diminuent »? mais qui t’a si mal renseigné? Dans 8 jours exactement!
    En attendant:
    « Y a la nature qui s’tape un bol
    à la santé du rossignol
    c’est l’printemps »…(Léo Ferré)

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