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Solidarités. n°17

Écrit par sur 5 mai 2010

Est-il encore nécessaire de parler de la crise ? On sait ce qui vient. Les images des manifestations et des affrontements avec la police qui nous parviennent de Grèce ont pour pendant celles des courbes en chute libre des graphiques boursiers. Tout cela, certains l’avaient dit, décrit et anticipé : le statu quo dans l’organisation économique et politique de nos sociétés n’était pas tenable.* La logique du capitalisme menait nos sociétés à la faillite si il n’était pas entravé, si on ne posait pas quelques règles et interdits nécessaires. Cela n’a pas été le cas. La faillite est donc ce qui est en train d’advenir. Signes que cette crise se trouve à un stade aigü, désormais les commentateurs officiels, toujours en retard de plusieurs saisons, sont sur le pont pour relater la situation, usant de milles adjectifs aussi angoissants les uns que les autres, et cela tout en appelant à garder son sang-froid. Autre chose étonnante, il faut que la crise passe à la télévision, que ce soient les gouvernements qui en parlent ou qu’on la retrouve dans ces graphiques boursiers pour qu’elle devienne enfin réelle dans les esprits. Pourtant on la connaît, on la voit, on la vit depuis longtemps maintenant : précarité, licenciements, exclusion, sans logements, c’est cela la crise. Alors qu’on la retrouve enfin dans les cours de la bourse ne signifie rien d’autre que le fait qu’elle accède à sa dimension spectaculaire… O miroir, mon beau miroir…

Ici le discours peut paraître froid et désabusé, il n’en est rien. Nous répétons ce qui a été déjà dit sur ce site, nous sommes solidaires du peuple grec. Nous sommes solidaires de leur révolte. Nous mêmes, nous sommes de leur révolte. Comment pourrait-on ne pas l’être alors qu’on nous fait payer un jeu auquel nous n’avons jamais voulu jouer ? En effet les gouvernants actuels ne trouvent rien d’autre comme solution que d’enfoncer encore plus ceux qui sont déjà dans la crise. Peut-être pensent-ils que c’est la manière la plus appropriée de sauver leurs places. Pas sûr que ce soit la meilleure idée. En attendant ce qui nous est imposé, c’est ce que disait une phrase qui circulait il y a quelques temps dans les rues : il nous est désormais donné « d’habiter l’effondrement de l’économie ». A un moment où le système tremble de tout son être, où les banques, qui ont une telle emprise sur nos vies, menacent de s’écrouler, il va de soi que toutes les pratiques développant l’autonomie individuelle et collective vis à vis d’elles ont de l’avenir. On répète souvent que nos sociétés se caractérisent par un individualisme forcené, mais on oublie par là que nous n’avons jamais été aussi dépendants des institutions, qu’elles soient privées ou publiques. Que cela aille des supermarchés aux administrations, des divertissements aux banques, la vie contemporaine est inscrite dans un réseau institutionnel très serré. L’individu, aujourd’hui, se retrouverait aussi nu qu’un nourrisson si elles étaient amenées d’un coup à faire défaut. Aussi, répétons-le, il s’agit ainsi de développer tout ce qui nous rend capable de faire sans ces institutions, en premier lieu les banques. Ces pratiques d’autonomie, matérielles et autres, ne signifient sûrement pas un repli sur soi ou une volonté de faire bande à part. Au contraire, ce sont les solidarités, le partage, l’entraide, l’humour qui sont susceptibles de nous aider et de résister par ces temps difficiles. Alors courage !

* « La rationalité du capitalisme », C. Castoriadis

M.D


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