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Va toujours. N°495

Écrit par sur 14 septembre 2011

Ce qui m’a plu. La foire de Lessay en Cotentin dans la Manche. C’est une découverte. Paraît que ça dure depuis toujours. On dit qu’elle est millénaire. Paraît même que les historiens n’ont jamais pu se mettre d’accord sur les origines précises du grand rassemblement qui date à coup sur du Moyen Âge.

Sur la lande, des milliers de déballeurs et démonstrateurs et des centaines de milliers de visiteurs. Paraît qu’on en a vu qu’un quart. La foire aux chevaux poneys ânes, foire aux chiens et bovins, fête foraine et foire commerciale, rôtisseurs et grilleurs ! Pour le reste, on reviendra. Parions que des plus anciens disent qu’elle n’est plus comme avant et que les traditions se perdent. Fallait s’y attendre. N’empêche. Respirer, à pleins poumons, à l’heure du déjeuner dans l’allée des rôtisseurs, là ça reste quelque chose qui remonte à la nuit des temps. Pas moins. Agneaux rôtis à la broche sur feu de bois et bassines de frites au menu, ça vaut son jus. Paraît que le vendredi, la foire regroupe plus d’un « millier d’équidés » (le matin) et plus d’un « millier de chiens ». Et le samedi, c’est la foire aux bovins, ovins, caprins, porcins et chiens, sans oublier tous les volatiles. Mais nous y étions le vendredi. Pour les ânes et les poules. Un plaisir! Peut être bien que ça nous ramène des siècles en arrière. Tout y est ancré au sol, bêtes et hommes. Costauds, rustiques. Tout s’y négocie main à main. Va toujours.

Ce qui me fâche. Alors là c’est fini. Fini vraiment. Officiellement il vient d’être déclaré la fin de cette longue histoire entourant le fameux nuage radioactif de Tchernobyl qui s’était arrêté à la frontière. Donc, maintenant, là c’est une vraie vérité véridique puisque l’Etat vient de le déclarer. Mensonge d’Etat ? Niet ! N’a jamais existé ça. Le professeur Pellerin déclarant que le fameux nuage n’avait pas passé la frontière franco-allemande, eh bien non ! Ce qu’on a tous vu et entendu n’était finalement qu’une vaste hallucination collective. Il n’y aura pas de procès.

Et ça c’est un événement majeur. Tout ce qu’on disait à l’époque des grandes manifestations anti-nucléaires de la fin des années 70 avec nos petites pancartes (d’ailleurs à quelques kilomètres de Lessay, côté Flamanville et La Hague) s’est avéré juste. Là où s’implante le nucléaire, la démocratie s’efface. Le totalitaire prend place. Lire ici le blog de Michèle Rivasi.

Seconde intox. Prix du carburant. L’on vient de nous informer qu’on « avait trouvé du pétrole en Guyane ». Donc qu’il fallait s’en réjouir nous Français. Total a trouvé du pétrole ? Oui. Et compte aspirer goulûment ces ressources naturelles. Total et Shell se frottent les mains. Les deux groupes pétroliers ont annoncé, vendredi 9, avoir découvert du pétrole pour la première fois au large de la Guyane. L’or noir a été trouvé en eaux profondes à la grande inquiétude d’écologistes. « Nous sommes satisfaits des résultats préliminaires du premier forage exploratoire jamais entrepris au large de la Guyane française », a affirmé un responsable du département exploration de Shell. La « major » anglo-néerlandaise, qui détient la principale part (45%) du projet, a indiqué qu’il était trop tôt à ce stade pour évaluer les réserves, mais que les premiers résultats étaient « encourageants ». A cette annonce médiatique, on a cru que la France venait de gagner l’eldorado. Observons néanmoins que ce sont des sociétés de droit privé. Qui vendront leur pétrole au cours du marché. Point. Pas de cadeau à faire aux Français . D ’ailleurs Total ne paie pas d’impôts en France. C’est déjà ça de pris. Et même le permis d’exploration guyanais est exploité par la compagnie britannique Tullow Oil, qui détient 27,5% du projet.

Troisième intox. Prix de l’électricité. EDF est privatisée. Elle est dans le champ concurrentiel. Donc face aux autres sociétés qui présentent d’autres systèmes de chauffage, dans le cadre d’une concurrence dite « libre et non faussée ». Toutes les charges doivent être incluses et répercutées dans le prix de vente. Il devra donc être inclus les coûts de démantèlement de ses centrales et du retraitement de ses déchets radioactifs. Bonjour le prix du kilowatt! Je renvoie à la lecture de cette chronique-ci.

Bon, j’arrête là. Je laisse l’état des choses existant.

Ce qui m’épate. Parlons de nous, ça arrive d’en avoir envie. Retour sur les sonorités et sur le rythme. Notre petite mélodie offerte, porteuse d’un « sens ».

Pour résumer les choses, comment nous sommes-nous pris pour créer une radio locale indépendante alors que les moyens pour le faire étaient inexistants ? Pour acheter un émetteur italien et ses antennes, trois micros Beyer qui nous servent toujours, une platine CD et cassettes, et une petite table de mixage, le tout d’un montant à l’époque de 35 000 Francs d’époque ? Eh bien en contractant un emprunt dont nous nous portions caution à 5. Fauchés donc forcés d’emprunter. Voilà c’est tout.

Dans les premiers temps nous avions les mêmes conditions techniques que la plupart des radios libres. Mais auxquelles bien peu ont résisté. Très vite des requins, voyant l’argent qu’il y avait à se faire dans ce nouveau créneau, n’hésitèrent pas à se vendre corps et âme aux régies publicitaires, tandis que d’autres, nombreuses, plus petites, cessèrent d’émettre. Radio Chantepleure a survécu à cette rude compétition et continue à défier les règles de l’économie du loup dans la bergerie. Déjà pas mal de temps qu’on figure chez les pionniers.

Sans aide ni soutien, comment se fait-il que ça tienne là où c’est? Y a quèque chose là-d’ssous ! Oui, l’esprit teigneux qui est le nôtre est la seule raison à cette durabilité. Pleine de ruades. Notre insistance aidant. Quand la quasi-totalité des radios prônait un développement d’une communication sociale émancipée du rouleau compresseur publicitaire et des compromissions politiques, peu d’entre elles ont su résister.

Notre radio changea de nom en 1986. Optant pour Univers fm. Nous en sommes aujourd’hui à Radio Univers.

Evidemment, la plupart de l’équipe d’origine a laissé tomber, normal, ça use. Mais heureusement, la souche reste. Puis est advenue une nouvelle génération apportant avec elle plus de technique « son » et plus de contenu « réflexion » (du latin reflexio). Fallait.

Et puis il y a eu la création de ce webzine qui remonte à 10 ans. Pour une histoire qui rappelle celle des lucioles. Bras dessus bras dessous avec Lieux-dits. Il suffira de le signaler plus souvent aux auditeurs.

Ici, eh bien, radio et web réunis, ça nous donnent la possibilité de suivre et de vibrer en fonction de la folle actualité sociale-historique. Qui commence à brûler. Dont on partage le destin. Et dont on parle de manière un peu décalée. En pointant souvent les choses familières, mais le plus souvent ce qui nous étonne. Qui nous paraît insondable, tant il nous est source d’énergie (voir ci-dessus).

Bref, Radio Univers va bien. Va toujours. Remercions les auditeurs réguliers et fidèles pour certains depuis 83, ainsi que les surfeurs réguliers sur notre site qui viennent butiner quelques points de vue. Nous sommes amoureux de ce que nous faisons. Que cela se sache ! On peut nous envier.

La radio se porte bien comparée à ce qu’elle a été. Elle a connu des creux et des bosses. Aujourd’hui, à quelques fuites d’huile près, le programme musical est bon, comme en témoigne cet e-mail récent de Joël Mortensen « Juste pour vous dire que vous avez un nouvel auditeur qui a les oreilles ravies… ». Comme est bonne la diffusion hertzienne, et la diffusion sur internet. Allez ! j’admets que par moment, comme cet été, ça peut arriver que les ondes nous jouent des tours ou que les connexions s’entortillent.

Notre site internet, désormais sous forme de blog, est beaucoup plus lisible depuis qu’il a été rafraîchi en début d’année. Il met en valeur nos podcasts et autres enregistrements, c’est l’objectif que nous nous étions fixés. Je rappelle que nous avançons fièrement en toute autonomie. Des applications nouvelles devront voir le jour en fonction de la flottille d’usages numériques qui apparaissent dans l’espace social.

L’actualité est d’une richesse extrême : ça bouge partout. Très fort en ce moment. Nous avons choisi d’y apporter un regard singulier, un état d’esprit curieux et lucide. Du coup, même modestement, notre capacité à entretenir le débat démocratique n’est plus à démontrer. Comme il se doit, nous sommes exigeants sur la qualité. Nous la voulons réflexive et nourrissante. C’est tout. Pas de type « culturel » identifiable à une marque qui coupe ce qui la dépasse.

En cette rentrée, notre grille sera 100% produite par nous-mêmes, en dehors de la reprise des flashs de RFI. Et des émissions de musique classique concoctée depuis Brest, vu de la rue du Château. Voilà, pour cette rentrée nous demeurons en constante évolution. Loin de se réduire aux clichés attendus. Il y a des coups de pied aux derrières qui se perdent.

Entendez-nous bien, avec tous ces podcasts, à proprement parler, il s’agit de rencontres. Et notre palette musicale si elle est ainsi c’est pour mieux respirer l’air du monde entier. Et quoi que nous soyons installés à l’écart des villes, en douce verdure, cette radio a un désir d’urbanité, « de la fonction intégratrice, c’est-à-dire de la fonction politique de la ville, avec ses lieux de rencontres, de sociabilité, ses heurts, ses agressivités aussi. » (Jean-Paul Dollé). « Le désir de ville se conjugue toujours avec celui du grand large. » (même auteur).

D.D


Les opinions du lecteur
  1. Romain   Sur   15 septembre 2011 à 16 h 39 min

    A noter qu’en dehors du site internet, il sera bientôt possible d’avoir le titre des morceaux diffusés en direct sur l’autoradio (ce que l’on appelle le RDS ou Radiotext)…

  2. D.D   Sur   17 septembre 2011 à 3 h 02 min

    Intox, suite. L’accident de Marcoule qui vient de se produire n’a pas eu lieu dans une centrale électronucléaire d’EDF. L’Etat n’arrête pas de le répéter pour minimiser les risques réels de contamination. Par contre, sur le site de Marcoule, il existe deux réacteurs militaires Célestin (nécessaires pour créer le tritium utilisé dans les bombes thermonucléaires françaises) ; plus la vieille machine expérimentale surgénératrice Phénix, en cours de démantèlement (dont les parois de la cuve sont radioactives et qui contient encore du sodium et du plutonium, mélange explosif et hautement radioactif) et d’autres laboratoires nucléaires, tels que Atalante qui travaille sur le traitement des combustibles irradiés et l’étude sur la gestion des déchets radioactifs de haute activité et à vie longue, en particulier ceux dus au démantèlement des installations nucléaires ; sans compter l’usine Melox, fabriquant du combustible Mox (mélange d’uranium et de plutonium) employé dans de nombreuses centrales électronucléaires, y compris dans le réacteur numéro 3 de Fukushima ; et, enfin, l’usine où il y a eu l’accident d’hier : Centraco., considéré, même par l’ASN, comme dangereuse.

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