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« Brigande! », Marion du Faouët. N°898

Écrit par sur 24 juillet 2019

Marion du Faouët, de son vrai nom Marie Tromel, naquit en 1717 à Porz-en-Haie, un petit village près du Faouët, de parents ménagers. On ne sait que peu de choses de son enfance, sinon que la jeune fille apprit le français et qu’elle accompagnait sa mère dans les foires et les pardons, vendant de la mercerie, des lacets, des tresses ou des cribles pour tamiser les grains.

À 20 ans, Marie Tromel eut son premier enfant illégitime, d’une liaison avec Henri Pezron, domestique à Guéméné. Cinq ans plus tard, en 1743, une enquête fut ouverte à leur encontre : un maître tailleur d’habits, François Hellou, avait été attaqué sur la route de Priziac par une bande de malfaiteurs, armés de bâtons et de pistolets, en laquelle il avait notamment reconnu Henri Pezron et Corentin Tromel, le frère aîné de Marie ; à la foire de Croisty, entre Le Faouët et Guéméné-sur-Scorff, un dénommé Le Parlouer avait échangé à Marie Tromel un écu de six livres, qui était faux, contre six livres de liards. Marie Tromel ne tarda pas à devenir chef de cette troupe de brigands (la documentation l’atteste au plus tard pour l’année 1745) qui dévalisait les passants « sur les grands chemins du Faouët à Gourin, Carhaix, Hennebont, Pontivy et Guéméné et dans les pardons et assemblées » ; elle se fit alors surnommer Marion du Faouët ou Marie Finefont. Pragmatique, la bande s’en prenait aux paysans aisés, aux artisans, aux marchands, mais non aux bourgeois, encore moins aux gentilshommes : le risque eût été trop grand.

En 1746, Marion du Faouët, Henri Pezron et leurs associés furent arrêtés par les archers d’Hennebont après qu’une affaire eût mal tourné. Henri Pezron fut pendu à Rennes, Marion du Faouët fustigée, marquée de la lettre V et bannie hors du ressort du parlement de Rennes. Elle revint pourtant au Faouët, reforma une troupe. Condamnée une seconde fois par le présidial de Vannes, en 1748, elle fut bannie, une fois encore, à perpétuité, hors de la province. Et une fois encore, à peine sortie des prisons de Vannes, elle retourna au Faouët, et réorganisa une bande…

Les années 1748-1752 constituèrent l’âge d’or de la troupe, qui se spécialisa dans l’attaque de marchands au retour des foires, ciblant de préférence les marchands étrangers à la région. À travers les témoignages et les procédures, les anecdotes abondent sur les méfaits de la troupe et sur l’habileté de sa chef à courir les pardons en toute impunité. Marion du Faouët y est présentée comme une femme fine et prudente, dans ses interrogatoires et dans ses crimes ; elle sut jouer de la terreur comme de la bonté pour obtenir ce qu’elle souhaitait, modérant la violence de ses troupes, dispensant parfois la clémence par la distribution de sauf-conduits qui assuraient à leurs bénéficiaires une entière sécurité sur les routes à emprunter.

1748-1752 : la brigande connaissait donc ses heures de gloire. À l’écuyer attiré par les bruits et les plaintes d’un marchand de Lorient roué de coups par Olivier Guilherm, le nouveau compagnon de la chef de bande, sur la grand-place du Faouët, Marion demanda « s’il étoit vrai qu’il eût arrêté un homme de sa compagnie ». Effrayé, l’écuyer s’en alla bien vite ; et Olivier Guilherm put repartir sans encombre.

Mais une telle impunité ne pouvait durer. En 1752, Marion du Faouët fut arrêtée à Poullaouen et emmenée aux prisons de Quimper, d’où elle parvint à s’enfuir. Pendue par effigie l’année suivante, elle fut arrêtée à Nantes, en octobre 1754, et menée aux prisons du Bouffay. Avait-elle été reconnue ou, plus vraisemblablement, fut-elle prise en flagrant délit de vol ? Quoi qu’il en soit, fouillée puis interrogée sur son nom, elle répondit Marie du Faouët. Ce nom n’était pas inconnu des juges nantais et Marion du Faouët, transférée à Quimper, fut condamnée à être pendue. Après une dernière tentative d’évasion ratée, elle fut exécutée le 2 août 1755, à l’âge de trente-huit ans. » écrit Brice Evain – La seconde vie de Marion du Faouët.

Ce qui fera d’elle une figure emblématique bretonne, haute en couleur, qui alimente encore aujourd’hui l’imaginaire, c’est qu’à une époque de misère et de famine, elle redistribuait aux pauvres ce qu’elles volaient aux riches – ce qu’omet de dire l’auteur du texte ci-dessus qui s’en prend au mythe sur la base de rapports de police.

Sans quoi comment des complaintes et des récits de l’époque auraient pu contribué à entretenir sa légende si longtemps ? Comme brigande de l’époque moderne : audacieuse, courageuse, généreuse et séduisante. Très rusée et foncièrement fine – d’où son surnom en breton: Marie Finefont. Connue pour ses cheveux roux qui plus est.

« Bandit social en jupons » comme aiment à la présenter la dessinatrice Laëtitia Rouxel et le scénariste Roland Michon dans leur BD « Brigande! », Marion du Faouët, à la fois icône féministe et aventurière au grand cœur, a ainsi fait l’objet d’une recherche documentaire par les auteurs, qui retrace scrupuleusement ses aventures jusqu’à sa mort en 1755 sur la potence de Quimper.

Ceci dans la foulée de leur précédent livre « Des graines sous la neige ». Qui parlait de Nathalie Lemel, une communarde d’origine brestoise.

A écouter ici.

Avec ce point commun entre leurs deux héroïnes, l’une et l’autre ont désobéit à l’ordre établi de leur époque.

D.D


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