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« En Bretagne derrière la carte postale… » N°980

Écrit par sur 17 février 2021

L’industrie agroalimentaire n’aime (toujours) pas les journalistes qui font leur travail »

Ines Léraud, journaliste indépendante – article dans Bastamag, le 21 décembre.

Toujours debout cette exigence hugolienne que le journaliste doit être un acteur social, libre et indépendant. Le journalisme doit rester une activité sans lien avec quelque pouvoir que ce soit : politique, policier, judiciaire, religieux, économique. Au risque de disparaître sans une séparation étanche.

Il y a seulement quelques jours, Inès Léraud, journaliste et documentariste d’enquête sur les dérives de l’agroalimentaire breton, vient d’être consacrée lauréate du prix Éthique 2021 remis par Anticor, association contre la corruption et pour l’éthique en politique. La 6e récompense en un an ! Entre autres, en qualité de lanceuse d’alerte sur les pollutions et la prolifération des algues Vertes en Bretagne générées par une agriculture intensive. Ou encore sur le sort des salariés de Triskalia victimes des pesticides, voir ici. Ainsi incarne-t-elle cette exigence journalistique qui requiert clairvoyance et courage. 

Mais il est difficile cependant de garder le moral quand l’on vous fout continuellement une trouille bleue. D’autant quand on habite à la campagne et loin de tout réconfort professionnel. Et que son gagne-pain indispensable demeure son plus gros point d’interrogation. Et que se sentir « vulnérable, travaillant de manière indépendante » n’a rien d’un cliché rebattu face aux menaces, intimidations et « poursuites-bâillon ». Dont elle est victime quand elle s’immerge dans telle ou telle enquête. Humble métier freiné des quatre fers par-ailleurs par des pratiques journalistiques largement répandues de compromission – sans même se demander si c’est bon ou mauvais- afin de satisfaire actionnaire, pub, objectif d’audience, en faveur de ce secteur agro-industriel régional agissant dans le technico-mondial.

Qui, lui, aux bajoues flasques qu’on voit à la télé, grands journaux et magazines, manque de paroles pour dire ce qu’il fait et où cela mène. Mais néanmoins conscient du danger qu’il court, sans qu’il puisse se l’avouer, quand la parole se libère sur ce qui se dissimule dans ses arrières-salles bien bancales : agriculteurs sous pression, entorses au droit du travail, pratiques commerciales et managériales des patrons locaux.

Mais plus encore, ce qui gêne dans ce journalisme qu’Inès Léaud incarne, c’est le fait qu’il dénonce toutes sortes d’inégalité de situation. Or nous savons que la Bretagne a aussi une longue histoire d’organisation des inégalités entre les humains. Et que la notion « liberté, égalité, fraternité », loin d’être clairement établie et intériorisée, demeure contre-nature chez ces organisateurs-là. Comme à l’égard de la notion très simple de la dignité… Et rendre leur dignité à ces gens humiliés confrontés aux transformations du paysage social, eh bien voilà, ça écorne l’image desdits invincibles entrepreneurs conquérants.

Je ne m’attendais pas à être menacée chez moi. »

Ines Léraud, journaliste indépendante – article dans Bastamag, ici.

Dans la démesure de ceux-ci à pousser le bouchon un peu trop loin – dans leur jeu bien réglé d’obstructions, dissimulations, fausses déclarations, absences de contrôle, impunités, chantages à l’emploi – d’inévitables brèches apparaissent. La façon « Inès Léraud » – l’intruse sortie de son rôle attendu de journaliste de connivence- commence à faire école et des émules sachant qu’il y a beaucoup à faire. Comme le montre la création de cette jeune structure basée à Guingamp, Splann! (« clair », en breton), lanceur d’enquêtes en Bretagne, qui vient de lancer sa campagne de financement participatif que nous relayons ci-dessous.

D.D

 

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour d’ Inès Léraud.


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