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Mais qu’est devenu le corridor ? N°966

Écrit par sur 11 novembre 2020

S’il s’agit de préserver des vies, les vies humaines ne pourront toutefois pas être pensées toutes seules; les vies non humaines devront être appréhendées aussi tant les barrières d’espèces sont transgressées, des milieux de vie déstabilisés à grande échelle.

Fabienne Bruyère, philosophe – « Des populations sommées de survivre », paru dans L’Humanité, le 10 novembre.

Ce qui, ce jour, continuera de passer par les mots ce sont des détails d’apparence un poil technique, mais c’est ainsi que se présentent les choses, dont la connaissance est d’intérêt général pour comprendre notre proximité avec les non-humains.

Nous ne pouvons pas rester ignorants de ce qui se passe autour de nous. Pour expliquer ceci, je reprends ci-dessous les termes de la lettre citoyenne co-signée des associations régionales Bretagne vivante et Eaux et Rivières, adressée aux autorités locales.

Le SRCE (Schéma Régional de Cohérence Ecologique) est un « document cadre » (article L. 371-3 du code de l’environnement) qui, à l’échelle régionale, identifie les enjeux de continuités écologiques et définit les orientations permettant d’assurer la préservation et la remise en bon état de leur fonctionnalité.

Dans celui-ci, il y figure ainsi le CER n°16 décrit ainsi : « Connexion entre les massifs forestiers et le bocage des marches de Bretagne, d’une part, et le plateau du Penthièvre, d’autre part. Préserver la fonctionnalité écologique des milieux naturels. Il contribue aux objectifs assignés par le SRCE, au regard des corridors écologiques régionaux, pour les grands ensembles de perméabilité : n°17- du plateau de Penthièvre à l’estuaire de la Rance; et n°25 – de la Rance au Coglais et de Dol-de- Bretagne à la forêt de Chevré. »

Lors de l’enquête publique relative au projet de révision du PLU (Plan Local d’Urbanisme) de Combourg, constatant l’absence du CER n°16 des cartes annexées, des avis d’habitants ont demandé à le faire figurer sur plan puisqu’il est bien mentionné dans le rapport de présentation.

Pour rappel, le corridor écologique n°16 est un corridor d’importance régionale référencé par le décret n° 2019-1400 du 17 décembre 2019 adaptant les orientations nationales pour la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques. Car sans leur connectivité, disparaissent les habitats nécessaires aux cycles vitaux de nombre d’espèces (reproduction, croissance, refuge, etc.). L’enjeu est moins anecdotique qu’il en a l’air.

Dans le souci de son application locale, il a été appelé à être protégé à de maintes reprises. Le 31 décembre 2019, par Madame la Préfète d’Ille-et-Vilaine dans son courrier en référence au décret n° 2019-1400 du 17 décembre 2019 adaptant les orientations nationales pour la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques. Le 11 juin 2020, par la Mission Régionale d’Autorité Environnementale (MRAe) dans son avis portant sur le dossier du Projet de révision (PLU) de Combourg, étudié à la demande de la communauté de communes Bretagne Romantique (Ille-et-Vilaine). Avis ainsi formulé diplomatiquement : « Cet effort de préservation gagnerait à être accompagné d’une étude des fonctionnalités écologiques associées aux connexions, permettant une protection adéquate de celles-ci, notamment via l’usage d’un zonage dédié A ou N « corridor » – à traduire par : Espaces naturels, continuités écologiques – protéger les espèces et habitats d’espèces, maintenir des corridors écologiques).

Notons encore que dès 2016, la même préfecture avait déjà demandé au maire de la localité de protéger les secteurs de TVB (Trame verte et bleue), dont le corridor fait partie, face à l’effondrement de la biodiversité.

Or, à la lecture du projet de ce PLU soumis prochainement, pendant le confinement, à la délibération de la Communauté de communes Bretagne romantique, si certains éléments soulevés par l’avis du commissaire-enquêteur ont été pris en compte, il n’en va pas ainsi en ce qui concerne le CER n°16. Puisque la figuration cartographique du CER °16, le plus important, en est toujours absente.

En effet, ce CER n°16 y est présenté en simple zone A avec quelques bois et zones humides déjà classées, sans aucune protection de zonage N corridor, contrairement aux recommandations de la MRAe, rappelées dans l’avis du commissaire-enquêteur s’appuyant pour ce faire sur le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) du Pays de Saint-Malo, document de portée juridique supérieure au PLU.

En l’état le dossier de PLU, tel qu’il est remis par les élus combourgeois à leurs collègues de la communauté de communes, minimise sciemment le corridor régional en l’excluant de toute protection et le dévalorisant pour mieux le confondre en l’assimilant à d’autres corridors locaux de bien moindre importance.

A savoir, faire de ces espèces en voie de grande disparition, faut-il rappeler, une matière première manipulable, déplaçable sans critères, flexible, prête à s’adapter (leitmotiv de notre époque) pour composer avec le « réalisme économique ».

En clair : le collectif d’habitants pense être en présence d’une volonté d’élus locaux – représentatifs d’intérêts privés- de l’effacer en niant sa réalité, grossièrement et de façon non-justifiée. Ceci par le biais de son absence de représentation graphique avec un zonage approprié à son importance régionale, dans le non-respect de la mise en compatibilité entre SRCE et SCOT, puis entre SCOT et PLU, telle qu’elle est recommandée par la MRAe.

Tout ça, ce collectif l’a écrit et adressé à qui de droit après avoir épluché un dossier cousu de non-prises en compte des réglementations et de dissimulations d’éléments aux conséquences délétères potentiellement majeures. Pour le moins, des atteintes sérieuses aux déplacements et à l’accomplissement des cycles de vie des animaux au sein notamment de ce qui a été reconnu officiellement comme un corridor écologique.

Quel sort alors est-il réservé à ce CER n°16 ? S’il est probable que le projet de PLU soit, dans ses conditions, voté en moins de deux dans le complet déni de réalité, reste l’espoir que la révélation de notre vulnérabilité humaine soit l’occasion d’une prise de conscience sur nos interdépendances avec toutes les formes de vie et d’un désir renouvelé de prendre soin plutôt que de tirer profit.

Pour autant, le risque est grand de voir sapée – cas répandus mais mal-connus- au gré des petits arrangements dans l’entre-soi politique local, l’application de ces dispositions écologiques régionales.

Autoritarisme: ne pas laisser le virus se propager.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de Bretagne Vivante, et Eaux et Rivières de Bretagne. Ainsi qu’autour du Versant végétal & animal.


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