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Pas « bête ». N°512

Écrit par sur 11 janvier 2012

A ce stade de l’année ce qui suscite mon étonnement, allez savoir pourquoi, est ceci. Depuis 2012 j’ai changé de lieu de travail, de fonction et de collègues. J’ajoute qu’avant ce changement professionnel, j’ai profité de quatre semaines de congés. Près de mes animaux. Alors voilà, depuis quelques jours, quand je me demande ce qu’il me vient d’abord à l’esprit comme image pour illustrer la perception de ces onze ans passés en cet autre lieu où j’exerçais mes activités professionnelles, c’est celle des animaux de l’Ecomusée qui pâturaient non-loin.

Désolé. Je n’y peux rien, l’image qui me vient est celle-là loin des tracas de notre vie humaine : une prairie avec des moutons d’Ouessant et bleus du Maine, des Chèvres des fossés, et des Chevaux bretons, etc. Et autres volailles de type Poule Coucou de Rennes. L’établissement industriel qui m’employait alors à proprement parler s’estompe petit à petit, tout comme ce qui s’est passé à l’intérieur, à savoir l’activité déployée et les relations qui l’accompagnent, qui s’évanouissent .

C’est une réaction bien naturelle pour quelqu’un qui vit entouré lui-même d’animaux divers et variés, âne, chèvres et chats, c’est probable. S’ajoutent les oiseaux, avec toute une bardée dans l’alignée des châtaigniers. J’observe ainsi présentement que vivre associé au monde animal m’est fort important. Ce qui n’enlève rien au reste comme à mes anciens collègues mais précise bien l’intérêt porté à mon insu à quelque chose pour lequel je manifestais peu d’attention. A un point tel que la ferme de l’Ecomusée, je ne l’ai jamais visitée. Bien que par sa qualité l’on m’y encourageais.

Pourquoi donc autant d’intérêt pour les animaux? Il y a quelques jours, Arte a diffusé un reportage sur les corbeaux dont l’intelligence est extraordinaire. Quelque temps avant ce fut sur le singe. A regarder de près ces documentaires époustouflants sur les babouins du Kenya, les magots au Maroc, les macaques du Japon et les orangs-outans de Bornéo, l’on se retourne en direction de notre animal à soi, et on lui susurre à l’oreille « Eh! Dis t’es pas « bête » non plus, toi mon chameau! »

Pas « bêtes »? Qu’est-ce que ça signifie au juste cette expression dans la grande famille du vivant ? Quand il y a tant à apprendre des animaux. Et le réchauffement climatique aidant, qu’est-ce que ça va donner? J’ai entendu dire que déjà certains oiseaux profitant du temps clément, batifolent tellement qu’ils sont passés à deux portées par an. Pas « bêtes », ces zigues!

Philosophiquement parlant, Castoriadis disait ceci: « Ce qui est au coeur de la conception grecque, c’est la compréhension qu’il y a séparation entre les humains et la nature, les animaux par exemple, qui n’est pas une donnée naturelle, mais le produit, le résultat d’actes humains, qui posent cette séparation, qui la constituent, et qui sont de l’ordre du nomos ». Ainsi Castoriadis identifie l’auto-création humaine à l’établissement du nomos, par lequel l’homme institue sa séparation radicale d’avec l’animalité.

D’accord. Mais au regard de notre dissociation d’avec l’animalité, de notre suprématie d’hommes prioritaires sur terre, jamais coupables, et donc pour ouvrir une issue de secours à ces derniers, n’est-il pas temps à le ré-examiner un bon coup, ce nomos, afin d’en ré-évaluer la distance d’avec le monde animal qui, lui, pour le coup, n’a rien génocidé depuis Aristote?

D.D


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