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Au calme. N°447.

Écrit par sur 14 octobre 2010

Ah! C’est le temps de la cueillette des noix, des raisins et des pommes rouges mises en cagettes puis stockées sur les vieux tonneaux pour être à l’abri des souris dans le cellier. Les noix proviennent du noyer tout jeune mais qui déjà sans avoir quinze ans produit abondamment. Les grappes de raisins rouge à manger n’ont jamais été aussi belles face au soleil, bien appuyées contre le vieux mur de la petite maison. Les pommes rouges proviennent de deux pommiers qui bordent le terrain, l’un très haut a, à sa cime ou presque, de magnifiques pommes d’un rouge écarlate. Pour les reinettes, attendre dimanche prochain il sera temps alors de les cueillir.

En ce qui concerne les pommes à cidre, cette année, ça ne sera plus pareil. Elles ne seront plus récoltées par Michel compte tenu de son AVC récent. S’ajoute à cela que ses enfants qui rénovent une vieille maison que Michel possède et d’où il est natif, ont cassé son vieux pressoir. Du coup, fini le cidre au pressoir comme autrefois.

Ce dimanche dernier je me suis ainsi employé à la récolte des fruits de saison pour aider Denise hospitalisée à Rennes. Dans ses celliers et abris, elle collectionne ce qu’il faut pour emballer, pour ranger, comme toute une série de boîtes plastiques de récupération, de papier journal, de sacs de toutes dimensions réutilisés sans fin, etc…Tout est à sa place, prêt à l’usage.

La citerne alimentée par l’eau de pluie qui sert de bassin à poissons pêchés à la rivière, un poulailler grillagé avec perchoirs et pondoirs, dos à l’ouest, et des lapineries désaffectées sont disposés à resservir sans souci. Bref tout est là. Et la terre du potager bien grasse comme le puits équipé d’une pompe n’attendent qu’à être sollicité.

Du jour au lendemain, ces personnes âgées partent avec leur savoir-faire. Pourtant si le pays entier doit en revenir à une forme d’autosuffisance alimentaire, cela ne sera possible que parce qu’il existera encore dans la population des savoir-faire aujourd’hui plus confidentiels, comme entretenir un potager, faire des conserves, élever des poules ou des lapins, réparer, coudre, bricoler…Le « ré-apprentissage des savoir-faire » devrait être aujourd’hui l’un des chevaux de bataille des villes anticipatrices à prétention « durable », qui devraient tenter de revivifier la vie locale en suscitant le partage de ces connaissances pratiques dans les écoles, dans les maisons de retraite, dans les associations locales, etc.

En attendant, je me suis dit qu’il est bon soi-même de se colleter à sa propre capacité à reconstruire en urgence à ce qui s’annonce comme un autre monde – en insistant d’ailleurs sur le fait que, selon certains du mouvement pour la décroissance, cet autre monde adviendra bientôt, que nous le voulions ou non: la fin du pétrole abondant et bon marché.

Ce qui s’appelle retrouver les principes de relocalisation économique et de relocalisation alimentaire. Principes simples et ordinaires d’autonomie connus d’un très grand nombre mais oubliés. Parfois dans la campagne locale quelques jardins les gardent toujours en mémoire.

Que signifie: habiter? Michel Serres (Homniscience) dit: « Habiter consiste à connaître la provenance; des gendres et des brus, des espèces, certes, même celle des idées. Le sucre, la résine et le caoutchouc coulent, collants, de l’écorce des érables, des pins et des hévéas; nous trayons le lait des vaches accouchées, dérobons le miel aux ruches, extrayons nos équations des expériences. La provenance garantit la valeur et pas seulement du vin. »

D.D

Chronique:

Chez moi, enfin…chez Eux, les pommes rouges, c’était du Baguet…j’ai longtemps entendu « Baillé »… Et pour ne pas céder à la tristesse qui m’envahit à l’évocation du puits, du pressoir, des caves, des greniers, des pommiers, du cognassier, de l’if, des pivoines, du poulailler, du parc aux poules du Chatel, je vais m’en prendre à Michel Serres… : « Le sucre, la résine et le caoutchouc coulent, collants, de l’écorce des érables, des pins et des hévéas »

Non, monsieur Michel Serres, le sucre ne coule pas de l’érable. L’eau qui jaillit quasiment sous pression du tronc des érables n’est pratiquement pas sucrée…C’est à force de la faire bouillir et de la faire évaporer qu’on récupèrera pour 45 litres de cette eau d’Erable, 1 litre de sirop d’Erable…et on est encore loin du sucre !

C’est peut-être un Indien Shippawa du Michigan qui me l’a dit.

Françoise.

14/10/2010 18:20


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