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Conservées en une mémoire commune… N°1033

Écrit par sur 23 février 2022

Facile d’enchaîner d’une Chronique à l’autre cette fois-ci. Si bien que j’ose sans honte m’y employer entre la précédente plutôt « géotechnologique » et celle-ci disons plutôt « géopolitique », puisque concomitante à la grave crise ukrainienne.

Va pour l’enchaînement. Sachant qu’il n’est ici nullement question de cette crise « géostratégique » majeure – pour cela, voir nos mises à jour ci-dessous.

Mais plutôt de jongler avec les déclarations officielles à résonances « géoplanétaires » dans l’univers nucléaire.

Car, conservées en une mémoire commune « géostationnaire » qui garde à vif les déclarations officielles irréparables sur ces catastrophes anciennes qui continueront très longtemps à coller à la peau du monde, en voici ci-dessous un petit rappel.

26 Avril.

C’était à Tchernobyl, en Ukraine, en 1986.

Ce fut la plus grave des catastrophes nucléaires qu’ait jusque-là connues le monde entier, mais les oiseaux qui s’enfuirent et les vers qui s’enfoncèrent sous terre furent les seuls à donner dès le premier instant la nouvelle de la tragédie.

Le gouvernement soviétique ordonna de garder le silence.

La pluie radioactive arrosa une bonne partie de l’Europe et le gouvernement continuait à nier ou à se taire.

Un quart de siècle plus tard, à Fukushima, plusieurs réacteurs nucléaires explosèrent et le gouvernement japonais se tut lui aussi ou démentit les versions alarmistes.

Le journaliste anglais Claud Cockburn, un vétéran, avait raison quand il conseillait :

N’y croyez que si ça a été officiellement démenti. « 

Eduardo Galeano, écrivain – Les enfants des jours.

D.D

Mise à jour: en date du 27 mars 2022. « L’AIE s’inquiète de la faible rotation des employés à la centrale de Tchernobyl. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a réitéré son inquiétude samedi.« Il n’y a pas eu de rotation des employés depuis près d’une semaine », soit depuis le 20 mars, sur le site de Tchernobyl, s’inquiète l’AIEA dans un communiqué. L’agence s’inquiète de la capacité des employés qui gèrent les opérations quotidiennes sur le site de déchets radioactifs de rentrer chez eux se reposer. Pendant près de quatre semaines, une centaine de techniciens ukrainiens avaient dû gérer les opérations quotidiennes sur le site de déchets radioactifs sans être relayés.

Mise à jour: en date du 8 mars 2022. « Rafael Grossi, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (organisme de surveillance des Nations unies dans le domaine du nucléaire) « a indiqué que la transmission à distance des données des systèmes de contrôle des garanties installés à la centrale nucléaire de Tchernobyl avait été coupée », a affirmé l’AIEA, dans un communiqué.

Mise à jour: en date du 4 mars 2022. « Ainsi, le personnel de la centrale de Tchernobyl, détenu par l’armée russe sans rotation pendant sept jours, est, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, soumis à une pression psychologique et épuisé moralement, avec des possibilités limitées de communiquer, de se déplacer et d’effectuer des travaux de routine et de réparation à part entière, ce qui entraîne des perturbations du régime d’irradiation et met en danger leur vie et leur santé. » (Mediapart)

Mise à jour: en date du 27 février 2022, Markiyan Kamish : « Des tarés fascistes russes sont en train de nous assasiner« .  « Auteur de « La Zone », livre majeur sur la zone interdite de Tchernobyl, Markiyan Kamish vit à Kiev. Pour l’Obs, Le romancier ukrainien lance un SOS pour son pays, alors que dans la capitale assiégée par les forces russes, résonne le bruit des bombardements. » Ci-dessous, nous relayons un extrait de cet entretien.

« La Russie a pris le contrôle de la zone de Tchernobyl, suspendue hors du temps depuis la catastrophe, que vous décrivez dans votre livre « La Zone ».

La Russie a envahi la zone interdite de Tchernobyl qui est restée suspendue dans le temps comme vous dites, justement parce que Poutine veut rembobiner et revenir en arrière. Poutine veut faire revivre l’Union soviétique. Cette même Union soviétique qui a commencé à s’effondrer, juste après la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Qui a été l’une des raisons provoquant l’indépendance de l’Ukraine. C’est un symbole que Poutine occupe la centrale nucléaire. Il ne peut pas nous pardonner d’être une nation souveraine, il ne nous pardonne pas d’avoir choisi la démocratie et l’Europe. Mais vous savez, « la Zone », comme on appelle toute cette zone interdite, ne redeviendra jamais russe. C’est ce que je décris dans mon livre : il faut le comprendre, ça, « la Zone » est 100 % ukrainienne, elle fait partie à 100 % de notre littérature ukrainienne, de notre âme ukrainienne, comme l’était le phénomène de pèlerinages clandestins dans cette terre interdite, contaminée, maudite et fascinante.

Qu’importe le nombre de tanks qu’enverra Poutine dans « la Zone », ça il ne pourra jamais nous l’arracher. Elle redeviendra ukrainienne très vite. Nous sommes ukrainiens, et c’est notre pays, notre terre. Nous avons appris à l’aimer, cette terre, même si elle était empoisonnée par ce poison nucléaire qui venait de l’Union soviétique. Mon père était liquidateur après Tchernobyl [personnel civil et militaire qui a, héroïquement, sécurisé et nettoyé la centrale après la catastrophe, NDLR]. Il a donné sa santé et sa vie, pour corriger les erreurs fatales de la politique nucléaire de l’Union soviétique. La Russie veut nous enlever Tchernobyl. La Russie veut nous arracher notre Ukraine. Vraiment, j’aimerais tellement vous parler, à vous « l’Obs », de la beauté méditative des marécages de Tchernobyl, de la profondeur noire des forêts de Polésie, les trouées et les odeurs de pins, leurs épaisseurs étourdissantes, où je me suis perdu pendant des mois, à la recherche d’éclats de poésie, j’aimerais tellement vous parler plutôt de ce nouveau roman que je viens de terminer, j’aimerais parler de littérature, de Terence Malick, de Thomas Pynchon, d’Hanya Yanagihara, de méta-modernisme, que sais-je. Mais je ne peux pas. Parce que des tarés fascistes russes sont en train d’envahir mon pays et de nous assassiner comme les nazis en 1941. Encore une fois, l’empire de Poutine, cet empire d’horreur et d’absurdité, doit être démantelé. Je vous en supplie. Aidez l’Ukraine. »

Mise à jour: en date du 25 février 2022, Les forces russes « n’ont absolument aucune idée » de la façon de contrôler le site nucléaire de Tchernobyl, ce qui pourrait déclencher une « catastrophe », selon l’ambassadeur ukrainien au Japon.

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour d’ Eduardo Galeano.


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