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Erri De Luca, « Le nom : peuple. » N°1037

Écrit par sur 23 mars 2022

Le viol est un crime de guerre. Cependant, ils sont jugés sur la base de la responsabilité individuelle, même s’ils ont été commis sous licence accordée par les commandements. Pour motiver les soldats engagés dans des batailles risquées et imprévisibles de maison en maison, on leur donne le droit de violer et de piller. Il s’agit de crimes de guerre commis par des soldats en uniforme, sous les ordres d’une hiérarchie, mais ils seront tenus pour responsables en tant qu’individus, en tant qu’actes de criminalité privée. Le droit international a réussi à aller aussi loin. Avant, le viol n’était pas un crime de guerre.

Les salles de classe d’une ville ukrainienne proche de la frontière roumaine sont transformées en quartiers d’habitation. Femmes avec enfants, fuyant Mariupol, Kiev, Irpin : plusieurs centaines d’entre elles logent dans des chambres où les lits ont remplacé les bureaux. Ils ne veulent pas s’exiler davantage. Ils attendent que ça se termine. Ils regardent notre petit groupe d’Italiens, les saluent, surpris par la visite. Ils attendent des nouvelles de ceux qui ont voulu rester dans les villes cibles. Ils savent tout des vies perdues, des maisons détruites, de l’infamie. Personne ne pleure, personne ne crie.

Ils appartiennent à un peuple. J’appelle de ce nom le sentiment de ceux qui voient dans les autres qui les entourent l’image d’eux-mêmes et ne font aucune distinction entre eux et eux, parce qu’ils sont impliqués dans le destin commun, absorbés dans les mêmes pensées. La reddition à l’envahisseur n’est pas seulement exclue, elle est impensable. On devient un peuple lorsque les individus serrent les rangs et prennent la responsabilité d’une lutte commune pour la vie. Aujourd’hui, l’Ukraine n’est pas un lieu, c’est le nom d’un peuple campé dans l’un des déserts de l’histoire. »

Erri De Luca, écrivain – sur le blog du site de sa fondation, le 23.03.2022.

C’est en mandataire de ce « peuple campé dans l’un des déserts de l’histoire » que le président ukrainien est venu s’adresser en visio ce jour devant la représentation politique française. « En démocratie, un dirigeant est en principe le mandataire du public, non un chef charismatique doté d’un bon sens tactique. L’admirable président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui est en train de lutter contre l’invasion russe de son pays à l’heure où nous nous entretenons, ancre tous ses gestes dans une conception pratique et philosophique de la démocratie. C’est un exemple édifiant » dit de lui la philosophe Joëlle Zask, dans un entretien à Philosophie magazine de mars.

Cette observation est si juste qu’au coeur même de l’Assemblée nationale et du Sénat français, ce mercredi 23 mars à 15 heures, il a rappelé ainsi dans une sérénité vibrante ce qui nous guide :

Les Ukrainiens voient que la France valorise la liberté comme elle l’a toujours fait. Et vous protégez la liberté. Vous vous rappelez ce que c’est : Liberté, Egalité, Fraternité. Chacun de ces mots est plein de pouvoir pour vous ! Je le sens. Les Ukrainiens le sentent ».

Volodymyr Zelensky, président d’Ukraine.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour d’ Erri De Luca. Ainsi qu’autour de Joëlle Zask. Et de l’ Ukraine.


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