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Europe, »Adults in the room. » N°914

Écrit par sur 13 novembre 2019

Quand l’éthique déserte la politique, il n’y a plus de démocratie »

Costa-Gavras – entretien accordé à l’Humanité, le 06 novembre.

Suite à notre plongée au cœur des coulisses de l’Europe, et à notre entretien au Théâtre de Poche de Hédé à propos de sa pièce « Antigone, une autre histoire de l’Europe », place cette fois au cinéma.

On se félicitera du dernier film Adults in the Room de Costa-Gavras. Son aspect cinématographique s’apparente à celui d’un documentaire, d’ailleurs ça en est un. Puisqu’il s’agit de revivre en accéléré le sursaut démocratique, voire symbolique, face à la mise au pas d’un bouc-émissaire.

Loin de la soupe idéologique s’assimilant au journalisme, que l’on nous sert partout, voici une enquête historique à partir des enregistrements réalisés par un témoin-clé. Des centaines d’heures de discussions avec l’eurogroupe rassemblées sur son portable, stockées, mémorisées, puis réhabilitées par la grâce de ce témoin, Yanis Varoufakis, ministre grec des Finances de janvier à juillet 2015.

Celle-ci revisite des événements réels, ceux de la « crise grecque », et y dévoile les rouages tout autant réels des institutions européennes. Ou plutôt la part sombre non-démocratique de celle-ci, à savoir celle de l’instance informelle, sans aucune légitimité, officiellement non-existante de l’eurogroupe.

Qui soumet le peuple grec à une contrainte budgétaire destructrice qui le conduit à la ruine, à la misère et à l’exil de sa jeunesse. Drame qui aura de graves conséquences, une tragédie grecque contemporaine.

Adults in the room c’est l’histoire non d’un héros, mais de la personne mandatée par son gouvernement tout frais sorti des urnes en 2015, envoyée au front pour renégocier la dette pharaonique –320 milliards d’euros– afin d’alléger le fardeau de l’austérité infligée à son pays depuis 2010. Un « tsunami » qui a fait fondre les salaires et pensions, jeté des dizaines de milliers de personne dans l’enfer du chômage, poussé une génération à l’exil, une saignée.

Yanis Varoufakis était chargé de tenter de rectifier, de corriger l’effet démentiellement destructeur de telles mesures d’étouffement, d’asphyxie, imposées par cette puissance obscure qui occupe en Europe une place prépondérante. Là où se joue un drôle de jeu dont nul ne connaît la règle, mais dont l’effet est pour nos sociétés catastrophique.

Où il n’y a plus de valeurs, plus de jugements de valeurs, mais que du dédain, et ça c’est vertigineux ! Comme en témoignent ces rapports de forces incroyablement tendus dans le huis clos oppressant des réunions technocratiques et des costumes-cravates, entre le jeune gouvernement grec d’un pays qui ose tenir tête, et le pouvoir bien réel et non moins dissimulé, de la haute finance allemande agissant en sous-main. Bénéficiant dans ces basses œuvres de la faiblesse, de la lâcheté ou du cynisme des dirigeants politiques européens.

Rappelons qu’il y fut question de la mise à la porte de l’Europe du pays qui donne sens à celle-ci en terme de civilisation.

Je reconnais volontiers en tant que praticiens ici de la prise de son, qu’il me plaît de revenir à la teneur de ce qui a été saisit en secret à travers les oreilles du portable ministériel, qui a fait bien mieux que d’être un accessoire. Un tel matériau sonore, ce n’est pas du virtuel mais bon à faire resurgir ce qui a été oublié, éliminé au fil du temps. Pour tout réveiller, tout reprendre car tout là-dedans mérite de l’être. Pour rendre visible l’invisible du pouvoir du monde, celui des grands argentiers des banques et de leurs vassaux. Ce n’est pas trop tôt !

Des créanciers agissant sous couvert des instances européennes en ladite troïka (Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International, Commission européenne) qui, dépourvus d’éthique et d’humanité, sans scrupule ni mauvaise conscience, par dépeçage du bien public grec avec un gigantesque programme de privatisations, se paient « sur le dos de la bête » … qu’ils ont très largement contribué à mettre à bas.

Quand on sort de la salle, la mémoire rafraichie, l’on est saisit par le schéma diabolique d’asservissement et d’humiliation des peuples au moyen de la dette. Etat des choses où la dette entraîne la dette, où plus rien n’a de sens, où tout est aspiré par le vide, où rien ne prend plus fin.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de la « crise grecque », ici


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