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Genoux à terre. N°507

Écrit par sur 6 décembre 2011

Genoux à terre, il me suffit de ranger quelques cartons anciens, et d’un coup tout se ré-embobine. Mettre la main sur un vieux tract qu’aux alentours des années 76/79 nous avions rédigé, imprimé et diffusé sur la région de Saint-Malo au sujet des transports de déchets radio-actifs de La Hague et Flamanville, m’incite à en saisir l’occasion pour aborder fort opportunément la question du nucléaire. Et de l’entêtement français pour l’atome. De ses discours verrouillés.

Pourtant aujourd’hui, des années plus tard et plus de trente de fuite en avant (au minimum) il peut être tissé des liens entre la technique, le social et le politique, et pointé nombre de correspondances entre Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima et notre industrie nucléaire. L’expérience est là, les preuves sont établies. Relire ce qu’en pense le député d’Ille-et-Vilaine Philippe Tourtelier, Vice-président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire à l’Assemblée Nationale. Avec cette leçon tirée de Tchernobyl où la nature est redevenue luxuriante. Pour elle pas de souci à avoir. Par contre ce qui va disparaître c’est le monde humain. Pas la nature.

Genoux à terre après une série de knockout (KO), voilà bien à quoi s’apparente notre situation après ces trois coups portés. Ne sommes nous pas saisis par la perte de conscience, aux séquelles « durables »?

Le débat sur l’avenir du nucléaire a rendez-vous avec les échéances de 2012. Du moins, c’est ce que vient de tenter de rappeler l’action des militants inusables de Greenpeace qui se sont immiscés incognito dans les entrailles de la bête. Une œuvre salutaire, cette démonstration d’incapacité d’assurer la sécurité des citoyens en cas d’accident. L’énergie qui allait assurer à la France son indépendance (De Gaulle, etc.)? Uranium 100 % importé! Difficile d’y croire quand tout l’uranium est importé des pays comme le Niger ou le Gabon, au prix d’une exploitation honteuse des populations autochtones.

Ce débat sur l’avenir pour ces échéances de 2012 se focalise sur les dettes financières qui ne sont que des bouts de papier, peu de cas sur les déchets nucléaires qui sont là et dont la durée de vie en terme de radio-activité s’étend sur des centaines de milliers d’années. Quand on parle de dette que l’on transmettra à nos générations futures, c’est bien surtout des déchets dont il est question. La vérité est celle-ci.

A l’époque, à la fin des années 70, l’on nous riait au nez en nous accusant de vouloir revenir à l’âge de la bougie quand nous parlions que cette indépendance aurait été bien plus grande avec les énergies renouvelables, disponibles partout, inépuisables et susceptibles de créer de vrais métiers sur l’ensemble du territoire. Et très sûres au regard des risques terroristes.

Plus de trente ans après l’on découvre que des centaines de milliards seront nécessaires pour le démantèlement des vieilles centrales (système de décontamination) et la gestion des déchets. Déchets dont personne ne sait encore comment s’en débarrasser alors que nous posions déjà cette question: si on ferme les réacteurs, combien coûteront leurs démantèlements et aussi comment allait-on gérer les déchets?  Nous disions que les investissements dans le nucléaire se faisaient par le biais de la feuille d’impôts et de la TVA et pas uniquement par le coût payé par les usagers. Au final, nous affirmions que l’électricité nucléaire allait s’avérer la plus chère de toute l’histoire de l’humanité.

Nous parlions de la probabilité élevée de devoir faire face à un accident nucléaire majeur, dont les coûts financiers mais surtout humains sont inchiffrables. Les partis pronucléaires nous accusaient alors d’être contre les créations d’emplois. Avec nos revendications écologiques et antinucléaires, nous leur répondions que le secteur des énergies renouvelables dites à l’époque « alternatives » offrait un gisement d’emplois bien plus important.

Dans les années 70 les technocrates disaient : le nucléaire ou la bougie . Eh bien, ça continue. Le constat est terrible: rien n’a bougé d’un pouce. Pas d’un poil! Pourtant le monde a vieilli depuis. Puisque Fukushima est passé par là. Huit mois après l’accident, Tepco tente toujours de reprendre le contrôle de l’atome de leurs installations. L’accident japonais aurait dû changé la donne côté arrogance. Erreur post-Fukushima. Les propos n’ont pas variés du côté du lobby industriel nucléaire français. Le gouvernement mentait, ça continue. A plein rendement! L’imposture scientifique…garde son triple A.

A fond le chauffage électrique depuis 30 ans. Sans souci. Et sans mesure. Notons que les Japonais, eux, ne chauffent presque pas à l’électricité, contrairement aux Français. C’est dire.

Fukushima. Plus guère d’info d’actualité de là-bas dans les grands médias. Tchernobyl, Fukushima, les coups portés qui nous flanquent à terre se succèdent sans qu’on n’en tire de leçons. Ce qui fait croire à une normalisation de la situation. Qui permet une remontée sur le ring prématurément. Sonnés gravement après le coup de Fukushima, comme un baume pour occulter la douleur profonde les folles imprudences strauss-khaniennes sont venues asperger joyeusement d’une telle manière l’univers des médias que tout fut vite occulté. KO, oui mais reparti. De cette dévastation japonaise dont personne à ce jour ne mesure l’ampleur de sa catastrophe, hop! aux oubliettes fort opportunément. Faut dire que c’est quand même plus croustillant, Strauss-Khan et ses plans culs. Et surtout plus vendeur que ça: 8% du territoire japonais contaminé au césium radioactif!

Tchernobyl. Un petit tour sur internet informe pourtant de l’impact du KO. Le nouveau sarcophage qui devait recouvrir le réacteur numéro 4 ne sera jamais construit. Plus grave: personne ne sait ce que renferme le sarcophage d’origine, achevé six mois après l’accident. Le premier rapport soviétique (vite enterré) estima la part du combustible restant dans le réacteur entre 6 %… et 96 % ! « Ce qu’il y a à savoir sur Tchernobyl, c’est qu’on ne sait pas », résument certains observateurs. Impossible de dresser un bilan sanitaire. Les études épidémiologiques, d’abord interrompues par le chaos consécutif à l’éclatement de l’Union soviétique, ont ensuite été délaissées par l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Les chiffres qui circulent ont de quoi inquiéter : plus de deux millions de personnes affectées (rien qu’en Ukraine, sans compter la Biélorussie), seulement 10 % des enfants exempts de maladie chronique, une espérance de vie qui aura bientôt chuté de vingt ans… Et la mémoire de la catastrophe se perd. Comme celle de six cent mille liquidateurs partis pour aller « boucher le trou ».

Strauss-Khan. Tout ce qu’il y a à savoir, c’est qu’on saura tout. Tout et en détail. Et vice versa. Rassurant non? ça bosse dans les rédactions. Vous me direz: « Strauss-Khan, quel est le rapport? » Eh bien, celui-ci: RAS, nucléaire : rien à signaler. Car trop d’intérêts en jeu. D’abord politiques. Le nucléaire est un instrument de pouvoir. Puis c’est la poule aux œufs d’or -et donc présente le risque à faire chuter le cours en Bourse. Depuis que cette industrie est privatisée. Bien sûr, personne n’avait prévu que le capitalisme régulé céderait la place au libéralisme sauvage. Ben voyons. L’irresponsabilité. Privatisations juteuses et extrêmement favorables, faisant ainsi passer le bien public dans l’escarcelle de quelques privilégiés quand l’Etat financièrement exsangue cède par tranches. Voilà bien un processus non maîtrisé, chaotique et extrêmement dangereux qu’est cette privatisation – folle – du géant de l’industrie nucléaire.

Problème: la France est incapable de se désintoxiquer de l’atome. Et ça pour une dette, au regard des générations futures, ça en est une. Et d’une taille autrement plus considérable. De laquelle il sera effroyablement difficile de se désintoxiquer de la facilité.

Ah si, un truc change. Dans ce monde d’aujourd’hui où ne fluctuent plus que des données chiffrées, on nous annonce un quasi-doublement du coût si on investit dans l’EPR. Où il est aussi question de l’EPR de Flamanville, d’Areva et du groupe Bouygues…Auprès de qui empruntera-t-on? Si oui à quel taux? Voilà enfin une nouveauté! Ah! tenez. Petite visite à la banque.

Perte de conscience. A genoux, inconscients dans les cordes…Sonnés. Comment arrêter ce match perdu d’avance?

D.D


Les opinions du lecteur
  1. françoise   Sur   8 décembre 2011 à 9 h 12 min

    Genoux à terre ? Les deux en plus…genoux z’à terre ?

    « mettre un genou à terre » dit le dico : « demander grâce, reconnaitre l’autorité, implorer »

    Êtes-vous à ce point « sur les genoux » monsieur ? ou bien êtes-vous devenu carrément « mou du genou » ?

    Remontons alors à l’origine indo-européenne du mot genou : « gen » signifiant « articulation, angle », d’où est issu également le grec « génys » ou « gnathos » : mâchoire…
    La mâchoire comme une tenaille, pour étrangler l’adversaire avec les genoux, c’est pas plutôt ça que tu voulais dire ? comme une belle prise de judo…

    J’en ai profité pour revoir cette règle :
    « Seuls 7 mots français en –ou ont leur pluriel en –oux au lieu de –ous : bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, pou »

    … et cette phrase mnémotechnique et stupide ; « Viens mon chou, mon bijou, mon joujou, sur mes genoux, et, jette des cailloux à ce hibou plein de poux ». ça m’étonnerait que les gosses de maint’nant acceptent une telle connerie de phrase !

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