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Jim Harrison, « Un sacré gueuleton ». N°884

Écrit par sur 27 mars 2019

Capture d’écran 2019-03-26 à 23.59.07« Quand la vie décide de m’accabler, je sais que je peux faire confiance à un Bandol, à quelques gousses d’ail et à Mozart. » Ces mots sont du grand romancier américain Jim Harrison, ce géant de la littérature américaine mort le 26 mars 2016 dans sa maison de Patagonia (Arizona).

Hommage ému à ce chic type. Car depuis, nous sommes privés de cette voix singulière, si humaine. De son humilité, son sens de l’humour. Souvenir perso d’avoir pu le voir d’assez près à Saint-Malo, lors d’une édition mémorable des Etonnants voyageurs. S’ajoute à cela que, depuis la parution en fin d’année dernière de son bouquin paru à titre posthume, je ne peux plus m’en passer!

Capture d’écran 2019-03-26 à 22.20.48« Un sacré gueuleton : Manger, boire et vivre » est un recueil de chroniques. « En ma qualité de critique gastronomique, ligne directe reliée aux plaisirs gustatifs », elles retraçent les pérégrinations de cet étonnant gourmand voyageur. Et franchement, retrouver ce bon père Jim, c’est magnifique. Un plaisir absolu. Avec toujours en tête son rire formidable. Du coup, ces pages gastronomiques mais pas que…, je les parcours avec gourmandise. Ebloui par sa connaissance de nombre de bons vins français, y compris les plus simples, comme de la grande variété des denrées nécessaires à la préparation des plats. Ces pages me bercent, je l’avoue. Car c’est aussi un hymne à la nature, aux oiseaux qu’il connaît parfaitement, à ses chiens. « Avis à certains de vos lecteurs gauchisants, postillonneurs, écolo-gagas : je tue presque tout ce que je mange – canards, cailles, chevreuils, grouses, bécasses, truites, saumons, crapets, l’humble carpe (la carpe croustillante et épicée du Hunan). Ces chochottes devraient savoir que, d’un point de vue technique, leurs germes de soja hurlent quand on les arrache de terre. Tout ce qui vit finit en étron.»

« Manger, c’est reconnaître son caractère mortel», affirme cette belle écriture d’homme libre, aux racines paysannes réveillées, adepte de la philosophie de la vie, façon Rabelais. Qui veut nous «encourager à débanaliser notre vie». Pour lui, «la vie serait invivable sans le vin, la pêche et les chiens ».

Lui rendre hommage comme il se doit en ce jour du 26 mars, il y a 3 ans aujourd’hui, passe immanquablement par l’éloge de ce livre de recettes, de malices et de visions poétiques et lucides du monde. Car, franchement, comment ne pas aimer cette véritable force de la nature dans le monde de la littérature, qui a écrit: « Un seul mot d’ordre : être modéré à l’excès. »

Lire Jim, une âme sensible en temps bêtes, était un rare plaisir, et le demeure. Pour preuve, il m’est, ces semaines-ci, un antidote à la danse macabre du cérébral cynique qui nous dirige. Ainsi écrit-il: « La politique est une cuvette de toilettes au fond de laquelle nous espérons apprendre à nous traiter correctement au lieu de nous entre-tuer de mille manières différentes. Une fois encore, je me rappelle le baron Wessenberg disant en 1814 au Congrès de Vienne: « Il n’y a rien de plus arrogant qu’un homme aux aptitudes moyennes dès qu’il arrive au pouvoir. » »

Parlant de la politique américaine, comme à son habitude il ne fait pas dans la demi-mesure: « Nos récents dirigeants sont ces mêmes hommes qui faisaient autrefois exploser des chats en les fourrant dans une boîte aux lettres avec des pétards et violaient des jeunes filles vierges dans une carrière inondée proche du trou d’eau de la rivière. Ceux qui ne sont pas devenus politiciens sont aujourd’hui banquiers ou promoteurs immobiliers ».

Ou parlant de la finance: « On peut seulement prier pour que leurs malédictions collectives condamnent la communauté de la finance à un enfer qu’elle mérite mille fois. »

D.D

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ruCe qui a été dit et écrit ici-même autour de Jim Harrison.


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