Le Nana Rashid Quartet à Jazz en place, à Dinan. N°1216

Pour accompagner cette rentrée tumultueuse, Radio Univers a le plaisir de vous présenter son coup de coeur musical. Il s’est produit samedi 30 au pied du château de Dinan, le long des remparts. Où le festival gratuit, sans sponsor, porté par une solide équipe de bénévoles, Jazz en place, qui fut sur le pont du 25 au 30 août, à raison de deux concerts par soir, à chaque fois ailleurs en des places différentes mais toujours dans les parages du pays de Dinan, nous a fait découvrir un Quartet de jazz de toute beauté, une fraîcheur, arrivé tout droit du Danemark, parti de là-bas par avion à 3h30 le matin même.

Le Nana Rashid Quartet trace sa route, avec en son centre Nana Rashid, une chanteuse de jazz flamboyante à la présence charismatique, « un puissant cocktail mêlant la mélancolie de la tradition jazz nordique, des influences de néo-soul et de blues, et des déclamations brûlantes à la Nina Simone. » (présentation).  Pour la musique, leur style est d’une sobriété minérale comme arrachée du sol nordique. Intimiste, intérieure. Cure de sobriété, éloge du simple. En apparence. Puisqu’aux contours mélodiques et rythmiques bruts, minimalistes, vulnérables et puissants.

Qui rappelle aux érudits que la Scandinavie a créé son propre courant musical. L’histoire, à gros traits : un jazz libre, curieux et novateur, à l’intemporel répertoire dans la foulée du trio mythique E.S.T. qui fut l’un des groupes de jazz les plus influents de la planète au début des années 2000. Leur histoire s’arrête brutalement avec le décès de leur leader lors d’un accident de plongée en 2008. Les années passent, mais ce courant dans le jazz qui sait rappeler ces paysages où la luminosité est si précieuse, était bien là sur scène.

Fait surprenant, grâce à son lyrisme naturel, c’est qu’entre les morceaux viennent s’intercaler des prises de paroles saisissantes, quelque chose que peu d’artistes feraient. Par lesquelles, en plus de sa conviction profonde en la capacité de la musique à révéler notre humanité commune, la jeune Nana Rashid aborde des thèmes politiques avec honnêteté et ouverture. En anglais.

Style, son, paroles, charisme et bien plus encore… le tout reçu 5/5 au pays de dolmens. Lors d’une parenthèse entre deux averses par un public nombreux et partie prenante quoique sous impers et parapluies. Puis, sous fraîcheur, à l’invite le voilà doucement transfiguré en reprenant en coeur un refrain suggéré délicatement de la scène par Nana Rashid rayonnante – à voir ici.

.« Je ne connais plus les critiques… mais le mieux qui puisse arriver c’est quand vous, en tant qu’artiste, vous vous sentez compris – quand ce que vous avez entrepris de faire est exactement ce qui se reflète. » (…) « Un cri joyeux pour la liberté, le respect et l’empathie. C’est de ça qu’il s’agit, n’est-ce pas ? ” écrit Nana Rashid sa page Fb. Voilà c’est dit: ses thèmes portent sur le métissage, l’appartenance et l’affirmation de soi, l’amour difficile, ainsi que la condition féminine et les attentes qui l’accompagnent.

Si bien que La Chronique d’ici-même souscrit au mot près à un commentaire apporté par un spectateur sur sa page Fb: « hier soir,un ange,un bijou,un ravissement,un engagement:nana Rashid« .

Bref, découvrir leur musique devrait vous aider à passer l’hiver. Grand merci aux organisateurs et contributeurs !

Ci-contre photo de notre ami, Philippe Colliot.

D.D

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