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Masques & Regards. N°957

Écrit par sur 9 septembre 2020

Des regards, des gestes et des actes. A l’évidence, mois après mois, quelque chose de profond s’inscrit en soi-même: l’évidence physique de la distanciation sociale, se voir se parler à travers du Plexiglas, un masque comme mini-palissade, le jet à direction imprévisible de gel hydroalcoolique.

Tout un système commun de gestes dicte la démarche matérielle des corps, qui est captée par une signification nouvelle. Celle d’accéder à la conscience des rapports sociaux qui est de marcher dans ce monde sous le signe de la mort qui rode.

Répéter de proche en proche les mêmes procédures répétitives. Et tomber le masque pour tout signe distinctif de confiance en l’autre. A l’inverse, du point de vue de la défiance en s’empressant de se l’accrocher à nos capteurs d’onde. Est-ce dans ces regards, ces gestes et ces actes la certitude d’un partage ?

Sans doute. Ce savoir-là est le plus ordinairement répandu. Le problème est de penser à ce qu’on fait, de se souvenir de soi. De penser à ce qu’on met en péril chaque jour, de mois en mois. C’est-à-dire de tout ce qui représente la société.

L’acte de dévoilement, la tâche du dévoilement, observons-ça par dessus le bord supérieur de ce masque. La question n’est pas de dévoiler mais pourrait être celle de présenter son visage à l’autre pour qu’enfin l’on puisse se reconnaître. De présenter ainsi à l’autre son identité. Dans cette étrangeté des gestes et des actes, de fixer le travail de ce regard.

Récemment j’ai eu à participer à une réunion à notre local radio en compagnie des nouvelles représentantes municipales. Sous masques, le visage coupé à moitié, la voix étouffée, le sourire par les yeux perçu. Ni de vues ni de noms, nous ne nous connaissions. L’échange a duré près d’une heure. Pour ponctuer cette réunion cordiale de visite et de travail, avant de se quitter, d’un regard, d’un geste et d’un acte saisissant car aussi spontané que synchronisé, nous avons tombé le masque. Comme pour s’identifier. Faire revenir à soi, ramener. Faire se souvenir.

Mais quand tombe le masque ainsi, ne serait-ce pas plutôt par le fait d’un regard, d’un geste et d’un acte ordinairement répandu, commun et partagé, qui vient d’un simple besoin vital et primordial de respirer hors de ce tissu serré fait de plis sans couture, mur infranchissable des microbes ?

Bref, gare au grand relâchement !

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour du coronavirus.


Les opinions du lecteur
  1. Françoise   Sur   10 septembre 2020 à 9 h 30 min

    Et plus tard, les enfants dans les cours d’école ,( si le concept ! existe encore ) et à la place de:
    « Haut les mains,
    peau d’lapin »,
    Crieront:
    « Bas les masques
    Peau de Tarasque* »
    *Tarasque: Bestiole qui, après quelques mutations, se présentera ainsi: « Elle est décrite de la façon suivante par Jacques de Voragine dans la Légende dorée qu’il écrivit dans les années 1261-1266 : « Il y avait, à cette époque, sur les rives du Rhône, dans un marais entre Arles et Avignon, un dragon, moitié animal, moitié poisson, plus épais qu’un bœuf, plus long qu’un cheval, avec des dents semblables à des épées et grosses comme des cornes ; il se cachait dans le fleuve d’où il ôtait la vie à tous les passants et submergeait les navires. »

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