« Ricardo et la peinture. » N°1123

Dans l’approche esthétique et sensorielle du peintre Ricardo Cavallo, indéniablement il y a la volonté de transmettre l’art d’apprendre à voir. Avec passion et simplicité. Ce peintre argentin installé à Saint-Jean-du-Doigt, ne voit pas seulement les arbres ou la falaise par les yeux, mais par son corps. De lui dépendent le visible et l’invisible, ce que l’on peut percevoir du monde vivant, arbres comme falaise, et ce qui nous échappe. Un corps vécu qui arpente le monde naturel, en évaluant sans cesse ce qui lui est ouvert et ce qui lui est fermé.

Pour mieux en prendre la mesure, durant ce film « Ricardo et la peinture«  de Barbet Shroeder, nous observons un corps qui dessine et peint, non pas le rivage, ni le front de mer, mais notant les horaires des marées sur la paume de sa main, il peint le dessous des falaises, ce qu’il appelle « sa grotte « . En cuissarde et grandes bottes, et pour y descendre entre deux marées en prenant appui rocher par rocher pour ne pas trébucher, et par le système oeil-main du peintre dans la solitude et l’immensité du lieu. Faut dire que le lieu à découvert exige l’activation de puissances corporelles, à ne pas s’y attarder au risque de s’y perdre.

En plus d’offrir à la commune de Saint-Jean-du-Doigt une école gratuite de peinture pour enfants, le peintre nous accompagne dans l’art de nous apprendre à voir au fil d’une présentation intensive d’oeuvres picturales qui lui permettent de déployer à plein sa passion pour les grands-maîtres, en particulier Vélasquez.

Vu ce mercredi soir au cinéma La Grande Passerelle de Saint-Malo, j’en ressorts tout juste. Avec cette idée : si notre humanité un peu plus chaque jour s’émiette et s’effondre – film vu au moment même où l’ONU a demandé que « le carnage à Gaza » cesse -, permettez! un pareil film d’une grande simplicité, beauté et générosité, fait un bien fou. A cela s’ajoute un style d’attention sensible au vivant venant du réalisateur, qui appartient à une autre carte du monde : l’Humanité . 

D.D

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Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de Saint-Jean-Du-Doigt. Ainsi qu’autour de films.