Signe des temps. N°1127

 

Mise à jour. En date du 28/12/2023. Selon le ministère de la santé palestinien, 21 110 personnes, dont 6 300 femmes et 8 800 enfants, sont mortes dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre et les attaques meurtrières lancées par le Hamas.

Et selon la juriste, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies (ONU) pour les territoires palestiniens occupés depuis 2022, « on pourrait comparer ce qu’il se passe à Gaza avec les génocides rwandais et bosniaque ». Elle parle « nettoyage ethnique ». (Mediapart)

 

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A ce qui pourrait s’apparenter à une suite donnée à notre chronique précédente – à relire ici-, la Chronique de ce jour se propose de mettre en lecture « Le monde d’après. La dystopie post-7 octobre« , par l’essayiste Mona Chollet, en date du 19/12. « La Palestine, seule situation d’oppression dans laquelle ce n’est pas l’oppression qui fait scandale, mais sa dénonciation » : à lire là.

Pas question ici-même, vous l’aurez compris, de collaborer à ce qui est appelé la « pop culture génocidaire »– comme, en 2014, déjà, des habitants du sud d’Israël étaient allés installer des chaises sur une colline pour « admirer » les bombardements sur Gaza en mangeant du pop corn-, cet autre signe des temps de la déshumanisation en cours, ce mécanisme de contrôle des corps et du temps. C’est pourquoi la Chronique relaie à son tour une vidéo pétillante d’intelligence et impertinente, postée par Laila El-Haddad sur Instagram, et présentée comme suit :

« Tutoriel vidéo envoyé par mon cousin à Gaza en ce moment sur la façon de faire des pommes de terre d’hiver rôties et le plat traditionnel palestinien de Musakhann (sans poulet, car ils n’ont pas pu en trouver) pendant un siège et un génocide en cours, à l’aide d’un four de fortune au charbon. Pourquoi cette tâche est-elle si importante, pourriez-vous vous demander ? Pourquoi se donner la peine d’aller à de telles distances sans électricité ni carburant plutôt que de manger ce sur quoi ils peuvent mettre la main? Il y a quelque chose d’incroyablement puissant dans ce qu’ils ont accompli. Cette insistance à s’accrocher à la tradition, à la routine et aux « racines » est une déclaration de défiance et de persévérance : ils résistent aux tentatives délibérées, systématiques et violentes non seulement de les dépouiller de tout ce qu’ils possèdent et de rompre leur lien intime avec cette terre, mais aussi de détruire leur dignité. Cela peut paraître insignifiant, mais c’est le triomphe ultime contre ce génocide horrible auquel Israël leur soumet. » A voir ici.

Ce contretemps proprement humain à effet de contraste maximum dû à ce four bricolé en risquant sa peau à partir d’un bidon en vue d’un repas familial possiblement ultime, s’oppose ainsi à cet autre signe des temps de la déshumanisation en cours : l’I.A (Intelligence Artificielle) qu’utilise Israël. Dont les modules d’I.A « agrègent des données (satellites, audio, humaines, etc.) pour proposer des cibles en grande quantité. Au final, un militaire valide toujours. Utiliser une I.A permet juste d’aller vite. Mais la programmation des paramètres démontre qu’Israël accepte des dommages collatéraux gigantesques. Selon les normes de l’Otan, il est rare qu’on dépasse trois victimes collatérales par cible. A Gaza, on est à dix pour un. C’est inédit. » nous en informe, dans O.F de ce jour -à lire ici-, Guillaume Ancel, ancien officier de l’armée française et spécialiste des opérations extérieures.

Autre signe des temps de la déshumanisation en cours, depuis hier en France ladite « Loi immigration « . Qui vient confirmer ce qu’écrit Mona Chollet « Le soutien à un gouvernement aussi crûment colonialiste et raciste [6] que le gouvernement israélien accélère jusqu’au vertige l’extrême-droitisation déjà à l’œuvre dans beaucoup de pays occidentaux [7]. On communie dans la haine, dans la désignation des Arabes comme les nouveaux ennemis intérieurs prioritaires. »

D.D

Ce qui a été écrit et dit ici-même autour de la Palestine.