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« Une phrase de Baudelaire ». N°1090

Écrit par sur 29 mars 2023

« Ce que la langue s’habitue à dire, le cœur s’habitue à le croire ».

Une définition déformée des faits, à force d’être répétée, prend la place de la bonne. Car le pouvoir de la langue dans la formation de l’opinion publique et privée est énorme.

Le pouvoir politique, démocratique ou non, affirme sa version avec l’appui de médias complaisants.

Des unités militaires italiennes sont engagées dans différentes zones de guerre. L’étiquette attachée par la définition officielle déclare qu’il s’agit de missions de paix. Ces missions sont effectuées par des organisations humanitaires, des médecins, des ingénieurs, des enseignants. Les troupes effectuent des missions militaires.

À force de les faire passer pour des missions de paix, on finit par accepter la falsification en contournant la constitution italienne qui répudie la guerre.

On utilise avec justesse le mot invasion pour celle en cours en Ukraine. Mais on laisse utiliser le même mot pour l’arrivée sur le territoire italien de personnes désarmées, femmes et enfants compris. Réfugiés ou touristes, ils ne sont pas des envahisseurs, ils ne veulent pas conquérir et annexer le territoire d’autrui par la force des armes.

Cependant, les fausses définitions du langage produisent de vraies distorsions dans la perception des événements, conditionnant les choix et les comportements.

Le jeu de la liberté se joue sur l’usage du vocabulaire.

La tâche de ceux qui font profession de loyauté envers la langue italienne est de la défendre contre la falsification des pouvoirs en place. »

Erri De Luca, écrivain– sur le blog du site de sa fondation, le 27/03/2023.

Bien sûr, pareil constat à l’appui de Charles Baudelaire, ne vaut pas seulement pour l’Italie.

A propos des récents évènements de Sainte Soline un enregistrement – révélé par Le Monde et dont Mediapart a diffusé des extraits sonores – dévoile le contenu de la conversation au sujet des manifestants blessés qui avaient besoin de soins. Dans la conversation de sept minutes trente avec le SAMU, enregistrée par la Ligue des Droits de l’Homme, les deux hommes insistent sur la situation en urgence vitale et la nécessité d’intervenir vite.

 

« On a eu un médecin sur place et on lui a expliqué la situation, c’est qu’on n’enverra pas d’hélico ou de Smur sur place, parce qu’on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre », répond l’opérateur du Samu.

Celui-ci l’ignore, mais cette simple phrase n’a pu permettre bien longtemps à notre ministre de l’Intérieur de s’habituer à dire et à faire croire avec l’appui de médias complaisants: « Non, les forces de l’ordre n’ont pas empêché les secours d’intervenir. C’est les gendarmes et les secours qui ont été empêchés d’intervenir par certains casseurs. »

Quoi de plus convainquant en effet qu’un tel enregistrement pulvérisant la falsification officielle ? Sans quoi, pour reprendre Charles Baudelaire : « Ce que la bouche s’accoutume à dire, le coeur s’accoutume à le croire. »

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour d’ Erri De Luca. Ainsi que Les Soulèvements de la Terre, et La Ligue des Droits de l’Homme.


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