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C’est ballot ! N°998

Écrit par sur 23 juin 2021

En cette période pré-post-pandémique, on s’attendait à ce que l’on fasse une pause dans les tensions « mal-calibrées » et que l’on examine prudemment si les choses ne pourraient pas continuer différemment, et en mieux, une fois la situation exceptionnelle terminée.

En permettant alors de retrouver la valeur et le pouvoir réconfortant des amitiés, des rencontres, des amours, de la joie retrouvée. Là où la pression du besoin de partage des moments émotionnels forts car trop attendus, se fait sentir. L’on a quand même tous risqué notre peau dans cette affaire, beaucoup trop l’ont laissée.

Etre ensemble pour rentrer une nouvelle fois dans la danse, cela ne vaut-il pas un mot plus décontractant que « sécurité » répété en boucle sans modération partout autour ?

Ceci en considération de l’avant, le pendant, l’après. Merdouilleux le règne de la platitude, vu le surcoût psycho-social de tout ce confinement interminable. Pour les jeunes et leur avenir sacrifié, la note est salée. Bien mauvaise facture. Reconnaissons alors globalement leur pleine contribution à l’effort national face au Covid. Eu égard à leurs conditions qui se sont considérablement dégradées – grande précarité pour beaucoup, perte d’autonomie, des étudiants contraints à la misère, à qui leur année d’étude ne vaudra rien, etc. Sans compter en terme de facture héritée, le pire des scénarios à venir – lire ici.

Bref, après quinze mois à se sacrifier à cette platitude faite de multiplication d’interdictions, le moment était venu en ce solstice d’été, où depuis toujours l’on fait la fête autour d’un grand feu de joie, dans nos campagnes, loin de tout tumulte. L’inaltérable besoin d’un moment ripaillé pour tendre collectivement à une meilleure façon de vivre ensemble. Où les mots même pour dire ce besoin manquent, comme le rappelle ci-dessous l’anthropologue Emmanuelle Lallement dans l’entretien « La fête a une dimension éminemment politique » paru dans Le Un.

« Parce qu’elles sont vues comme transgressions, les fêtes sont là pour dire l’ordre social. La fête a une dimension éminemment politique, de nombreuses revendications ont été portées par le biais d’événements festifs – marches des fiertés, mobilisations sociales… C’est une façon d’occuper la rue, l’espace public, de se montrer tel qu’on le souhaite, et non tel que l’autre camp le désire, de donner à voir ses costumes et de faire entendre ses musiques, ses slogans. (…)

Nous pourrions porter à l’issue de cette crise un regard nouveau sur la fête, qui se trouverait réinvestie par le symbolique, le social, le politique. On a déjà connu cela après les attentats du Bataclan : la fête avait alors été érigée en valeur; il fallait occuper les terrasses, brandir le Paris est une fête de Hemingway… Aujourd’hui, au sortir de cette période de crise, elle peut constituer un facteur fort de rassemblement. »

Rappelons-nous de celles et ceux quand il fallait tenir bon. Pour assurer les fondements existentiels de notre coexistence. Infirmières et soignants, pompiers, éboueurs, ambulanciers et personnels d’entretien en secteur hospitalier, chauffeurs-livreurs à domicile, caissières de supermarché et aides à domicile, facteurs à bicyclette, etc., qui ont dû continuer leur travail malgré le danger accru d’infection, afin de subvenir en bricolant au mieux à nos besoins les plus élémentaires.

Parmi ces gens-là, aussi, beaucoup de jeunes travailleurs précaires. De celles et ceux qui ne cochent pas la case billet pour festival hors de prix ou entrée en discothèque. Possiblement fêtards-teufeurs d’un moment-soupape, frais, joyeux, bizarre non ?

Mais voilà, c’était trop. Disons, trop tentant pour assouvir les pulsions à foncer dans le tas. En vertu des typologies sociales et la classification des revenus, la fête est un marqueur social comme un autre.

C’est ballot ! L’avenir en gardera des traces sur ce qui fut vécu et perdu. Comme le souligne Emmanuelle Lallement, celles de la « polarisation entre transgression relative d’un côté et répression immédiate et autoritaire de l’autre » – lire ici.

D.D

 


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