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Ernest Pignon Ernest, « Le poète fait son pays. » N°1057

Écrit par sur 13 août 2022

Je me saisis de l’image des poètes de la même façon que j’utilise des images mythologiques ou religieuses, comme des mythes laïques, des icônes païennes. Ceux qui, coûte que coûte, ont voulu, à la suite de Hölderlin, habiter le monde poétiquement. Leur portrait comme un signe culturel témoigne souvent combien ils ont incarné les aspirations, les drames, les tensions qu’ils ont traversés, combien ils portent les stigmates de leur époque. Comme si leur visage disait tout leur destin. en tout cas, j’essaie d’oeuvrer à ça. Quant la poésie refuse d’être un ornement, elle garde trace des expériences vécues et des risques pris. Elle dit le réel mais en le révélant comme plus vaste, et d’une prodigieuse intensité. Elle conjugue visible et invisible, sursauts intimes et songes partagés. Elle s’impose comme le chant profond des vivants qui ne renoncent pas aux effractions, aux abîmes, aux combats, ni aux enchantements de la vraie vie. »

Ernest Pignon Ernest, artiste contemporain pionnier de l’art urbain (« street art »).

Rien ne laisserait deviner qu’à Landerneau couve un haut lieu de résistance face aux nantis tant il y règne l’ordre inflexible et autoritaire du conservatisme breton. Mais il suffit pour s’en laisser convaincre de pousser la porte du Fonds pour la culture H&E Leclerc, où se tient l’exposition remarquable consacrée au précurseur de l’art urbain – appelé aussi « street-art »-, Ernest Pignon Ernest.

Soixante dix ans de luttes sociales et de combats pour l’émancipation à travers le monde, par le biais de trois cents de ses travaux de recherche, d’élaboration, et de réalisation matérielle, y sont présentés dans cette exposition foisonnante et profondément humaine qui se tient jusqu’en janvier. Beauté, prestance et classicisme y rayonnent avec le nombre juste d’images.

Une anecdote, un souvenir, je m’autorise un flash-back : je me souviens que, sans me rendre compte sur le moment qui m’y invitait, Ernest Pignon Ernest, lui-même, m’avait ouvert gentiment la grille de l’entrée de La Ruche à Paris, pour visite de l’endroit où se tient depuis plus de cinquante ans l’atelier de ce précurseur de l’art urbain. La Ruche étant ce lieu magique où un tas d’artistes reconnus ont séjourné. Souvent comme lui, ignorés des institutions, comme Paul Rebeyrolle.

Plaçant la poésie au-dessus de tout, épousant comme l’immense majorité de ses compagnons poètes et artistes sur toute la planète, l’espérance dans l’engagement politique : Pasolini, Neruda, Maïakovski, Artaud, Desnos, Genet, Darwich – voir ci-dessus-, Rimbaud, Segalen, Ernest Pignon Ernest ajoute à ses images ses mots – lire ci-dessus.

Comme en témoignent par ailleurs ses soixante dix ans de cris avec les victimes des tyrannies, collés sauvagement par lui-même sur les murs des rues des villes du monde, sous forme de dessins éphémères mis en affiches imprimées sur papier journal. Revendiquant de « provoquer quelque chose » à chaque affichage sauvage, une photo immortalise la scène.

Pour ma part, j’ai savouré au fil des images, une émotion et une complicité.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour des Capucins de Landerneau. Ainsi qu’autour de Rimbaud. Et de Paul Rebeyrolle.

 


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