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« Urgence d’un modérantisme radical. » N°1009

Écrit par sur 8 septembre 2021

Le Mouvement Convivialiste dont ici-même nous avons fait connaître l’existence à l’occasion du colloque qui s’était tenu à Rennes fin 2015 – le Convivialisme se présentant comme un programme pour » Un art de vivre ensemble (con-vivere) qui valorise la relation et la coopération, et permette de s’opposer sans se massacrer, en prenant soin des autres et de la Nature »-, a déjà montré à travers ses manifestes comment il peut entrer en résonance avec l’actualité, l’éclairer, l’approfondir. Dans le sillage, six ans après, le sociologue Alain Caillé, l’initiateur de ce mouvement des « convivialistes », poursuit cette réflexion clairvoyante mais cette fois sous forme d’alerte voir ici .

D’une grande lucidité, il lui a « semblé utile, voire urgent au vu des polémiques en cours » de publier L’urgence d’un modérantisme radical – à lire – face, dit-il, au risque « de s’auto ou s’entre-détruire ».

Dans un entretien, Alain Caillé pointe ainsi ceci : « Faute de parvenir à imaginer un avenir un peu moins catastrophique que celui que nous promet le néolibéralisme, la pensée contemporaine s’épuise à tout « déconstruire », à traquer les moindres dominations passées ou présentes sans aucune conscience du poids de l’histoire et de la diversité des situations culturelles à travers les lesquelles les humains ont tenté de donner du sens à leur existence. D’où les extravagances dangereuses de la cancel culture et de la pensée woke, qui rappellent fâcheusement les gardes rouges de la révolution culturelle chinoise ou les grandes mobilisations totalitaires du XXe siècle. C’est peu dire qu’elles empêchent de débattre. Elles ne désirent d’ailleurs nullement débattre, uniquement condamner. »

Et Caillé de dire à toutes fins utile :  « Concluons donc ainsi : le modérantisme radical est une incitation à démasquer la volonté de dominer (de « manier le fouet », disait George Orwell) qui se masque derrière un certain nombre de nobles causes. »

Plus largement encore, ça apparaît aller de mal en pis sur le terrain des tensions de l’individu qui n’est plus qu’un consommateur. Comme en convient dans sa tribune à Libération la chargée de recherche au CNRS, Anne-Laure Delatte « On supporte de moins en moins les gens qui ne pensent pas comme nous ». Avec autant d’invective et de détestation, la polarisation affective qui « mesure scientifiquement combien les défenseurs d’une position ont des sentiments négatifs envers ceux qui ne partagent pas leur position », est, nous dit-elle, à son comble sur la question du vaccin contre le Covid-19, à lire ici.

Convenons-en les uns les autres s’il est encore temps, la crise du Covid n’en est, sans aucun doute, pas encore à son épilogue et que de nombreux épisodes sont encore à venir (pass-sanitaire, ouvertures/fermetures, conséquences économiques, ou impacts psychologiques). Et le changement climatique est aujourd’hui entré dans un état de “toute-urgence”. A quel stade sera alors dans quelques mois, ladite polarisation affective ?

Nul ne le sait. Prévenant dans le sens d’une prise de conscience courageuse de la situation actuelle, pour Alain Caillé « on sent monter un climat de guerre civile. On ne débat pas, on ne délibère plus, on ne pense guère. On s’insulte, on se dénonce, on crie avec les loups dont on se croit proche. »

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour du mouvement des convivialistes.


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