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D’usage mécanique. N°983

Écrit par sur 10 mars 2021

Rien n’y est pourtant à jeter. Bien que, l’avouant sans fard, parfois j’ai un peu honte de la sonorité diesel assez prononcée de ma voiture, une Volkswagen Passat Break 1993. Car provenant d’un vieux moulin dont le « silencieux » endommagé est un peu semeur de troubles pour les propriétés auditives environnantes. L’époque n’est plus familiarisée aux sons perturbateurs dont la source d’émission nous échappe. Vibrations, vrombissements rendent parfois trop compte de son mode de présence et d’impact, convenons-en. Vilain défaut. Quoiqu’en ce qui concerne celui-ci, il n’a pas été reconnu tel lors des contrôles techniques passés sans accrocs majeurs.

Pour l’heure, sans nostalgie ni souci d’usage mécanique ni fuite d’huile à moteur, je la sollicite d’autant qu’elle m’est bien utile en parcours rural s’entend. Véhicule-outil « à l’ancienne » qui, vis-à-vis de notre environnement matériel et au regard des gens normaux qui opèrent leurs sélections, déclasse dans l’instant à l’oreille le conducteur et ses activités. A l’évidence, quoi qu’il en coûte par ailleurs, il n’est pas à portée de tous d’adopter cette ascèse mécanique.

Pareille ascèse est justement le moteur philosophique de Matthew B. Crawford, philosophe et mécanicien américain. Dans le dernier essai celui-ci Prendre la route, un philosophie de la conduite, il fustige l’automatisation croissante des voitures, où il observe une perte de capacités d’agir, de responsabilité et de liberté.

Pour lui  » les voitures modernes sont devenues très ennuyeuses à conduire. Tout est fait pour nous isoler de la route, pour qu’elle ne devienne qu’une abstraction : la transmission automatique, le régulateur de vitesse, les GPS font le travail à notre place pour nous permettre de nous retirer en nous-même plutôt que nous ouvrir à notre environnement. Le pare-brise devient alors simplement un écran comme un autre sur lequel défile un paysage, qui est d’ailleurs moins captivant que tous les autres écrans qui réclament notre attention. Cette évolution vers une expérience de conduite aseptisée a contribué au problème du manque d’attention des conducteurs, qui est très dangereux. » (entretien Libération 27 et 28 février.)

« Quand vous conduisez ces anciennes voitures, plus légères, moins automatisées, vous absorbez beaucoup d’informations – l’état de la route, le crissement des freins, la température du moteur. Le véhicule devient presque prophétique, vous commencez à le ressentir comme une extension du corps.(…) Cacher la mécanique est devenu un principe de design des voitures modernes: le but est de présenter à l’utilisateur une surface sans coutures, sans friction, qui ne le dérange pas en lui demandant de comprendre quoi que ce soit au fonctionnement du véhicule. »

Et tenez! En réplique à mon « silencieux » endommagé qui signe sa présence. Rappelons-nous, il y a des années: le silence des voitures électriques. Une affaire de détails: ce qui devait diminuer la pollution sonore dans les villes s’est transformé en danger pour les piétons. Du coup, tous les nouveaux véhicules électriques et les hybrides vendus au sein de l’Union européenne depuis le 1er juillet 2019 doivent émettre du son, du moins lorsqu’ils roulent à moins de 20 km/h.

D.D

Ce qui a été dit et écrit ici-même autour de Matthew Crawford.


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