Johane Myran, »Hommage à Erik Satie ». N°1176
Écrit par admin sur 27 novembre 2024
Méfiez-vous de la campagne d’ici-même, dite Bretagne romantique, car parfois il y réside tout discrètement dans quelques villages aux murs de granit gris, philosophe égalitaire et voyageur, danseuse contemporaine et chorégraphe festivalière ou autre musicien de haute tenue. Compositeur, arrangeur, saxophoniste et directeur artistique, Johane Myran est de ceux-ci, il vient de remettre en selle la musique insolite d’Erik Satie (1866-1925), l’un des grands talents que notre pays n’honore pas assez à sa juste mesure. Quoiqu’il ne faut pas perdre de vue, en 2025, nous célèbrerons le centenaire de sa mort.
« Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou, par un autre tour de folie, de n’être pas fou. » Cet éloge de la déraison par Blaise Pascal, qui fut à la fois philosophe et mathématicien, s’employait à signifier que la vérité ne s’exprime pas toujours en actions raisonnables ni en formules mathématiques. C’est donc bien d’un « autre tour de folie » dont il est question chez Myran. Qui, tel un coup de fouet, revisite sur une partition jazz à la fois l’oeuvre d’un des plus créatifs et des plus grands musiciens du 20e siècle – intemporelle, l’une des plus jouées au monde, il est le père de la musique minimaliste–, et l’homme inspiré, intègre, intransigeant. En homme libre, engagé politiquement dans le combat contre la pauvreté, et qui met l’art comme vecteur de rencontre, de partage et d’éducation. Qualifié d' »insaisissable « , tout comme sa musique.
Ainsi cet ample projet, La Marche du Chien Noir, Hommage au grand Erik Satie, sous forme de concerts, de disque et de film (extraits ci-dessous), se place dans la catégorie grand luxe puisqu’il n’en comprend pas moins un « big band » de 18 musiciens de jazz haut perchés, réunis au sein du Red Star Orchestra. « Avec lequel on en est à notre troisième disque (le premier c’était chez Polydor, un 6 titres avec Olivia Ruiz, « Olivia sings for the Red Star« , le deuxième pour Label Bleu avec Thomas de Pourquery « Broadways« , et le tout dernier chez Label Bleu toujours « La Marche du Chien Noir – Hommage à Satie« , sorti le 11 octobre dernier) », nous en informait CD tout frais dispo, Johane Myran.
De la plus avisée attention, Satie affirmait autour des années 1900 « L’air de Paris est si mauvais que je le fais toujours bouillir avant de le respirer. » Prémonitoire. Serait-ce ainsi après avoir puisé à cette source d’inspiration que Johane Myran nous ait rejoint dans notre sphère couci-couça bretonne où il partage sa vie en va et vient avec Paris ? Possible. Mais dans la mesure où l’air d’ici adopte le souffle libre du jazz.
Du coup, en presque voisin – « j’aime beaucoup Radio Univers que j’écoute tous les jours en voiture! »-, il a tenu à notre micro à présenter toute la teneur de ce bel Hommage dans lequel on suit Satie dans l’une de ses pérégrinations de Montmartre à Arcueil. Nous l’en remercions.
De fil en aiguille, La Chronique d’ici même et parfois d’ailleurs s’honore ainsi, avec cette immersion en sons, vibrations et histoire de la musique, de les avoir reçu l’un et l’autre en nos studios. Johane Myran et Erik Satie, pour un entretien assez « déraisonnable » – à écouter ici.
D.D
Ce qui a été dit et écrit ici-même autour du jazz.
la Voisine d'en face Sur 27 novembre 2024 à 21 h 26 min
Johane sera en concert demain à Amiens, et samedi à Paris… sur des scènes adaptées à un projet de dimension nationale.
Un hommage à Satie donc, une marche au coeur de Paris, et une double illustration de la culture musicale parisienne – celle d’il y a un siècle, et son interprétation contemporaine, jazzy et déjantée. Qui penserait le bouillonnement de la musique d’avant garde ailleurs qu’à Paris ? Et pourtant cet hommage est rendu depuis notre campagne, dans ce qui ressemble à première vue à un no man’s land de maïs où la (les ?) cultures sont à (ré)inventer. Certainement grâce à ces nouveaux installés, trop discrets encore ! et à des outils à la fois excentrés et connectés comme radio Univers. Soyons curieux, car là depuis toujours ou nouvellement installés, cette mixité diverse pourrait bien mettre le feu aux poudre de la créativité ! 🙂